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L’éducation familiale n’est en fait qu’une pâle mise en scène qui donne aux parents l’impression d’avoir réussi au moins une chose avec leurs rejetons. Ils nous apprennent à bien nous comporter dans le monde et à plier nos chaussettes, de la même façon qu'on montre au chien à faire pipi sur le journal. Arrivés à maturité, on sait se tenir droit, on tâche de ne pas s’explorer les narines devant témoins, et on dit machinalement merci à belle-maman pour le délicieux repas. Bravo, deux morceaux de robot pour l’étiquette. Mais ça ne nous donne pas la moindre particule d’expérience en fait de résolution de problèmes. Côté débrouille-et-démerde, on n'est toujours pas plus avancé. Ça doit bien relever du champ de compétence de quelqu'un, quand même. Mais qui? L'attrait de la solution miracle Avez-vous déjà remarqué que c’est précisément dans les moments difficiles qu’on peut juger du caractère de quelqu’un? Comment fait Untel pour se sortir du pétrin, comment il réagit aux coups durs que lui fournit cette indomptable vie; ça, c’est du concret. C’est dans l’adversité qu’on reconnaît les gens de qualité; évidemment, quand tout va bien, c’est un tantinet plus facile d'être mignon... Les problèmes, petits ou gros, c’est quelque chose de très personnel. La brosse à dents, en comparaison, est aussi intime que notre adresse électronique. Nos problèmes nous appartiennent à nous et rien qu'à nous même si on donnerait cher, parfois, pour pouvoir les refiler au chauffeur d'autobus le lundi matin. Nous sommes pris avec, et c’est personnellement qu’il faut tenter de les résoudre. L’aide extérieure peut faire deux choses pour nous: repousser le problème – le masquer plus ou moins habilement – ou bien nous amener à le comprendre, à l'assimiler, pour qu’on puisse nous-mêmes trouver et appliquer une solution. Je vous laisse deviner ce qui est le plus utile. Le premier os, c’est de réaliser mais surtout d’accepter que la solution miracle n’arrivera pas avant la semaine des quatre jeudis. Le plus souvent, ou voudrait que quelqu’un (n’importe qui, ce n'est pas le moment de faire la fine gueule) sorte miraculeusement une recette infaillible ou une passe VIP vers l'Éden plus ou moins zen de la conscience tranquille. Peut-être que c’est l’influence de la société hautement informatisée dans laquelle nous vivons, allez savoir, mais on dirait que les gens cherchent automatiquement LA puce qui résoudra leur bogue plus vite que son ombre. C'est moins fatiguant de s'acheter une Nutribar que de changer ses habitudes alimentaires, tout le monde sait ça. L'illusion de la thérapie Sans compter que les pseudo-pop-psychologues veillent au grain comme une louve sur ses petits. Vous pouvez toujours ramer pour démontrer à l’âme éperdue que le remède instantané n’existe pas, une armée de charlatans est fin prête, moyennant contribution, à entretenir l’illusion. Dans la plupart des cas, seulement en parler pour extérioriser nos bibittes est déjà un grand pas de fait dans la bonne direction. Celui qui écoute, ou qui fait semblant (ce n'est pas bien grave) n'a pas besoin de diplômes et n'a aucun mérite. La solution finit pas se présenter toute seule pour les petits bobos de la grande majorité des gens. Il faut parler un langage compréhensible, avec des concepts qu'on rencontre tous les jours dans notre petite vie bien ordinaire. Cessons de vouloir jouer à l'académicien et concentrons-nous sur ce qu'on connaît. Les grandes dissertations sur le ton de la profession de foi sont peut-être du dernier chic; mais pour l’utilité, on repassera. Et, pour paraphraser mon voisin: l'important, c'est que la job se fasse. Oui, bon c'est bien joli tout ça, mais la simplicité n’a malheureusement pas la cote. Le réflexe est d'aller vers les spécialistes qui parlent latin (c'est comme la messe qui était tellement plus grandiose quand on n'y comprenait rien) pour se donner l'impression d'en avoir pour notre argent. Après tout, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? On dirait que plus les thérapies coûtent cher, plus elles annulent l'instinct naturel qu'on a de vouloir régler les problèmes qui surgissent dans notre environnement. On dirait que leur but ultime est de nous empêcher de vraiment faire quelque chose de notre vie. Quand tout le monde se dit que tout seul, on ne peut rien changer, c'est l'immobilisme qui s'installe et qui fait rouiller les mécanismes. Quand chacun est convaincu de pouvoir faire une petite différence, tout bouge et le dynamisme nous sort par les oreilles. Il faut faire confiance à l'instinct des individus. Ce ne sont pas les docteurs qui doivent dire aux autres quoi faire. Chacun a son gros bon sens, chacun ressent les situations, et tout le monde est capable de prendre les bonnes décisions. Il suffit d'écouter librement sa conscience, au lieu de se fier aux jugements des autres, pour être à peu près sûr de suivre le bon chemin. Évidemment, on peut se tromper. Mais je me dis qu'il vaut toujours mieux se casser le cou que rester dans son trou. Parce que généralement, quand on gigote, c'est signe qu'on est vivant.
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