Montréal, 9 oct. - 22 oct. 1999 |
Numéro
47
|
(page 11) |
|
|
Ouverture et répression
Pendant que des référendums ont lieu aux États-Unis, le gouvernement canadien prend son temps pour étudier la question. Le ministre de la Santé Allan Rock a toutefois déjà adopté des mesure allant dans le sens d'une libéralisation, en annonçant la semaine dernière l'octroi d'une permission spéciale à 14 malades pour l'utilisation de la drogue. En même temps, le gouvernement fédéral prend soin de contrôler le processus et d'éviter que les tribunaux le devancent. Ottawa a porté en appel un jugement d'une cour ontarienne qui accordait, il y a deux ans, le droit à un épileptique de se soigner en fumant de la marijuana. Terry Parker devenait alors le premier Canadien à utiliser légalement la drogue, ayant convaincu les juges qu'aucune autre thérapie conventionnelle n'avait permis de contrôler ses crises. Le ministre Rock soutient que En Ontario toujours, le procès de Chris Clay, un jeune vendeur arrêté pour avoir vendu du pot à un policier en tenue civile, pourrait avoir des répercussions importantes. Son avocat Alan Young conteste carrément le droit constitutionnel du gouvernement fédéral de criminaliser la drogue, parce que rien ne prouve qu'elle soit nocive. Selon lui, le seul effet secondaire néfaste qui a été établi est de causer potentiellement des bronchites chez ceux qui en fument trop souvent. À Montréal, le Club Compassion, un organisme qui procure de la marijuana dans un environnement contrôlé à des malades qui considèrent en avoir besoin pour apaiser leurs souffrances, a ouvert ses portes. Un club similaire existe depuis plusieurs années à Vancouver en marge de la loi, mais la police montréalaise a fait savoir qu'elle mettrait fin à l'expérience dès qu'elle aurait les preuves que la drogue illégale a été distribuée.
La police québécoise ne chôme d'ailleurs pas dans sa guerre contre la drogue. La Sûreté du Québec a annoncé avoir saisi une quantité record de la plante entre janvier et septembre de cette année, soit De gouverneur républicain à président libertarien? Toujours sur le même sujet, aux États-Unis, le gouverneur républicain du Nouveau-Mexique Gary Johnson poursuit sa campagne en faveur d'une légalisation des drogues, non seulement les drogues douces comme la marijuana mais aussi les drogues dures comme l'héroïne. Il est le seul politicien élu à un poste important du pays, avec le gouverneur réformiste du Minnesota Jesse Ventura, à appuyer une telle mesure. M. Johnson considère que la guerre à la drogue n'a fait qu'empirer le problème en entraînant une augmentation spectaculaire de la criminalité sans décourager la consommation. Lors d'un exposé à l'Institut Cato la semaine dernière, il a expliqué qu'à la fin des années 1970, le pays dépensait environ un Le gouverneur propose de légaliser les drogues et de les réglementer comme on le fait avec l'alcool. La drogue resterait illégale pour les mineurs et les crimes ou accidents commis par des personnes sous son influence seraient punis plus sévèrement. Les employeurs retiendraient aussi le droit de congédier des employés qui en abusent. M. Johnson est devenu une vedette chez les libertariens américains depuis qu'il a décidé d'aller à l'encontre de la position officielle de son parti – les républicains sont parmi les plus fanatiques partisans de la méthode dure pour éradiquer l'usage des drogues – et de faire campagne en faveur de la légalisation. Un groupe de libertariens du Nouveau-Mexique a mis sur pied un comité (Sources: The Gazette, La Presse, National Post, The Albuquerque Journal) |
sommaire |
|