Montréal,  20 nov. - 3 déc. 1999
Numéro 50
 
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COURRIER DES LECTEURS
  
UN JUGEMENT ABSURDE
 
 
          Salut! 
  
          Lire mot à mot votre texte au sujet de M. Sinatra me laisse confus (voir Prix du Québécois libre, le QL, no 49). J'ai de la difficulté à imaginer la scène où un juge – pourvu de bon sens – condamne ce monsieur parce qu'il n'a pas choisi la personne de race noire. 
  
          De quelle nature était la discrimination dont le juge aurait tenu compte dans son jugement? Autrement dit, que signifie le mot discrimination dans ce contexte car je m'y perd. 
  
          Il doit certainement y avoir un détail qu'on ne connaît pas dans cette histoire. Ma connaissance en droit est limitée, mais j'ai des doutes qu'un juge puisse trouver un article sur lequel s'appuyer pour prétendre que M. Sinatra enfreint la loi simplement en choisissant le futur locataire.  
  
          Autrement dit, sur QUEL RAISONNEMENT se base l'homme de race noire pour prétendre que c'est LUI qui aurait dû avoir l'appartement plutôt que la dame et, par conséquent, fut victime de discrimination. Avait-il priorité par sa condition ethnique? Est-ce cela que le jugement laisse entendre? Sûrement pas! 

          Je crois qu'il est dans l'intérêt de la cause d'entrer dans des détails pour l'expliquer car si la situation est telle que vous la décrivez, elle me semble un bon point de départ pour un article de fond par quelqu'un qui s'y connaît sûrement mieux que moi en droit et qui pourrait nous informer sur ce qui cloche pour que de telles absurdités naissent de la charte. 
  
          Un gros bravo pour votre travail que je suis fidèlement depuis plus d'un an. 
 

Jason Belec
Gatineau
 
 
Réponse de Martin Masse:   
  
Bonjour Monsieur Belec, 

    Ce genre de jugement absurde est en fait une conséquence normale et inévitable de lois 
qui donnent certains privilèges ou, à l'opposé, enlèvent certains droits fondamentaux à des 
personnes sur la base de leur couleur de peau, de leux sexe ou orientation sexuelle, de leur 
origine ethnique, langue maternelle, ou autres caractéristiques soi-disant « collectives ». 
Toutes les lois qui garantissent des quotas ou qui empêchent la « discrimination » dans les 
transactions privées mènent potentiellement à des situations du même type.  
  
    Si j'ai bien compris, il n'était pas question pour le juge de décider si c'était l'homme noir 
OU la femme qui aurait dû avoir l'appartement, mais plutôt simplement de voir s'il y a eu 
discrimination dans la décision du propriétaire de ne pas l'attribuer à l'homme. Comme 
celui-ci n'a pu expliquer à la satisfaction du juge pourquoi il a écarté l'homme noir, il est 
ipso facto condamné pour cause de discrimination! Le fait qu'il aurait pu être poursuivi par 
la femme et condamné de la même manière s'il avait choisi l'homme noir plutôt qu'elle n'est 
tout simplement pas pertinent comme argument dans cette logique judiciaire, même si le 
gros bon sens élémentaire nous dit que ce raisonnement est moralement absurde. Comme 
vous écrivez, simplement choisir un locataire parmi plusieurs postulants peut alors devenir 
dangereux. 
  
    Il ne faudrait pas idéaliser la capacité du juge moyen à faire des raisonnements sensés 
lorsqu'il est confronté à ce genre de dilemne. Comme on l'a vu dans de nombreux cas ces 
derniers temps, un bon nombre d'entre eux ne possèdent pas la jugeotte élémentaire pour 
faire leur travail. Il ne faut pas oublier qu'ils sont des membres de la petite élite qui nous 
gouverne, nommés souvent à cause de leurs bonnes connections dans les milieux politiques 
plutôt qu'à cause de leurs compétences. Derrière la toge intimidante et le cérémonial, il y a 
souvent les mêmes imbéciles opportunistes qu'on retrouve dans d'autres milieux et surtout 
ailleurs dans l'appareil étatique.  
  
    Merci de votre intérêt soutenu pour le QL. 
  
M. M.  
 
 



  
ILS SONT FOUS CES GAULOIS
 
 
          Bonjour, 
  
          Un petit mot pour dire que je m'élève contre cette maladie typiquement montréalaise qui sévit dans le billet de Madame Pellerin (voir ILS SONT FOUS CES GAULOIS, le QL, no 49). Je ne dirai rien à propos du sujet que je trouve ridicule, sinon que la langue est à la base de la culture d'un peuple. De renier la langue d'un peuple, s'est de renier sa culture, celle de ses ancêtres. Enfin, vous connaissez le discours! 
  
          Cependant, je m'insurge contre la vision de l'auteur de la langue parlée dans le RDQ (reste du Québec).  Je ne crois pas, contrairement à l'auteur, que l'accent trop proche-oriental de Montréal (l'accent de l'Est de Montréal, et par extension l'ensemble de l'île) soit le paroxysme de la langue française au Québec. Si la langue de nos régions est si colorée, truffée de régionalismes qu'elle est, ce n'est pas nécessairement par un manque de culture (à ce chapitre, le RDQ n'a pas un si grand recul avec Montréal), mais bien une richesse qu'elle possède depuis le début de la colonie. C'est la langue de nos ancêtres, bercée des sons et prononciations datant d'avant la révolution française, enracinée dans notre territoire. Celle qui fut jadis parlée sur presque l'ensemble du continent, développée au fil des siècles, englobant les termes amérindiens et les néologismes. Bien sûr, elle succombe, elle aussi, lentement à l'anglais, particulièrement dans les domaines technologiques, mais à ce titre, bien des langues doivent emprunter à l'anglais. Plus proche de Marseille et de Normandie que des républicains de Paris, elle est néanmoins d'une richesse impressionnante. Il suffit de sortir de l'île pour s'en apercevoir. 
  
