Montréal, le 3 avril 1999
Numéro 34
 
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NOUVELLES BRÈVES 
 
 
 
PAUVRETÉ TEMPORAIRE
 
 
          Une nouvelle étude de Statistique Canada explique que le phénomène de la pauvreté est beaucoup moins ancré et permanent chez la plupart de ceux qui le vivent que le laisse croire la conception populaire. En effet, si 20% des Canadiens ont dû se contenter d'un niveau de revenu très bas pendant au moins un an au cours de la période 1993-96, seulement 5% sont restés pauvres durant toute cette période.  
  
          Cette étude montre une fois de plus que les pauvres chroniques ne sont qu'une minorité des personnes à faible revenu à un moment donné, et que la plupart des autres ne vivent qu'une situation difficile temporaire (causée par une perte d'emploi, un divorce, une maladie, etc.) de laquelle ils émergeront d'eux-mêmes après un certain temps. Les jeunes et les immigrants récents par exemple sont parmi les plus susceptibles de subir la pauvreté, mais aussi parmi ceux qui ont les meilleures chances d'en sortir.  
  
           Les socialistes voient les pauvres comme une classe d'exclus et d'opprimés qui ne peuvent jamais s'en sortir eux-mêmes: dans ce modèle statique, l'État doit donc redistribuer la richesse et imposer une pléthore de réglementations pour « protéger » cette catégorie de gens. Ce faisant, il rend cependant l'économie moins productive et réduit la quantité de richesse à redistribuer. 

          Au contraire, dans la perspective libertarienne, l'économie est en transformation continuelle et c'est la capacité des gens à développer leurs compétences et à s'adapter à des situations nouvelles qui leur permet d'intégrer le marché du travail. Avec ses taxes élevées et ses interventions excessive, l'État ne fait que retarder et enrayer ce processus, et rend la vie plus difficile pour les pauvres qui cherchent à s'en sortir. 
 
 


  
  
SALE GUERRE
 
 
          N'est-il pas étonnant de voir que ce sont des politiciens bien-pensants de gauche qui, en Amérique du Nord et en Europe, ont initié l'agression contre la Yougoslavie et défendent maintenant avec le plus d'enthousiame les valeurs du militarisme? Ceux-là mêmes qui, il y a 30 ans, manifestaient contre l'absurdité de la guerre du Vietnam (i.e. Bill Clinton), décident aujourd'hui d'envoyer des soldats se battre pour des objectifs mal définis, et des principes abstraits que l'on préfère ignorer dans d'autres régions du monde où c'est plus commode?  
  
          Pour la première fois en 50 ans, l'OTAN a mis de côté sa mission défensive et a attaqué un pays indépendant qui ne nous menaçait d'aucune façon, pour supposément régler un conflit interne qui risquait de dégénérer en catastrophe humaine. C'est pourtant maintenant, après les bombardements, que cette catastrophe survient, et empire. Les bureaucrates ne sont pas plus intelligents pour planifier des guerres que pour planifier des programmes de développement économique. Toutes les sales petites guerres comme celle-ci, où des puissances extérieures décident de s'ingérer sans avoir d'intérêts immédiats ni d'objectifs clairs à défendre, ne font le plus souvent qu'envenimer le conflit et coûter cher à des populations qui n'ont rien à y voir.  
  
          Les seuls gagnants dans de tels conflits sont les militaires qui se font passer pour des héros, les politiciens démagogues, et... l'État. C'est pendant les deux guerres mondiales de ce siècle que l'État a pris le plus d'expansion. En temps de guerre, la liberté et la propriété sont piétinées au profit de la mobilisation collective, de la centralisation et de la planification des décisions économiques; la propagande et l'hystérie prennent le dessus sur la vérité et la rationalité; les objectifs « patriotiques » de quelques dirigeants sont imposés à tous. Slobodan Milosevic profite certainement de la guerre sur tous ces plans. Et si c'était la même chose qui motivait nos dirigeants étatistes bien-pensants à se transformer en agresseurs, plutôt que le sort tragique des Kosovars? 
  
