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Tout au long de ces quelque 200 pages, il porte une attention particulière aux arts visuels, à la littérature et à la musique, et défend une approche libertarienne de la culture. Car à l'encontre des Louise Beaudoin et Sheila Copps de ce monde qui mettent de l'avant une vision hautement pessimiste d'une culture menacée de tous bords, tous côtés – et que l'on doit donc subventionner et protéger pour la garder en vie –, Cowen propose une vision optimiste d'une culture qui se développe de concert avec l'économie de marché. Pour illustrer son propos, il nous guide à travers près de 600 années d'évolution culturelle, de la Renaissance au groupe de musique grunge Nirvana. Et les deux principaux facteurs qui, selon lui, vont amener l'art à se développer sont la chute des prix et l'entrée en scène d'une classe de gens plus aisés. À l'origine, il y a la pierre Le matériau étant la base de toute oeuvre d'art, plus son coût est minime, plus il est accessible à un grand nombre. Et plus il est accessible, plus les points de vue artistiques se multiplient. Que ce soit dans le domaine de la peinture, de la sculpture, de la musique ou de la littérature, la chute des prix des matériaux de base (la pierre, le bois, le papier...) a permis à l'artiste d'explorer de nouvelles avenues et de ne plus avoir à s'en tenir à des À son tour, cette multiplication, jumelée à l'arrivée d'une classe de gens aisés qui ont les moyens et des raisons d'acheter des objets d'art (meubler leur maison, offrir des cadeaux, installer une notoriété familiale, etc.), a favorisé la naissance d'un plus grand bassin d'acheteurs potentiels. Dorénavant, l'artiste ne se limite plus aux exigences de clients issus de l'aristocratie – il ne se limite plus simplement à la demande: il crée l'offre. L'artiste s'installe là où cette classe aisée est établie, c'est-à-dire dans les grands centres urbains. L'art fleurit dans ces grands centres en raison de la présence de cette classe aisée, mais aussi en raison de la facilité qu'ont les artistes d'entretenir des contacts et de s'approvisionner en matériaux. Florence, Amsterdam, Paris et New-York sont des villes qui ont joué – et qui joue encore dans certains cas – un rôle crucial dans le développement de l'art. Ces villes ont vu naître ou ont attiré des créateurs comme Michelangelo, da Vinci, Botticelli, Rembrandt Vermeer, Hals, Monet, Cézanne, Renoir, etc. Autant d'artistes qui n'auraient certainement pas connu autant de succès s'ils n'avaient pas vécu dans ces grands centres où l'économie se portait bien et le commerce était prospère. Car aussitôt que l'économie se détériore dans un de ces grands centres, les artistes le quittent vers des ailleurs meilleurs. Ainsi, l'Italie laisse sa place aux Pays-Bays après la Renaissance; les Pays-Bays laissent leur place à la France après leur siècle d'or; la France laisse sa place à New-York après sa période des Salons; et New-York... Aujourd'hui, on peut affirmer sans se tromper que l'art se porte bien. En fait, il ne s'est jamais aussi bien porté. L'ouverture des marchés, le rôle grandissant de la femme artiste et les nouvelles technologies sont autant de facteurs qui favorisent une plus grande accessibilité à l'art. Résultat: New-York a perdu son titre de capitale mondiale de l'art au détriment d'un marché de niches éparpillées à l'échelle de la planète.
Londres, Cologne et Los Angeles par exemple, se sont taillé une
importante place dans le marché de l'art et ont contribué
à faire évoluer notre définition du centre mondial
de l'art. Dans cette vague de décentralisation, certains artistes,
comme Agnes Martin et Georgia O'Keefe, ont même été
jusqu'à s'isoler dans le sud-ouest américain pour peindre
– quelque chose qui, jusqu'à aujourd'hui, aurait été
qualifié de suicidaire pour une carrière – le tout, sans
trop de répercussions.
Internet nous permet d'écouter et de visionner ces mêmes produits. Il nous donne aussi la possibilité d'écouter des musiques de partout dans le monde, des entrevues auxquelles nous n'aurions jamais pu avoir accès auparavant, de visionner des émissions de télévision, des longs métrages, d'avoir accès à des informations sur les artistes qui les réalisent, de pouvoir communiquer avec eux, d'exposer ses propres objets d'art... Bref, internet nous offre une fenêtre sur le monde et sur l'art et cela, à un coût plus que minime.
In Praise of Commercial Culture est une bouffée d'air frais
pour quiconque s'intéresse de près ou de loin à la
culture. Malgré un chapitre un peu long sur l'évolution de
l'industrie du disque et une conclusion qui nous laisse un peu sur notre
faim, Cowen nous livre une vision très optimiste de ce que pourrait
être un sain marché de l'art si seulement on lui laissait
un peu plus d'espace pour respirer.
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