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Montréal, 4 mars 2000 / No 57 |
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Petite réflexion en marge de la réponse de M. Masse à En tant qu'éditorialiste vous avez une tribune pour vous exprimer et, à mon avis, vous en abusez. Pourquoi votre réponse à M. Bilodeau comporte-t-elle des réactions si brutales ( |
Je croyais qu'avec un média tel le journal Le Québécois
Libre il devenait possible de donner son opinion, d'éviter les
consensus à tout prix, de faire valoir un autre aspect d'une problématique
et d'y construire ensemble une vision équilibrée et pluridimensionnelle.
C'est avec regret que je réalise le leurre! Même Le Québécois Libre appâte ses victimes dans un coin qu'il prétend réserver à leur opinion. Mais attention lecteurs, il faut que vous exprimiez la même vision que les journalistes sinon... ils vont vous ligoter comme de vulgaires vers de terre incapables de réflexion et d'opinion et vous ficeler avec la corde rugueuse des arguments dénaturés de leur grande philosophie. Honni qui ne pense pas comme l'éditorialiste et qui réfléchit comme un homme d'honneur, père de famille en région qui veut, par nécessité, garantir le meilleur pour ses enfants comme Des arguments pleins de bon sens Il m'apparaît pourtant que les arguments de M. Bilodeau sont pleins de BON SENS (ça ne s'apprend pas sur les bancs universitaires) et tout simplement ceux d'un individu responsable et humain et probablement plus visionnaire que tous les débranchés universitaires à qui est confiée la future intelligentsia. Vous vous dites le défenseur de Encore faut-il que nos gros messieurs cramoisis, les soi-disant penseurs de notre univers, ne bloquent pas la participation de l'INDIVIDU. Au fait, QUELLES SONT VOS ORIGINES? D'où venez-vous pour vouloir amener tous et chacun à penser comme vous selon les philosophes que vous adulez, les professeurs qui vont dans le sens de votre opinion? Que faites-vous des INDIVIDUS qui expriment un angle différent de votre discours?
Mais revenons à nos régions parasites. Convenons que dans le langage – super méga argent compétitif performant – d'aujourd'hui, les régions n'ont plus la force d'il y a quelques années – soit vingt, trente et cinquante ans et plus. Et qu'est-ce que c'est trente ans au fait... Si peu, si peu dans la vie d'un INDIVIDU. Notre société n'est pas ce qu'elle est depuis hier et ce ne sont ni Hitler, ni Mises, ni Rothbard qui l'ont faite telle qu'elle est aujourd'hui, mais des milliers d'individus, blancs, noirs, pas peu et très érudits, des fils et des filles de riches et de pauvres, des amérindiens, des catholiques, des peace and love, des libertins, des fins fins... Les forêts, les lacs et les rivières et leurs habitats, les terres agricoles, les mines n'appartiennent plus aux INDIVIDUS. Aujourd'hui, ces richesses ont été confiées, pour ne pas dire, volées aux régions pour être administrées – et comment!!! – par nos gros messieurs cramoisis (des gestionnaires, des penseurs, des chercheurs, des philosophes, des multinationales, des banques). Ces nouveaux propriétaires de biens publics je les appelle des PROFITEURS. Et j'en sais quelque chose puisque je suis en position, par mon travail, de souvent faire les communications d'organismes de défense du patronat. Nous avons la mémoire aussi courte que la conscience qu'on veut se donner. Nous oublions que, sans la participation des INDIVIDUS DES RÉGIONS, nos grands centres n'existeraient même pas. Nous nous offusquons des argents et subventions distribuées en régions. Ne serait-ce pas le résultat de cette nouvelle façon de distribuer la richesse? Ne serait-ce pas de cette bêtise que viendrait l'obligation d'au moins dédommager par subventions? Les grands centres ne sont que l'explosion démographique d'un monde régional (individu + individu + individu) qu'on a, de politiques pernicieuses en politiques pernicieuses, dépourvu, appauvri; un petit monde mobile, en quête de meilleures conditions et, de toute façon, naturellement en perpétuel mouvement et changement comme ceux des grands centres d'ailleurs, eux-mêmes en quête, à la différence qu'eux ont le fric pour aller aussi loin que les paradis fiscaux. Fusionner les entreprises, fusionner les individus Je n'ai pas, comme vous, de références à un philosophe plus qu'à un autre. J'ai vécu, j'ai travaillé toute ma vie, j'ai voyagé et fréquenté des INDIVIDUS et des COLLECTIVITÉS; j'ai réfléchi et j'ai agi. Je suis plus d'une fois