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Montréal, 19 février 2000 / No 56 |
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par
Olivier Golinvaux
Le gouvernement fédéral canadien a annoncé la modification de 68 lois afin d'étendre l'application du régime juridique des couples vivant en union libre aux couples homosexuels. Pour Mme Anne McLellan, ministre de la Justice, ce toilettage textuel est |
En fait, sous l'apparat des mots consensuels qui composent le vocabulaire
de circonstance, le cadeau de Saint-Valentin que font les hommes de l'État
n'est qu'un fruit pourri. Il n'y a vraiment pas de quoi se réjouir,
ni pour les homosexuels, ni pour les autres, parce qu'un tel lissage juridique
participe d'une logique plus liberticide qu'autre chose.
La présente réforme a été rendue nécessaire par l'invitation pressante faite au gouvernement par la Cour Suprême Cette réforme, loin de consacrer la L'utilité
du droit
En fait, l'utilité du Droit ne se fait sentir que lorsqu'il y a conflit. Il est vrai qu'il est toujours plus difficile de rester partenaire dans la rupture même, en organisant celle-ci de manière courtoise. Le rôle du Droit, dans ce cas de figure, n'est pas autre chose que d'aider les ex-partenaires à rompre leur relation étroite sans recourir à l'agression. Le Droit est l'art de mettre en oeuvre une règle rationnelle et universelle de justice, d'analyser ce qui est mien et tien dans une situation donnée, de manière à donner à chacun son dû, à ne porter préjudice à aucun(2). Pour nous libertariens, il est évident que cette approche très pratique du Droit pointe directement vers le concept de droit de propriété, noyau même de toute la discipline juridique. Le Droit bien compris n'est donc pas un ensemble plus ou moins complexe de normes comportementales réglementant la vie des gens, contrairement à ce que prétendent habituellement nos légistes inspirés par une vision constructiviste. Une conséquence dramatique de cette la vision constructiviste du monde est que la législation qui s'en inspire remplit fort mal son office s'agissant de résoudre les conflits humains par l'application d'une règle de justice. Tout ce qu'une réglementation monolithique des relations de couple peut faire est de servir de patron pour analyser si le règlement intérieur qu'avaient adoptés les partenaires lui était conforme ou non. Et le juge – la bouche de la loi – effectuera ex-post les corrections qu'impliqueraient les écarts par rapport au modèle, en octroyant une Par exemple, le modèle altruiste-collectiviste qui envahit même la jurisprudence a amené les juges français à faire cracher au bassinet la personne commerçante – mariée ou pas d'ailleurs – qui aurait bénéficié dans son activité de l'aide gracieuse consentie durant la vie commune par son partenaire. Par Étendre la logique parasitique Bien sûr, certains pourront me rétorquer que la justice, dans le couple et dans la famille, est faite de bien plus que le simple respect de l'intégrité des espaces moraux en présence. Soit. Je ne le nie pas. Ceci étant, la justice à laquelle ils se réfèrent là n'a de sens que dans le cadre de relations exclusives, très étroites, qui se nouent dans une communauté volontaire. Or le problème est que dans les situations dont je parle, cette communauté volontaire n'existe déjà plus, elle a été dissoute par la volonté des partenaires de se séparer! Le seul principe dès lors applicable, c'est le principe universel de non-agression, principe d'ordre qui impose à tout un chacun d'avoir un comportement juste à l'égard de tous ses semblables. Or qu'on le déplore ou non, le partenaire dont on ne veut plus partager l'intimité redevient un semblable comme un autre. La tâche du Droit est de faire en sorte qu'il ne devienne pas moins qu'un autre. Or, un grand merci au système de réglementation-étalon, le discours de nombre de personnes en instance de divorce n'est pas autre chose que celui-ci: Il n'y a vraiment pas de quoi se réjouir lorsque cette logique voit son application étendue plutôt que restreinte. Elle a déjà fait du mariage une relation potentiellement aussi parasitique en cas de rupture que le contrat de travail version syndicaliste. Va-t-elle maintenant gangrener la vie de tous les gens dont les relations de couple se distendent, homos y compris? On en prend le chemin dirait-on, dès lors que certaines des obligations légales imposées aux couples mariés sont étendues à tous les Bien entendu, je vis sur terre et je sais pertinemment que derrière la Mais faut-il se lancer à corps perdu vers un mariage étatique diffus et qui ne dit pas son nom pour s'opposer aux violations de propriété plus musclées qui minent la vie des personnes légalement célibataires? Pourtant, plus encore que les autres, les homosexuels devraient être sensibles à l'idée d'espace moral individuel. Les gays et les lesbiennes devraient se dresser pour affirmer leur droit de réglementer leurs relations de couple comme ils l'entendent; et les hétéros gagneraient à faire de même:
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