Montréal,
le 12 septembre 1998 |
Numéro
20
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Le
QUÉBÉCOIS LIBRE est publié sur la Toile depuis le
21 février 1998.
Il défend
la liberté individuelle, l'économie de marché et la
coopération volontaire comme fondement des relations sociales.
Il s'oppose
à l'interventionnisme étatique et aux idéologies collectivistes,
de gauche comme de droite, qui visent à enrégimenter les
individus.
Les articles publiés
partagent cette philosophie générale mais les opinions spécifiques
qui y sont exprimées n'engagent que leurs auteurs.
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ÉDITORIAL
DÉBANDADE À
WASHINGTON
par Martin Masse
C'est fait, Kenneth Starr a déposé son rapport au Congrès,
et le monde entier peut se régaler des détails croustillants
de la relation entre Bill Clinton et Monica Lewinsky. Le Congrès
entreprendra dans les jours qui viennent le processus qui mènera
fort probablement à la destitution ou à la démission
du président.
Ce rapport Starr ne touche que les seuls délits commis par le président
en rapport avec l'affaire Lewinsky et le procès intenté par
Paula Jones: parjure, abus de pouvoir, obstruction de la justice, etc.
Des délits suffisants en eux-mêmes, de la part d'un chef d'État,
pour mériter son départ. La petite histoire sordide des pipes
administrées par la jeune stagiaire dans le bureau ovale et des
cigares au goût rehaussé n'a en soi pas beaucoup d'importance;
c'est le manque total de jugement et d'intégrité qui a poussé
Clinton a défier la loi et à tromper tout le monde pour nier
cette histoire qui est en cause.
La pointe de l'iceberg
En fait, il pourrait s'agir ici simplement de la pointe d'un très
gros iceberg. Starr s'est concentré sur cette seule histoire dans
son rapport parce qu'il avait, depuis les confessions de Monica, des preuves
suffisantes pour faire tomber le président et qu'il n'avait ni le
temps ni les moyens pour approfondir les autres dossiers. Les enquêtes
se poursuivent malgré tout sur ceux-ci (Travelgate, Filegate, Whitewater,
etc.) et d'autres rapports viendront.
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Dans leur ancien fief de l'Arkansas, Bill et Hillary ont trempé
dans des milieux corrompus dignes des républiques de banane d'Amérique
centrale. Et la prochaine étape dans la ronde des révélations
pourrait s'avérer encore plus spectaculaire. Depuis quelques semaines,
ce sont carrément des affaires de meurtres qui font graduellement
surface. Les grands médias américains n'osent pas encore
y toucher – comme ils ont longuement attendu avant de se lancer dans l'affaire
Lewinsky, jusqu'à ce que Matt Drudge la dévoile au public
sur son site internet – mais les gens bien informés à Washington
sont manifestement au courant. Ce sont notamment les journaux britanniques
comme le Telegraph – un
journal sérieux propriété de Conrad Black, qu'on ne
peut accuser de véhiculer des théories de conspiration sans
fondement – qui lèvent graduellement le voile sur ces histoires,
parce qu'ils sont à l'abri des représailles (à lire
en particulier les reportages de Ambrose Evans-Pritchard. On doit cependant
s'inscrire pour accéder aux archives). Mais tout finit par se rendre
jusqu'ici, grâce à la magie d'internet.
Ce qu'on comprend, c'est que plusieurs personnes dans l'entourage des Clinton
se seraient « suicidées » ou auraient été
liquidées dans des circonstances étranges depuis les beaux
jours où Bill occupait le poste de gouverneur de l'Arkansas. D'anciens
garde du corps, des hommes au courant des partouzes tenues dans la résidence
officielle du gouverneur; des gens impliqués dans les scandales
mentionnés plus haut; des personnages de la mafia locale liés
au jeune frère de Clinton, lui-même revendeur de cocaïne,
et qui finançaient les campagnes électorales; une autre stagiaire
collègue de Monica abattue lors d'une fusillade inexpliquée
dans un restaurant près de la capitale alors qu'elle s'apprêtait
à dévoiler des histoires de harcèlement sexuel à
la Maison Blanche; Vince Foster, collègue et semble-t-il amant de
Sainte-Hillary, qui s'occupait des déboires légaux et financiers
du couple, et dont le bureau a été délesté
de documents compromettants après son suicide présumé;
Ron Brown, secrétaire au Commerce supposément tué
dans l'écrasement d'un avion, et dont le cadavre avait un trou de
balle dans la tête lorsqu'on l'a retrouvé; la liste s'allonge.
Pas seulement des X-files
On est sidéré de lire ces histoires dignes des aventures
d'Al Capone, dont la presque totalité du public américain
n'a jamais entendu parler. Impossible de dire à ce stade-ci de quoi
il en retourne vraiment mais, répétons-le, il ne s'agit pas
seulement des élucubrations de quelques fans de l'émission
X-files. Non seulement Bill Clinton est-il un obsédé
sexuel prêt à risquer sa carrière pour quelques attouchements,
un menteur compulsif, un hypocrite et un salaud, il pourrait bien – et
l'ambitieuse qui continue à jouer le jeu de sa digne épouse
aussi – être carrément mêlé à des histoires
de meurtres en série.
Si Hillary a parlé de « vast right-wing
conspiracy » récemment pour
dénoncer les attaques contre son mari, c'est parce qu'elle connaît
de toute évidence le sens du mot conspiration. Depuis des années,
un scandale en suit un autre et on constate que le bourbier dans lequel
les Clinton s'enfoncent est de plus en plus profond. On saura peut-être
le fond de l'histoire dans les mois qui viennent. Quoi qu'il en soit, le
nombre des naïfs encore sous le charme de cet incroyable manipulateur
qui « feel their pain » continue à
décroître. À deux mois des élections de mi-mandat
où les Républicains vont vraisemblablement faire de nouveaux
gains importants, la descente aux enfers de Bill Clinton pourrait bien
devenir le symbole d'un réalignement politique majeur en Amérique
du Nord.
Le Québec libre des
nationalo-étatistes
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« Après avoir pris ainsi
tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir
pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur
la société tout entière; il en couvre la surface d'un
réseau de petites règles compliquées, minutieuses
et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux
et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient faire jour pour dépasser
la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les
plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse
à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche
de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il
énerve, il éteint, il hébète, et il réduit
enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux
timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. »
Alexis de Tocqueville
DE LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE
(1840) |
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