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Montréal, 3 février 2001 / No 76 |
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par
Pierre Desrochers
La crise énergétique californienne fait depuis quelques semaines les beaux jours des chantres de l'interventionnisme étatique. Comme on pouvait s'y attendre, le journaliste Louis-Gilles Francoeur du Devoir a repris les positions d'un tenant des énergies alternatives pour qui cette situation est en train de provoquer un |
La situation n'est évidemment pas aussi simple, ne serait-ce que
parce que la privatisation du secteur énergétique a été
couronnée de succès en Pennsylvanie et dans d'autres États
américains. En fait, plusieurs commentateurs ont souligné
que la crise californienne est le résultat inévitable de
décisions politiques et non pas de défaillances du marché.
Je vais maintenant présenter sommairement leur point de vue.
Une Le processus politique ayant mené à la restructuration de l'industrie énergétique californienne en 1996 est typiquement présenté comme une déréglementation. La chose est pour le moins bizarre lorsque l'on considère que:
En fait, la chambre des représentants californiens, sous la coupe à l'époque du Parti Démocrate, adopta unanimement la nouvelle loi. Lorsque l'on sait que l'aile californienne du Parti Démocrate est sans doute la plus socialisante du principal parti de gauche américain, on est en droit de se poser quelques questions. Le plus drôle dans cette histoire, c'est que cette restructuration fut le résultat du lobbying de producteurs d'électricité californiens en difficulté financière qui cherchaient à imposer un prix de vente fixe aux consommateurs. Ils croyaient en effet que le prix que les politiciens imposeraient aux consommateurs leur serait très lucratif et leur permettrait de renflouer leurs finances.
Aucun producteur n'avait toutefois envisagé que le coût de production de l'électricité allait grimper en flèche au cours des années suivantes, tout comme le prix du pétrole et du gaz naturel sur le marché mondial. Si ce processus de restructuration nous enseigne quelque chose, c'est que les politiciens sont toujours davantage à l'écoute de puissants intérêts particuliers que du bien public. Le syndrome NIMBY Une autre composante essentielle de cette crise a été l'opposition systématique à la construction de nouvelles centrales. La croissance spectaculaire de l'économie californienne au cours de la dernière décennie s'est traduite par une hausse de la demande supérieure à 30%, tandis que la capacité productrice de l'État n'a augmenté que de 6%. Dans presque tous les cas, des citoyens conscientisés et bien intentionnés ont fait preuve du syndrome NIMBY ( De plus, des pressions publiques et politiques, menées le plus souvent par des groupes environnementalistes, ont conduit à la fermeture de centrales nucléaires au charbon et à l'huile pour les remplacer par des installations fonctionnant au gaz naturel. Il est vrai que ces dernières sont un peu moins polluantes, mais elles sont beaucoup plus dispendieuses à faire fonctionner. De plus, en haussant artificiellement la demande de gaz naturel, on se trouve à faire augmenter son prix à court terme et par le fait même le coût de production de l'électricité. Malgré tous les discours environnementalistes sur les La seule solution, une véritable privatisation Louis-Gilles Francoeur et d'autres commentateurs tirent une leçon bien simple de l'expérience californienne: Que le gouvernement québécois se garde de suivre les conseils des idéologues favorables à l'économie de marché! En pratique toutefois, une véritable privatisation est la seule façon de régler le problème californien. La déréglementation du prix de vente au détail, de l'achat de l'électricité en gros, ainsi que la construction de nouvelles centrales qui pourront appartenir aux distributeurs sont des étapes obligées vers un redressement de la situation. Au lieu de blâmer la main invisible du marché, Louis-Gilles Francoeur et ses collègues pourraient se donner la peine de faire un minimum de recherche, ce qui les amèneraient à constater que la main bien visible des politiciens et des fonctionnaires a, une fois de plus, rendu la vie plus misérable aux consommateurs.
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