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COURRIER DES LECTEURS
CHRÉTIEN AND DEMOCRACY
Interesting view
of Ralph Maddocks (PEPPERGATE:
OF CAPSICUM AND CARROLL, QL no 22). Through the Looking
Glass, Featuring Alice is yet another good book by Lewis Carroll. «
Words mean whatever I want them to mean »,
is a quote.
Well, Jean Chrétien
was educated in Law in Quebec, he spent his formative years as a unilingual
francophone, never having been exposed to thinking about freedom, individual
rights versus collective rights. What else could we expect but a totalitarian
view of free speech and the right to protest peacefully???
Pierre Trudeau used
Chrétien as a workhorse, never having any respect for his thinking
abilities, nor his personal views (Trudeau admitted this on national TV).
So Chrétien became the politicians' politician, able to gain and
hold on to power despite his weaknesses and narrow views on society. Indeed,
he rarely, if ever, thinks about social issues, he never speaks on the
topic, ever.
Chrétien is
in power for two reasons: 1) Ontario voters were afraid of Reform, and
2) Conservatives were in power in that province, and Ontario voters rarely
put the same party in power at the same time, in Ottawa and Queen's Park
that is. The big surprise would be if Chrétien ever did open his
mind and realize there is more to life than potatoes and roast beef.
You shall see it
during the upcoming Quebec election. Chrétien will use the Olde
Pork Barrel Politics and the sheep (thanks, Jean, for the comparison) will
vote Liberal. Will enough? I suggest not, Charest will take his payoff
and be gone from political life, perhaps to the Senate. Why? Because Quebecers
like a winner, and Charest is NOT a winner. He has lots of gravy in his
speeches, some meat, but no colour or flavour.
Quebecers, like the
ROC, are fed up with cutbacks and budget reductions. For Charest to emulate
Harris is too late, Quebecers see what happened here, and do not like it.
Your big concern should be who will succeed Bouchard, as he will win and
then, in my opinion, will likely retire to the USA with his family. Your
NEXT PM is the big issue.
Dan MacInnis
Mississauga, Ontario
dan.louise@sympatico.ca
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OPINION
CROISSANCE ET
DÉMOCRATIE
par Jean-Luc Migué*
On peut dégager de la logique politique une prédiction un
peu troublante et déjà soumise au test empirique par les
statisticiens. Ce corollaire s'énoncerait comme suit: la croissance
engendre la démocratie, mais la démocratie s'avère
plutôt défavorable à la croissance. On notera que cette
position représente un renversement de l'enseignement économique
traditionnel. En 1962, dans Capitalism and Freedom(1),
Milton Friedman enseignait que les libertés économiques et
les libertés civiles et politiques étaient complémentaires,
qu'elles se renforçaient mutuellement. L'élargissement des
droits politiques (démocratiques) favoriserait le renforcement des
droits économiques, qui accélérerait à son
tour la croissance. L'observation ne confirme pas cette relation.
Les faits sont les suivants: La hausse du niveau de vie s'accompagne partout
d'un progrès certain de la démocratie, mesurée par
les indices conventionnels que sont le droit de voter, de manifester et
de voyager, et aussi l'étendue des libertés de religion et
de parole. En fait, la croissance est la condition sine qua non
de l'avènement de la démocratie. Celle-ci ne saurait s'implanter
et se perpétuer en l'absence d'un degré avancé de
développement économique préalable. L'Afrique noire
d'après 1960 et Haïti ont fait la preuve qu'une baguette magique
ne saurait servir de garant d'une démocratie durable. Le simple
départ du pouvoir colonial et l'implantation factice de la démocratie
par une agence (armée) internationale ne sauraient remplacer le
développement minimal dans l'avènement de la démocratie.