          En tout cas, Bill Clinton semble avoir oublié comment « feel your pain » lorsque vient le temps de bombarder des populations innocentes ou de s'ingérer dans des conflits étrangers, et sa feuille de route guerrière aura été bien remplie: Somalie, Soudan, Afghanistan, Irak, Bosnie et maintenant Kosovo et Serbie. Les auteurs de la constitution américaine, qui souhaitaient fonder une république pacifique qui commercerait avec tous et resterait à l'écart des folies guerrières ailleurs dans le monde, n'auraient certainement pas approuvé: 
« Of all the enemies to public liberty, war is, perhaps, the most to be dreaded, because it comprises and develops the germ of every other. War is the parent of armies; from these proceed debts and taxes; and armies, and debts, and taxes are the known instruments for bringing the many under the domination of the few. ... No nation could preserve its freedom in the midst of continual warfare. » 
(James Madison, cité par Lewellyn Rockwell dans WorldNetDaily)
 
 


 
 
DÉVOUEMENT VISIBLE
  
  
          En science politique et économique, l'une des théories qui a aidé à faire avancer les idées libertariennes ces dernières décennies est celle du Public Choice, élaborée par les économistes américains James Buchanan (Prix Nobel 1986) et Gordon Tullock. La théorie postule notamment que ceux qui prennent des décisions publiques (politiciens et bureaucrates) le font non pas en privilégiant les intérêts de la société dans son ensemble, comme le veut le discours officiel étatiste, mais plutôt leurs intérêts propres comme c'est le cas pour tout autre individu dans d'autres contextes de la vie privée.  
  
          Tout ceux qui profitent des dépenses et interventions de l'État doivent toutefois maintenir ce mythe de l'« engagement » et du « dévouement » pour l'intérêt général s'ils veulent garder leur légitimité auprès de l'opinion publique. Les syndicats d'employés de l'État se battent ainsi officiellement pour « de meilleurs services à la population » lorsqu'ils demandent des augmentations de salaires et une sécurité d'emploi blindée. Et l'État entretient tout un appareil de manipulation et de propagande pour que le citoyen voit chacune de ses interventions comme l'équivalent d'un don du ciel.  
  
          Dans cette optique, on apprenait il y a quelques jours que le ministère fédéral du Développement des ressources humaines – dont le titulaire, Pierre Pettigrew, est quelqu'un qui semble particulièrement préoccupé par sa propre personne – avait adopté de nouveaux règlements pour accroître sa « visibilité » dans les programmes d'emploi-jeunesse qu'il subventionne. Ainsi, les entreprises et organismes bénéficiant de subventions fédérales destinées à ces programmes devront maintenant accorder plus de visibilité à Ottawa, sans quoi elles risqueront de voir leur projet suspendu ou carrément aboli. « Il s’agit tout simplement de rendre les choses plus visibles pour la population », explique la porte-parole Sharron Hanna. Le ministre Pettigrew craignait en effet qu’Ottawa ne reçoive pas sa part de crédit pour sa participation financière dans les projets-jeunesse. Contrairement à Dieu le Père qui est partout, contrôle tout, mais reste invisible, les fédéraux veulent que la population sache bien qui manipule les ficelles ici-bas. 
  
          Dans le même ordre d'idée, le Conseil du Trésor fédéral va dépenser 650 000 $ pour redorer l'image des... chèques émis par le gouvernement à partir de l'an prochain. La majeure partie de la somme ira, dit-on, à les rendre plus difficiles à reproduire, mais une partie servira à mesurer « l'appréciation » des Canadiens. Le gouvernement dépensera en effet 70 000 $ pour savoir « si les Canadiens se reconnaissent dans ces chèques » et « comment ils se sentent face à eux ». Pas de doute que l'étude démontrera qu'ils les aiment bien et en veulent plus! 
(Presse canadienne et LCN-TV) 
 
 
 
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