Montréal, le 12 septembre 1998
Numéro 20
 
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COUP D'OEIL SUR L'ACTUALITÉ
 
 
   
     Il ne faut pas se fier sur les politiciens pour tenir des positions cohérentes. Le premier ministre Lucien Bouchard, chef d'un parti soi-disant social-démocrate qui aime bien intervenir dans tout, a catégoriquement refusé d'investir des fonds gouvernementaux dans la construction d'un nouveau stade pour les Expos. Le chef du Parti libéral, Jean Charest, s'est dit plus souple et ouvert à l'idée, même si son parti est en théorie plus sceptique devant la pertinence de ce genre d'intervention. Quant au chef de l'Action démocratique, Mario Dumont, il propose carrément d'« investir » dans le projet, le sophisme habituel pour éviter de dire qu'on subventionne. M. Dumont s'est pourtant taillé une réputation de faucon du libre marché ces dernières années, réputation qui sera probablement à revoir. 
    
 
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     Jacques Parizeau a admis que la question posée lors du référendum de 1995 n'était pas assez claire, ce que contestent toujours Lucien Bouchard et Bernard Landry. L'ex-premier ministre du Québec croit cependant toujours qu'une majorité de 50%+1 est suffisante pour enclencher un processus menant à la séparation de la province. Depuis que la Cour suprême s'est exprimé sur cette question il y a trois semaines, au moins quatre sondages ont montré que la plupart des Québécois estiment que la règle de 50%+1 n'est pas appropriée. 
  
 
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     Le gouvernement du Québec a décidé, à la surprise de tous, de ne pas venir directement à la rescousse du chantier maritime MIL Davie, dans lequel il a « investi » des centaines de millions en pure perte au cours des décennies passées et qui est de nouveau en difficulté. La société mère de MIL, Dominion Bridge, a déclaré faillite la semaine dernière. La mafia syndicale continue de magouiller pour conclure une entente qui sauvera le chantier, et il n'est pas exclu que des « arrangements » particuliers incluent encore une fois des fonds publics. 

 

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     Le lobby anglophone Alliance Quebec a lancé une campagne visant à réhabiliter l'usage de l'anglais dans la province, en s'attaquant d'abord aux affiches et à la publicité dans les grands magasins. Le président nouvellement élu du groupe de pression, William Johnson, promet de dénoncer publiquement et d'encourager le boycott des chaînes qui affichent uniquement en français. La loi 86 permet l'affichage anglais dans la mesure où celui-ci occupe seulement le tiers de l'espace réservé au français. 
 
 
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     La confusion règne dans le secteur des garderies au Québec depuis que celles-ci ont été étatisées par le gouvernement. Le programme des places en garderie à 5 $ par jour, qui couvre actuellement les enfants de trois et quatre ans, doit être graduellement élargi pour inclure ceux de cinq ans. Entre-temps, les institutions doivent gérer divers modes de financement en fonction de l'âge avec des modalités de calcul byzantines. Le directeur d'un centre à Montréal ne sait même pas si, pour la dernière année financière, son institution a fait un surplus de 21 000 $ ou un déficit de 4000 $. Au ministère de la Famille, on se dit disposé à simplifier les choses: « Nous avons un comité qui doit bientôt soumettre des recommandations à ce sujet. » 
(La Presse) 
 
 
 
 
NOUVELLES BRÈVES 
 
 
  BIRON CHEZ LES RÉFORMISTES
 
          Un comité de 13 personnes a été mis sur pied pour préparer le congrès sur l'« Alternative unie » en février, un projet proposé par Preston Manning pour unir les forces de droite opposées au Parti libéral du Canada. Le groupe est surtout composé de réformistes et de conservateurs de l'Ouest et de l'Ontario et n'a aucun représentant de l'Atlantique.  
  
          Les réformistes ont montré une fois de plus qu'ils ne comprennent rien à la politique québécoise en invitant Rodrigue Biron à y siéger. M. Biron, un ancien chef de l'Union nationale dans les années 1970, s'est joint au PQ avant le référendum de 1980 et est devenu ministre péquiste par la suite sous René Lévesque. Il se dit ouvert à la voie de la décentralisation proposée par le Parti réformiste mais garde toujours ses convictions séparatistes. Comme ministre péquiste de l'Industrie, il avait aidé à mettre en place plusieurs monstres bureaucratiques et il continue à défendre une intervention musclée de l'État dans l'économie.  
  
          Bref, Biron n'a rien d'un conservateur ou d'un réformiste, c'est un nationalo-gauchiste typique dont les convictions sont à l'opposé de ce que devrait être le mouvement issu d'une « Alternative unie ». Alors, qu'est-ce qu'il fait là? Il avait simplement été invité à participer à un débat lors du congrès réformiste de 1996 à Vancouver, et des réformistes naïfs s'imaginent depuis qu'il vont le convertir. En vieux politicien avide d'attention, il doit apprécier l'importance qu'on lui donne dans le reste du pays, alors qu'il n'en a plus aucune ici. À moins qu'il soit simplement trop innocent pour se rendre compte qu'il n'est pas à sa place. 
 
