Montréal,  22 janvier 2000  /  No 54
 
 
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LES PRIX BÉQUILLE
  
     Les Prix Béquille sont décernés aux pleurnichards qui ont fait parler d'eux en quémandant et/ou en obtenant une aide de l'État, une protection ou une reconnaissance spéciale, des subventions, des entraves à la compétition, etc. En bref, à ces pauvres éclopés incapables de se tenir sur leurs deux jambes qui pullulent dans notre société distincte.
 
 
LA BÉQUILLE D'OR  
au père dominicain Georges-Henri Lévesque, à titre posthume, pour l'ensemble de son oeuvre. Les éloges ont plu toute la semaine pour honorer celui qui a fondé l'École des sciences sociales de l'Université Laval en 1938 et qui est décédé à l'âge de 96 ans. Partout, on l'acclame comme celui qui a défendu « la liberté » pendant la période de la « grande noirceur duplessiste ». Le père Lévesque a sûrement accompli de nombreuses oeuvres pendant sa vie et rendu de grands services à plein de gens, mais ce qu'il n'a pas fait, c'est lutter pour la liberté. Au contraire. Le dominicain est souvent décrit comme « le père de la Révolution tranquille », parce que plusieurs de ses disciples et de ceux qu'il a formés et conseillés sont devenus les politiciens et les technocrates qui ont accompli les réformes des années 1960 et 1970. Parmi ceux-ci, on compte notamment Jean Lesage, René Lévesque, Claude Morin, Michel Bélanger. Il a aussi été le maître à penser des syndicalistes Marcel Pépin, Fernand Daoust et Jean Marchand, et de toute la génération de sociologues, politicologues et autres pseudo-penseurs nationalo-gauchistes comme Léon Dion, Guy Rocher et Fernand Dumont, qui ont dominé le monde académique québécois des années 1960 aux années 1990. Les convictions socialistes du père Lévesque étaient on ne peu plus claires. Dans un extrait d'entrevue diffusé le jour de sa mort, on peut l'entendre critiquer la vision trop « conservatrice » – mais aussi essentiellement libertarienne sur ce point – de l'ex-premier ministre Maurice Duplessis: « Pour lui le social c'était la charité, la générosité, le dévouement, la bienveillance, tout ça, du paternalisme. Et pour moi, le social, dans le sens moderne du mot, eh bien c'était la promotion des masses, l'organisation professionnelle, la justice distributive, la justice sociale, et bien d'autres choses encore. Mais ça, c'était une notion qui lui était inaccessible. » Bref, le père Lévesque rejetait les vertus privées que sont la responsabilité et l'initiative personnelles – qu'il qualifiait de « parternalisme » – comme moyens de résoudre les problèmes socio-économiques, et prônait plutôt le paternalisme d'État, c'est-à-dire la redistribution de la richesse, l'interventionnisme, l'étatisme, le socialisme. Son influence a eu l'effet souhaité: l'État québécois a tout envahi depuis quarante ans, en grande partie grâce à ses disciples. Ce n'est pas un champion de la liberté qui vient de mourir, c'est plutôt le père de l'étatisme québécois. Espérons que son départ signalera le déclin et la disparition graduelle de son influence néfaste ainsi que celle de ses disciples sur le Québec. 
(Sources: RDI, Presse canadienne) 
  
  
LA BÉQUILLE D'ARGENT
à Gérald Ponton, président de l'Alliance des manufacturiers du Québec, qui souhaite que le gouvernement provincial baisse les taxes, mais pas trop. M. Ponton affirme qu'il serait irréaliste de réduire les impôts des contribuables à la moyenne canadienne d'ici quatre ans, parce qu'« il ne restera plus rien pour alléger la fiscalité des entrepreneurs ». Mais n'y a-t-il pas des alternatives pour faire en sorte que le fardeau fiscal diminue pour les individus et les entreprises, comme par exemple éliminer les subventions, privatiser les sociétés d'État et cesser d'intervenir dans l'économie? Non, M. Ponton a une autre suggestion pour le gouvernement: créer une commission d'enquête sur les problèmes économiques du Québec où universitaires, syndicats et associations patronales « chercheraient des consensus sur les façons de dynamiser l'économie québécoise dans les prochaines décennies ». Les lobbys parasitaires de la business comme l'AMQ sont en effet bien mieux servis lorsqu'ils peuvent palabrer au sommet avec leurs petits copains selon le bon vieux modèle corporatiste que lorsqu'ils doivent se débrouiller eux-mêmes pour se financer et affronter la compétition. Pourquoi ne pas avoir une place de choix à la table où l'on décide comment se partage le magot?! Que ceux qui craignent que le QL se fasse le porte-voix des milieux d'affaires se rassurent: ici, les lobbys d'affaires sont les champions de l'étatisme et du tétage de subventions et n'ont jamais entendu parler de la philosophie libertarienne. 
(Source: La Presse) 
  
  
LA BÉQUILLE DE BRONZE
à l'inénarrable ministre fédéral de l'Industrie, du Pain et des Jeux, John Manley, qui renonce à son projet de gaspillage de fonds publics trois jours après avoir annoncé une « aide » de 12 à 20 millions $ par année aux équipes de hockey professionnelles du pays confrontées à des problèmes financiers à cause de leur mauvaise gestion. Devant le refus des quatre principales provinces de s'engager dans le projet et les cris d'indignation qui ont fusé de tous côtés, y compris dans son propre parti, le ministre a décidé d'abandonner son offre de subventions. Il a soutenu avoir été surpris par les réactions négatives des Canadiens. « Nous nous attendions à des réactions négatives (mais) la réaction a été plus forte que ce nous prévoyions. Je suis convaincu que les Canadiens aiment le hockey (...) mais je crois qu'ils nous disent que quelque chose ne va pas », a-t-il ajouté. Surpris du fait que les citoyens ne veulent pas que leurs taxes servent à payer des salaires à des jeunes joueurs déjà millionnaires? En effet, quelque chose ne va pas dans ta tête, ti-Pit, va voir un docteur! 
(Source: La Presse)
 



 
 
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