Montréal,
le 15 août 1998 |
Numéro
18
|
(page 2)
page précédente
Vos
réactions
Le
QUÉBÉCOIS LIBRE est publié sur la Toile depuis le
21 février 1998.
Il défend
la liberté individuelle, l'économie de marché et la
coopération volontaire comme fondement des relations sociales.
Il s'oppose
à l'interventionnisme étatique et aux idéologies collectivistes,
de gauche comme de droite, qui visent à enrégimenter les
individus.
Les articles publiés
partagent cette philosophie générale mais les opinions spécifiques
qui y sont exprimées n'engagent que leurs auteurs.
|
|
ÉDITORIAL
QU'EST-CE LE LIBERTARIANISME
?*
par Martin Masse
La philosophie du QUÉBÉCOIS LIBRE est libertarienne.
En quelques mots, nous croyons que la liberté individuelle est la
valeur fondamentale qui doit sous-tendre les rapports sociaux, les échanges
économiques et le système politique. Nous croyons que la
coopération volontaire entre les individus dans un marché
libre est préférable à la coercition exercée
par l'État. Nous croyons que le rôle de l'État n'est
pas de poursuivre des objectifs au nom de la collectivité — comme
redistribuer la richesse, « promouvoir » la culture,
« soutenir » le secteur agricole, ou «
aider » la petite entreprise — mais bien de se limiter à
protéger les droits individuels et laisser les citoyens poursuivre
leurs propres objectifs de façon libre et responsable.
Ce terme de libertarien est peu connu au Québec ou dans la Francophonie
en général. Certains le confondent avec libertaire,
un mot qui réfère surtout à des groupes anarchistes
qui s'opposaient, au XIXe siècle, au pouvoir de l'État, mais
qui ne favorisaient pas particulièrement le libre marché.
Pour désigner les idées que nous défendons, les médias
et la classe intellectuelle — qui y sont en presque totalité opposés
— parlent généralement de néolibéralisme,
un terme auquel ils donnent toujours une connotation négative.
Le libertarianisme est en effet similaire au libéralisme, une philosophie
élaborée dès les XVIIe et XVIIIe siècles par
des penseurs comme John Locke et Adam Smith pour défendre les droits
individuels contre les pouvoirs abusifs des souverains, et qui a connu
son heure de gloire au XIXe siècle. Les libertariens sont les héritiers
des libéraux classiques.
|
Libéral, Liberal, néolibéral...
Pourquoi alors ne pas se définir comme libéral? Parce
que ce terme, justement depuis la fin du XIXe siècle, a pris des
sens qui ne s'accordent plus du tout avec la défense de la liberté.
En Grande-Bretagne, au Canada et au Québec, des partis soi-disant
libéraux ne sont en fait qu'un peu plus modérés que
les socialistes dans leurs penchants interventionnistes et leur irrespect
des droits individuels.
Pire encore, aux États-Unis, un liberal est un partisan d'un
État qui s'ingère partout dans la vie des individus, qui
tente de solutionner tous les problèmes en taxant et en dépensant,
qui crée des programmes bureaucratiques pour chaque bonne cause,
bref, un État tyrannique qui piétine toute liberté
au nom d'une utopie collectiviste inatteignable.
Se définir comme libertaire, néolibéral ou libéral
sèmerait la confusion, comme libéral classique ou classical
liberal ne serait pas très pratique, et c'est pourquoi ceux
qui partagent ces idées dans le monde anglophone ont choisi, il
y a déjà plusieurs décennies, de s'appeler libertariens.
Le mot libertarianisme n'est pas nécessairement très élégant
en français, mais il indique clairement de quoi il s'agit.
Nous nous rattachons à cette communauté de gens qui, partout
dans le monde, défendent cette valeur fondamentale qui a permis
l'émergence de la civilisation, de la prospérité,
du progrès technique, de l'État de droit, de la justice;
cette valeur première qui sous-tend la responsabilité, la
créativité, l'entrepreneurship, la solidarité réelle:
la liberté.
(*) Cet article est déjà
paru dans le numéro 1 du QL, le 7 mars dernier.
Martin Masse sera de retour dans le prochain numéro.
Le Québec libre des
nationalo-étatistes
|
« Après avoir pris ainsi
tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir
pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur
la société tout entière; il en couvre la surface d'un
réseau de petites règles compliquées, minutieuses
et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux
et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient faire jour pour dépasser
la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les
plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse
à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche
de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il
énerve, il éteint, il hébète, et il réduit
enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux
timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. »
Alexis de Tocqueville
DE LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE
(1840) |
|