Montréal, 23 oct. - 5 nov. 1999 |
Numéro
48
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Wham!
C'est qu'en entrant dans le U-505, le guide commence à nous raconter une petite histoire (enfin, nous la crier par les oreilles serait plus juste – cout'donc, sont-tu tous sourds, les Amerloques?) comme quoi notre petit groupe de vingt personnes étions les membres de l'équipage et que nous nous apprêtions à vivre l'expérience ultime qui consiste à arpenter le sous-marin en prétextant que nous y étions condamnés pour les 100 prochains jours que durerait notre mission. Des petits exercices cuculs, des questions auxquelles il fallait répondre, un rôle (cuistot, responsable des missiles ou préposé aux balais) qu'il fallait assumer pour la vingtaine de minutes que durait la visite guidée – obligatoire, soit dit en passant; pas moyen de simplement visiter toute seule comme une grande. Ça m'émaaarve comme c'est pas possible. Comme si on ne pouvait apprécier une visite dans un musée sans une petite histoire pour Comme si ça nous prenait toujours un cadre à l'intérieur duquel penser. Et où m'en vais-je, avec tout ça? Ahhh. Bam! Ce qui me chipote cette semaine, entre autres choses, c'est cette manie – que dis-je, ce tic nerveux – qui nous fait toujours lever les yeux au ciel, y cherchant LA réponse aux innombrables conflits-problèmes-récriminations qui se retrouvent chaque matin dans les cinq premières pages des j
Par exemple: l'usine de GM, les homards autochtones, la grève des camionneurs ou encore celle, évitée de justesse, des travailleurs de l'auto. À chaque fois qu'il y a un de ces conflits, on entend toujours la même chose: un de ces quatre matins (et très souvent, le quatrième matin), on entend ENFIN la voix rassurante du lecteur de nouvelles qui nous apprend que le premier ministre a décidé d'intervenir. Le PM (Chrétien ou Bouchard – un à zéro en faveur de l'unité nationale) commence par faire LE POINT: une déclaration, qui sert à orienter tout le monde. Le premier ministre Thank you Mam! Le lendemain matin, le premier ministre lit ses journaux et Youppie! Et puis on passe à autre chose. Un autre conflit ethnique éclate, trois bombes tombent quelque part à l'autre bout du monde, Eltsine re-re-re-rentre à l'hôpital, et puis zut! faudrait bien penser à aller faire poser les pneus d'hiver. Céline Dion s'achète un nouveau terrain de golf; pendant que tout le monde retourne écouter ses téléromans, peinard. Parce qu'en dehors d'une petite histoire à la Hollywood bien ficelée, qu'il ne nous reste qu'à ingérer tranquillement-pas-vite, on dirait qu'on n'arrive pas à réfléchir – et apprécier ce qui se passe autour de nous – tout seuls comme des grands. Entertainment... Comme le disait Rock et Belles Oreilles: c'est là qu'on est rendus. Articles précédents de Brigitte Pellerin |
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