Par contre, et c'est en ce sens que la théorie économique
de la politique se révèle riche de corollaires, le progrès
de la démocratie ne s'avère pas constituer un élément
déterminant de la croissance. Ce qui compte dans l'accélération
de la croissance, ce n'est pas tant les libertés politiques que
les libertés économiques, soit la liberté de commercer,
d'investir, de s'adonner à l'occupation de son choix, de prendre
des risques, de garder le fruit de son labeur contre le poids du fisc ou
de la réglementation, en un mot le respect des droits de propriété
et la libre entreprise. Le complément de cette réalité
troublante est que la démocratie suscite la tentation redistributionniste,
qui a pour effet de retarder la croissance.
Par contraste, les régimes non démocratiques ou despotiques
qui sauvegardent les libertés économiques et les droits de
propriété, sans égards pour les droits civils, seraient
moins sensibles aux pressions des groupes d'intérêts et des
majorités. Les quatre tigres d'Asie, la Chine et le Chili de Pinochet
sont ainsi devenus dans les temps modernes les économies les plus
florissantes du monde malgré leur dossier démocratique peu
reluisant. Notons aussi qu'en fait la plupart des régimes despotiques
pratiquent la spoliation systématique des populations et l'investissement
non rentable. Ils ne respectent donc ni les droits civils, ni les droits
économiques. Leurs économies restent sous-développées.
La tentation du redistributionnisme
Le résultat empirique le plus révélateur, selon Barro(2),
est qu'une faible dose de démocratie favorise la croissance, mais
que la relation entre démocratie et croissance devient progressivement
négative après qu'un degré avancé de démocratie
a été atteint. L'insertion d'éléments démocratiques
dans un régime jusque-là despotique favoriserait la croissance
en limitant les pouvoirs arbitraires du gouvernement, mais l'injection
de doses supplémentaires de libertés politiques entraînerait
la multiplication des programmes redistributionnistes néfastes à
la croissance. La démocratie moderne, en suscitant l'avènement
d'une vaste classe de bénéficiaires inactifs de largesses
publiques, a eu tendance à miner les droits de propriété
et à offrir au politique une multitude d'occasions de pratiquer
le redistributionnisme. L'État providence, quand on y regarde de
près, n'est guère plus qu'une vaste commons, où
les citoyens sont amenés à siphonner la richesse de leurs
voisins.
L'État, le vrai, n'est donc pas un mécanisme correcteur des
inefficacités ni un redresseur des torts. Il amplifie plutôt
les unes et les autres. L'État ne peut garantir la prospérité,
pas plus qu'il ne peut créer d'emplois. À moins d'être
circonscrit par des règles constitutionnelles rigoureuses, l'État
s'emploie à privilégier des groupes d'intérêt
qui se serviront du processus politique démocratique pour tondre
les consommateurs et les contribuables en leur faveur.
Les peuples qui misent sur l'initiative publique et la décision
collective en héritent généralement des leaders célèbres
mais aussi des emplois cul-de-sac, tels des jobs de bureaucrates. Les solutions
politiques sont généralement riches en symboles, mais pauvres
en réalisations durables. Par sa nature même, la politique
est impuissante à créer les skills, les attitudes
et les habitudes personnelles, qui sont les assises du développement
économique durable. Ce processus repose sur les incitations individuelles
et il prend du temps, trop pour les horizons politiques qui encadrent les
politiciens. D'où la place démesurée des symboles
et le recours à la polarisation, à l'affrontement entre les
cultures en présence.
Parce que le redistributionnisme est le propre de la politique, celle-ci
ne fait pas qu'exploiter les antagonismes; elle les suscite et les alimente.
Ce que la politisation produit en abondance par contre, ce sont les symboles
de ces réalisations, telles les affiches unilingues, la capitale
nationale, le clinquant diplomatique et le nombre d'immigrants inscrits
à l'école française. Le fétiche souverainiste
est l'expression ultime de la tentation politico-bureaucratique étriquée
qui a caractérisé la culture politique chez nous.
1. Milton Friedman, Capitalism
and Freedom, The University of Chicago Press, 1962.
2. Robert Barro, The Determinants
of Economic Growth, The MIT Press, Cambridge, 1997.
(*) Jean-Luc Migué est
professeur à l'ÉNAP.
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