Montréal, 9 oct. - 22 oct. 1999 |
Numéro
47
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Truc de marketing
Toute cette mise en scène n'est bien sûr que de la frime pour épater la galerie et permettre aux commentateurs du réseau RDI d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent pendant les émissions spéciales consacrées à l'événement. Loin d'être un partisan de la clarification idéologique en effet, La troisième voie n'est qu'un autre truc de marketing utilisé par des politiciens de gauche pour faire croire à l'électorat que leurs partis (le Parti travailliste britannique et le Parti social-démocrate allemand) ne sont plus aussi dogmatiquement socialistes qu'ils avaient l'habitude de l'être et qu'on peut maintenant leur faire confiance pour ne pas complètement bousiller l'économie. Après presque deux décennies de traversée du désert, le truc a fonctionné et les deux partis sont maintenant au pouvoir, ce qui suscite l'intérêt de toute une intelligentsia de gauche occidentale qui ne sait plus vers quoi se tourner pour contrer la On peut comprendre que d'autres partis socialistes s'intéressent à cette stratégie de marketing et évaluent l'opportunité de s'en inspirer ou non. Il y a quelques semaines, les néo-démocrates canadiens décidaient ainsi de ne pas suivre cette avenue et de rester de bons socialistes dogmatiques (voir LE NPD GARDE LA GAUCHE, le QL, no 45). En France, le gouvernement socialo-communiste de Jospin semble ouvert à la stratégie, mais ne sait pas trop s'il devrait l'admettre ouvertement ou non à cause de l'hystérie que cela provoque chez ses alliés d'extrême-gauche. En bout de ligne, toutes ces manoeuvres de positionnement ne changent évidemment pas grand-chose: ces partis et gouvernements restent foncièrement interventionnistes, mais préfèrent ne plus le dire ouvertement et miser sur le En quoi, donc, ce type de stratégie peut-il s'avérer pertinent pour un parti qui se prétend libéral, qui s'inscrit donc nominalement dans un mouvement historique antisocialiste, de défense de la liberté individuelle et du libre marché? Poser la question, c'est y répondre... Toute est dans toute Comme le disait fameusement un poète québécois,
Lors du conseil général du PSDLQ, les délégués, poussés en cela surtout par l'aile jeunesse du parti, ont par ailleurs voté en faveur d'une résolution qui propose un régime par lequel Malgré cette modération, le débat a suscité une forte controverse et l'aile socialiste du PSDLQ a bondi sur ses grands chevaux pour dénoncer cette ouverture à une Le chef soi-disant libéral (et ex-chef soi-disant conservateur) Jean Charest a renchéri avec cet éclaircissement sur les fondements de la philosophie du PSDLQ: Pas d'apartheid alimentaire Quoi qu'en dise Marc-André Blanchard, c'est peut-être une bonne chose finalement si les libéraux ne sont pas tout à fait cohérents dans leurs positions philosophiques. S'ils l'étaient et si Jean Charest appliquait cette profession de foi socialiste de façon systématique à toutes les politiques du parti, nous risquerions la nationalisation totale de secteurs comme l'alimentation ou le logement à la suite d'une victoire électorale du PSDLQ. À part la santé, qu'y a-t-il en effet de plus important que se nourrir et se loger? Mais un gouvernement libéral pourrait-il sans renier sa philosophie tolérer que Un gouvernement Charest cohérent n'aurait sans doute d'autre choix que de fournir une quantité égale de viande hachée et de petits pois à tout le monde, et d'empêcher les plus riches de s'acheter des filets mignons et du vin à plus de 8$ la bouteille. On ne peut quand même pas tolérer que les riches aient accès à une meilleure nourriture parce qu'ils sont plus riches, ce serait odieux, ça signifierait qu'on institutionnalise les inégalités dans un secteur fondamental pour la survie même des citoyens, comme le dirait le camarade Laporte. Et aussi, il faudrait bien sûr nationaliser les maisons trop grandes et luxueuses et les diviser en logements sociaux similaires ( Ouf, ça a tout de même certains avantages l'incohérence politique, ça permet de limiter les dégâts. Mieux vaut subir les folies que nous infligerait le gouvernement d'un parti soi-disant libéral que celui d'un parti vraiment socialiste. Vue sous cet angle, la démarche de réflexion proposée par Marc-André Blanchard est en fin de compte tout à fait logique. Le nom et l'origine historique du parti n'ont aucune importance, il n'y a que nous, pauvres intellos trop accrochés aux mots et aux concepts, qui nous en préoccupons. S'il veut trouver une bonne stratégie de marketing électoral, c'est bien chez les socialistes hypocrites de la troisième voie, ses congénères philosophiques, que le PSDLQ devrait chercher son inspiration. Articles précédents de Martin Masse |
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