Montréal, 19 février 2000  /  No 56
 
 
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Christophe Vincent travaille dans l'informatique et vit à Paris. On peut lire ses textes sur Le champ libre
 
HUMOUR
   
LAFONTAINE ET
L'EXCEPTION CULTURELLE FRANÇAISE
 
par Christophe Vincent
  
  
          « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute » disait très justement Lafontaine.  
  
          Les artistes français font vibrer chez nous la fibre nationale. Ils nous disent que nous sommes exceptionnellement cultivés, que nous sommes l'élite intellectuelle de cette terre, bref les « phénix des hôtes de ces bois ». Est ce dans le but de nous piquer notre fromage? C'est ce que semble indiquer cette fable de Lafontaine authentique, inédite et prémonitoire: 
 
  
 
LE FRANÇAIS, L'ARTISTE
ET LE PERCEPTEUR  

          Un Français assez haut perché dans son estime, veillait sur le peu d'argent que lui avait laissé le fisc.    

          Un Artiste par l'odeur alléché lui tint à peu près ce langage: « Mon cher compatriote. Que vous êtes intelligent! Que vous me semblez cultivé! Vous faites indubitablement partie du peuple le plus éclairé de cette terre, le peuple français. Notre belle culture est pourtant mise à mal par la concurrence déloyale de celle d'autres peuples barbares (les Américains). Ne pensez-vous pas que l'État Français devrait subventionner ce génie artistique et culturel qui fait notre supériorité sur le reste du monde? »    

          À ces mots, le Français qui ne se savait pas si intelligent et cultivé, ne se sentit plus de joie et répondit: « Assurément! L'État doit subventionner notre grande et belle culture. »    

          L'Artiste salua le Français et prit congé, content du tour qu'il venait de lui jouer.  
   
          Un Percepteur se présenta alors, et réclama au Français un peu d'argent. Comme celui-ci protestait qu'il avait déjà payé ses impôts, le Percepteur lui répondit: « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute et que les subventions de l'État à la culture ne tombent pas du ciel mais viennent de votre poche. Si l'Artiste vous a fait du boniment, c'est uniquement pour vous prendre un peu de votre argent. Cette leçon vaut bien une taxe sans doute. »     

          Le Français honteux et confus, jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.   
 

  
   
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