  
 


 
 
 
BIG SISTER PREND LE TAXI
 
 
          La ministre Rita Dionne-Marsolais s'attaque au travail au noir dans l'industrie du taxi au Québec. Depuis quelques semaines, le ministère du Revenu participe à un projet pilote qui vise à implanter des cartes à puces dans les taximètres des voitures des quelque 8200 chauffeurs de taxi de la province afin de contrôler leurs moindre faits et gestes. L'implantation de tels appareils serait une première en Amérique du Nord et permettrait, par exemple, de monitorer le nombre de milles parcourus par les chauffeurs, la quantité de voyages effectués, les recettes enregistrées, etc.   
  
          Appelé à commenter cette nouvelle mesure, un chauffeur de la région de Québec a déclaré: « Tout le monde est surveillé de ce temps-ci tout partout. J'imagine que ça va être notre tour comme les autres. » On ne dit pas combien coûterait un tel système, ni qui payerait pour la note. Le fisc perdrait chaque année 33 millions $ en courses non-déclarées par les chauffeurs.  
(TVA) 
 
 
 


 
 
 
VENT ÉLECTORAL À MONTRÉAL
 
 
          Les promesses farfelues ont commencé à pleuvoir alors que la campagne électorale a officiellement débuté à Montréal. Le candidat (et ex-maire) Jean Doré a promis de réduire les taxes de 10% s'il est élu, sans vraiment expliquer d'où viendrait l'argent à part d'insignifiants babillages sur la décentralisation des services et l'élimination du gaspillage. L'ex-chef de police Jacques Duchesneau (le seul qui s'excite déjà à l'idée d'engouffrer des millions dans le projet mort-né de stade pour les Expos) s'engage à les geler, mais reconnaît lui aussi ne pas savoir ce qu'il va éliminer dans les dépenses. « Ça va dépendre des vents », a-t-il déclaré.  
  
          Par ailleurs, un sondage montre que les trois principaux candidats sont maintenant nez à nez avec chacun environ 25% des intentions de vote. Le maire Pierre Bourque, que tout le monde donnait battu après la série de scandales et de défections qui ont frappé son parti, a marqué des points pendant l'été par une série d'événements et d'interventions fortement médiatisés. Il profite aussi d'un certain vent d'optimisme économique qui souffle sur la ville, notamment à la suite d'une saison touristique record. 
(La Presse) 
 
  
  


 
 
 
TORONTO 2, MONTRÉAL 0
  
  
          Les Torontois vont bientôt voyager dans les autobus dont la Société de transport de la Communauté urbaine de Montréal s'est départie récemment pour les remplacer par les controversés autobus à planchers bas de Novabus. Ces véhicules, acquis entre 1988 et 1992, font l'affaire des dirigeants de la Commission des transports de Toronto qui ont accès à un programme de subventions beaucoup moins généreux que celui en vigueur au Québec. 
  
          Si on avait recyclé la centaine d'autobus vendus à Toronto au lieu d'acheter du neuf, on aurait économisé 20 millions $. « Mais il faut dire que le programme actuel de subventions du gouvernement, qui subventionne 50% l'achat et zéro la rénovation, fait en sorte qu'au plan économique, c'est plus intéressant pour nous d'acheter que de rénover », d'expliquer le directeur de la STCUM, Jacques Fortin. Un bel exemple de distortion du marché et de gaspillage causés par une réglementation idiote.  
  
          La société montréalaise – comme toutes les sociétés de transport au Québec – est par ailleurs obligée d'acheter ses véhicules chez Novabus, le seul fabricant « autorisé » d'autocars urbains. Un monopole entretenu par Québec au nom de la création d'emplois, mais qui devrait disparaître à compter de l'an prochain alors que les contrats seront ouverts à toutes les compagnies canadiennes. 
(SRC-TV) 
  
  
  


 
 
 
DES GOUVERNEURS DÉPEN$IER$
 
 
          L'Institut Cato, un think tank libertarien influent établi à Washington, a rendu public son rapport biennal sur la performance fiscale des gouverneurs des États américains. L'évaluation est simple: ceux qui ont le plus réduit les taxes et les dépenses au cours des deux dernières reçoivent de bonnes notes, alors que ceux qui les ont le plus augmentées sont coulés.   
   
          Deux gouverneurs seulement ont obtenu un A: William Janklow du Dakota du Sud et John Rowland du Connecticut. Trois ont reçu un F, dont le gouverneur de la Floride Lawton Chiles. Les neuf gouverneurs ayant obtenu les meilleures notes sont tous républicains. La note moyenne des républicains est de B –, alors que celle des démocrates est de C –.  
   
          Selon l'Institut, on peut observer une nette tendance à la croissance rapide des budgets des États. Depuis 1996, leurs dépenses ont augmenté 50% plus vite que celles du gouvernement fédéral. Même des gouverneurs républicains élus avec des promesses de réduire les taxes et les dépenses il y a quelques années semblent maintenant gagnés par une fièvre d'activisme, surtout à l'approche des élections. Stephen Moore du Cato affirme que « plus une personne reste en poste longtemps comme gouverneur, plus elle a tendance à se laisser aller aux dépenses »  
(Milwaukee Journal Sentinel)  
  
 
  
  
 
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