Montréal,  9 oct. - 22 oct. 1999
Numéro 47
 
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     « The lady doth protest too much, methinks. » 
  
W. Shakespeare
 (Hamlet)
 
 
 
 
BILLET
  
LÉGALITÉ DEVANT LA LOI
  
par Brigitte Pellerin
   
   
          Étant donné que je ne conduis pas (enfin, pas souvent) et que j'essaie, autant que possible, de ne pas me faire pincer quand je pique un paquet de gomme balloune à l'épicerie, je n'ai rien à craindre de la police.  
  
          Ouf.  
  
          Heille, ça doit quand même être enrageant, de rouler à cent kilomètres/heure flush. Surtout le bout où il fait payer l'amende... c'est que ça vous casse une veillée solide. Mais la loi, c'est la loi. Enfin, c'est ce qu'on dit. Surtout quand ceux qui le disent se pointent, gun à la hanche, pour manifester leur mécontentement.  
  
          Et après, on a encore le front de parler de démocratie. Moi, je commence à trouver que ça ressemble pas mal plus à une république de bananes qu'à autre chose, leur affaire. Bof, j'imagine que c'est encore une question de point de vue. 
 
 
Revendications armées 
 
          Quand même, les politiciens du PQ ne l'ont pas trouvée drôle, l'autre après-midi à Drummondville... pognés dans la ville-la-plus-mortellement-ennuyante-du-monde par une belle fin de semaine de grand soleil, pour placoter de combien c'est de valeur que la souveraineté s'en aille si irrémédiablement (c'est le temps, après trente ans...) dans le dalot.  
  
          En plus, ils se font bousculer par 200 flics armés assoiffés de primes, d'augmentations, et de fonds de pension. Chevrette était rouge tomate (la cravate était trop serrée, sans doute) que c'en était vachement drôle. Enfin! que je me suis dit. Eux aussi, ils vont y goûter!  
  
          Parce que les manifestations d'employés en colère affectent le bon peuple depuis un petit bout de temps déjà. Bell, sans nous l'avouer, a bien de la misère à assurer les liaisons entre, disons, Québec et Montréal – comme si j'essayais d'appeler Tombouctou – sans compter les bizarreries de ma boîte vocale... qui oublie des nouveaux messages quelque part dans les limbes tout en réussissant à ressusciter ceux que j'avais pourtant bel et bien effacés.  
  
          Nooooon, je ne prends pas de drogue. Oui, je sais me servir de ces babioles. Je ne suis quand même pas si vieille que ça.  
  
  
  
« Prendre la population en otage, peu importe
la raison, c'est comme taper sur le gardien
de but; ça ne se fait juste pas. »
 
 
 
          Hydro. Z'avez entendu le mec qui représente les techniciens l'autre jour à la téloche? Il disait qu'à cause des longs mois de grève, ils allaient devoir faire beaucoup, beaucoup de temps supplémentaire pour remettre le réseau en état de marche avant l'hiver. Ben oui, hein, ça ne serait pas une mauvaise idée, d'avoir du chauffage en janvier.  
  
          Les hôpitaux, pour y reviendre – mais pas trop longtemps, on en a soupé. Ceux qui ont dû dealer avec la grève de tout ce beau monde en ont bavé un coup cet été – et ils n'ont pas fini les pauvres, s'ils savaient... Et que dire des kids du secondaire...  
  
La mienne est plus justifiée que la tienne 
  
          Je ne voudrais pas que vous pensiez que de voir des policiers armés qui prennent d'assaut des politiciens est quelque chose de tolérable dans une société qui se prétend libre et démocratique. Of course not. C'est totalement inadmissible que ceux qu'on paie (des fortunes) pour assurer notre sécurité et protection se mettent à jouer les imprévisibles et à faire la grève du zèle juste pour une question de sous. Si la police ne joue plus à la police, qu'est-ce qu'on devient, nous autres?  
  
          Ou, comme le disait si bien mon poète-de-la-semaine: « Quis custodiet custodes? » (Allez! Fouillez dans vos dicos, sous la lettre « J ».)  
  
          Mais dites-vous bien que sortir des salles d'urgences et envahir le trottoir est tout aussi inadmissible que d'abandonner son poste et d'attaquer, l'écume aux lèvres, une bande de politiciens en congrès. Tout le monde a l'air de vouloir mettre le cas des infirmières dans une classe à part, parce qu'elles sont bien fines et qu'elles passent leurs semaines à ramasser toutes les jobs ingrates. Mais c'est la même affaire; le même genre de tactiques violentes et agressantes. Prendre la population en otage, peu importe la raison, c'est comme taper sur le gardien de but; ça ne se fait juste pas.  
  
          Et pour ceux qui se demandent ce qu'on peut faire pour empêcher les policiers de la SQ de nous faire peur avec leurs moustaches et leurs gros fusils; il y a quelqu'un qui a trouvé la réponse. Imaginez-vous donc qu'on va pouvoir leur taper sur les doigts parce que.... devinez, je vous le donne en mille... ils ont omis de se procurer une permis avant de manifester.  
  
          Qui a dit que les réglementations ne servaient à rien? 
 
 
 
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