          Bien sur, il existe une communauté éduquée et bien nantie (et française, quel phénomène récent et intéressant!) à Montréal qui a une prononciation adéquate et un vocabulaire suffisant pour être comprise par un étranger à l'oreille parisienne (puisque ce que nous appelons le français international n'est - somme toute - parlée qu'à Paris, mais il faut bien un point de repère pour définir un français international). Cependant, nous ne sommes à ce titre qu'une minorité (une minorité de plus). Le fait est que le français montréalais n'est en gros qu'un assemblage d'expressions anglaises et de joual prononcé avec un accent plus irritant que ridicule. Il suffit de rester sur l'île pour s'en apercevoir. 
  
          Mais le paroxysme du ridicule, c'est un ramassis de clichés, écrit dans une langue approximative, dans un périodique qui se voudrait sérieux; cet article ne possède aucun raisonnement posé, aucune construction « argumentative », aucun fait ne supportant des affirmations gratuites. J'ai fait la preuve ici – par l'absurde – de la facilité d'écrire ces inepties sans trop martyriser la langue. La virtualité de votre publication ne devrait pas vous absoudre d'écrire en français. Sublime ironie face à cet article, n'est-ce pas? 
  
Pierre Lebrun
Étudiant de maîtrise en informatique, UQAM
  
[NDLR: Autre sublime ironie, nous avons dû corriger une dizaine de fautes 
dans la lettre de M. Lebrun.] 
  
 


 
CHAUVINISME MONTRÉALAIS
  
  
          Comme ça, c'est à Montréal que la qualité du français est la moins pire? Ah bon! Personnellement, j'ai toujours trouvé que les gens de Montréal avaient un drôle d'accent. Un peu à la française. À moins que ce ne soit une question de vocabulaire. J'habite près de la GRANDE ville, Montréal, la « ville des gens qui sont en contact continu avec d'autres langues et cultures ». J'y ai des amis et j'ai remarqué qu'il y a des expressions tout à fait montréalaises.  
  
          C'est comme un patois, un dialecte urbain en somme. C'est génial non? Une si GRANDE ville avec un patois, comme en région. Dire que le français est moins pire à Montréal comparativement au reste de la province c'est... disons un peu chauvin, non? Condescendant? Je suis d'accord pour le reste de votre article. Je n'ai rien à foutre de la grosseur des lettres et de la prédominance du français sur l'anglais dans l'affichage. 
  
Luc Genest
quelque part dans un bled perdu
 
 


 
À LA RECHERCHE DE CONDITIONS GAGNANTES?
 
 
          À la lecture de l'article de M. Migué (voir ASSUJETTIS AU FISC À 46%, le QL, no 49), je suis enclin à dire que toutes les comparaisons avec d'autres provinces ne règlent pas nos problèmes d'endettement et d'administration à vu que mène le gouvernement actuel. Mais le gouvernement a-t-il le choix de ne pas suivre les directives que des financiers prêteurs nous imposent et auprès desquels nos derniers gouvernements ont emprunté sans dicernement? 
  
          Aujourd'hui nous devons rembourser nos dettes selon le désir de ceux-ci. Malheureusement, nos faibles politiciens élus par la minorité de la population sont incapables d'imposer leurs propres politiques de remboursement à long terme et détruisent tous nos systèmes en place depuis 1960. Cependant, je me demande s'ils ne prennent pas tous les moyens pour réduire la dette dans un laps de temps très court sans se préoccuper des conséquences, afin de créer une condition gagnante pour atteindre leur option de la séparation. Car endettés comme nous le sommes, il serait impensable de poser le geste de la séparation sans que nos prêteurs soient à nos portes. Et ça, M. Landry le sait. Heureusement, 45% de la population accepte la politique du gouvernement et appuie M. Bouchard les yeux fermés et la minorité d'électeurs qui ne sont pas d'accord devront se taire car ils ne sont pas des Québécois pure laine.  
  
          À mon avis, le seul moyen de réduire les impôts serait par la réduction des dépenses: réduire le nombre effarant de fonctionnaires, changer les lois du travail pour réduire l'influence qu'ont les syndicats tout en les respectant dans leur rôle de représentants de leurs membres sans esprit corporatif enragé. Pour réussir cette phase, les lois devront êtres modifiées pour permettre aux organismes publics d'engager des chômeurs pour l'exécution de projets utiles à la société et que celle-ci n'a pas les moyens de se procurer. Les chômeurs, eux, auraient l'obligation d'accepter d'exécuter ce travail payé comme salaire minimum garantie au lieu du B.S. 
  
          Ce serait une révolution, mais avons-nous le choix? Avant de faire partie de la république de bananes vers laquelle le PQ nous dirige tout droit. Gloire à Lucien et à ses conditions gagnantes! 
  
Charles Labrecque
 
 
 
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