universitaire. J'y ai pigé et y ai laissé tout ce qui me semblait propagande ou matière à inhibition. La vie, comme M. Bilodeau, est mon livre de références. Et comme tous les individus, point de vue participatif, j'ai payé plus que ma part en taxes et contributions sociales et VOLONTAIRES, (les spécialistes universitaires en stratégies arrivent à vous mettre cela dans la bouche maintenant). Mais voilà, dans un contexte où nous sommes et seront toujours dirigés par des HUMAINS, JE PRÉFÈRE cent fois, encore et toujours, que mon argent de toutes façons si injustement et mal distribuée, aille aux régions, malgré leur PARASITISME comme vous le dites, qu'à un quelconque ratoureux super spécialisé dans les recours aux subventions pour son projet à caractère dit de développement des affaires qui donnerait des emplois à de pauvres et captifs INDIVIDUS et permettrait d'aller sur les marchés internationaux! Ouf! Car voyez-vous, pour moi, CE QUI IMPORTE DANS NOTRE UNIVERS, C'EST encore et toujours L'INDIVIDU. Qu'il soit dans les grands centres ou les régions les plus éloignées de la planète, riche ou pauvre, straight ou flyé, cuisinier ou chercheur, seul ou en groupe pour faire valoir ses droits. J'aimerais juste terminer en disant que s'il est admis et de bon ton d'admettre que les fusions de multinationales sont nécessaires aujourd'hui pour faire face à la mondialisation des marchés et que nous n'avons pas à craindre que ces fusions soient des collusions, pourquoi n'en serait-il pas ainsi des individus! Oui, pourquoi les individus ne pourraient-ils pas se fusionner en autant de collectivités fortes appelées classes, nations, ethnies, communautés etc..., pour se donner plus de représentativité? Pourquoi cela serait-il plus dangereux que nos multinationales et pourquoi devrait-on étiqueter ces nouvelles fusions d'individus de groupes collectivistes dangereux??? Suzanne
Champagne
Napierville
Réponse de Martin Masse: Madame Champagne, Nous sommes au moins superficiellement d'accord sur un point: comme vous, je crois que la seule chose qui importe, ce sont les individus. Nous vivons pourtant dans une société où l'individu est relégué au second rang, au profit
Si les philosophes auxquels nous faisons référence sont
Au risque de vous agresser encore intellectuellement avec mes analyses trop cohérentes, je ne peux que réitérer que M. Bilodeau est tout à fait à côté de la track, et vous aussi, sur la question du parasitisme régional. Quoi que vous en pensiez, les subventions aux régions n'ont strictement aucun bon sens économique. Vous dites que les régions ont souffert des politiques idiotes des gouvernements au cours des dernières décennies. C'est ce que nous répétons aussi sans cesse. Ces politiques de redistribution et de « développement ré Qui plus est, les subventions ont un côté immoral qui ne semble pas vous préoccuper. D'où croyez-vous que cet argent provient? Du ciel? Je me fous pas mal de ce que Si vous avez par ailleurs un si grand coeur et que vous voulez aider Regroupement volontaire vs racket d'extorsion Pour conclure, vous demandez pourquoi les individus ne pourraient-ils pas se fusionner en autant de collectivités fortes pour se donner plus de représentativité. Mais les libertariens n'ont absolument aucune objection à cela, Madame Champagne, au contraire. La civilisation s'est construite sur la coopération entre les individus et sur la création de multiples niveaux d'identités, qui font la diversité culturelle du monde. Tant que ces regroupements ont lieu sur une base volontaire, il ne s'y trouve rien de dangereux. Ce à quoi nous nous objectons fondamentalement, toutefois, c'est à la transformation de ces groupes en rackets d'extorsion par l'entremise du pouvoir politique. Lorsque les Si vous acceptez et défendez vraiment une telle situation d'exploitation parasitaire – j'ose encore espérer que ce n'est pas le cas –, qu'il s'agisse des régions ou d'une autre problématique, c'est que finalement, pour vous, les individus ne sont pas vraiment la seule chose qui importe. Ce qui vous importe, ce sont les notions collectivistes abstraites qui justifient l'étatisme et qui favorisent certains aux dépens des autres. Il n'y a bien sûr rien d'exceptionnel là-dedans, c'est ce point de vue que la propagande dominante vous assène où que vous vous tourniez. Mais permettez-nous de différer d'opinion et de l'exprimer, en toute cohérence, dans les pages de notre journal. Bien à vous, M. M. |
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