Montréal, 20 nov. - 3 déc. 1999 |
Numéro
50
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Pour faire une histoire courte
Bon bref, j'ai choisi d'avoir un magasin et j'assume ces inconvénients, ces vols organisés pour une seule raison: celle de protéger ma liberté d'agir et de penser dans ce que je peux – encore – contrôler. Je ne veux pas travailler aujourd'hui? Pas de problème, je ferme la boutique et je serai la seule à pâtir devant mes comptes impayés. Je n'aime pas la tête de ce client impoli? J'ai – encore – la liberté de lui indiquer la porte et s'il n'achète pas, tant pis pour moi. Qu'on me respecte comme je respecte mes semblables. Mais, au moins, je vis, je suis LIBRE. Et voilà que la loi sur le Tabac vient me dire à moi, dans mon petit magasin que j'aime, qui est une partie de moi, qui est mon reflet, ma raison de vivre, ma manière d'assurer mon côté rebelle le plus loin possible de l'engrenage infernal de la société, du politically correct, Pourquoi moi je n'aurais pas le droit de dire aux clients
Pendant qu'on y est, qu'on interdise tout ce qui peut nuire. Le hamburger et les frites qui font prendre du poids et ainsi créent des insuffisances cardiaques qui coûtent cher à notre si merveilleux Ministère de la Santé (ben oui quoi, c'est pas donné d'envoyer nos citoyens se faire soigner aux États-Unis). Les files d'attente à la sortie des stationnements, l'oxyde de carbone, il y a là encore bien plus d'effets néfastes que dans une cigarette et on ne dit rien. On pourrait aussi interdire le stress causé par les hausses d'impôts et les injustices sociales en tout genre... ah mais ça, il faudrait une révolution pour le régler. Une dernière avant de partir... Je vous raconte aussi une dernière petite anecdote qui montre jusqu'où notre société bien-pensante et protectrice peut aller. Ma fille a 6 ans, elle est en première année. La semaine dernière, à l'approche de la jolie fête d'Halloween, j'ai fait une gaffe énorme! Oh mère indigne et dénaturée que je suis! J'ai glissé dans son lunch sain et équilibré une petite barre de chocolat (vous savez les minis formats, quelques grammes sans plus, juste pour le plaisir de délecter une bouchée de chocolat). Ma fille rentre consternée l'après-midi de l'école Allez une petite dernière? Des cartes postales. C'est tout bête des cartes postales n'est-ce pas? Quand on voyage, dans tous les quartiers touristiques du monde, sur les trottoirs, devant les commerces, il y a des présentoirs de cartes postales. Ce n'est pas trop laid, ils indiquent que nous sommes dans une ville, pas à la campagne parmi les moutons, les gens qui se promènent peuvent les regarder tranquillement, bref ils mettent de la vie là où il en faut. Partout au monde je disais? Mais non, partout sauf à Québec! Ici, à Québec, on m'a obligée à retirer mon présentoir de cartes postales qui Bon j'arrête là, je sens le stress me monter au visage et la loi anti-stress n'est pas encore votée. (*) Monique Zimmermann est boutiquière à Québec. >> |
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