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Montréal, 4 août 2001 / No 86 |
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par
Gilles Guénette
Une récente étude réalisée pour le compte de l'Université de Washington démontre à quel point il est facile d'implanter de faux souvenirs (false memories) dans la tête des gens. À l'aide de publicités bidon, la psychologue Si l'on peut si facilement implanter de faux souvenirs dans la tête de quelqu'un (des souvenirs du genre, |
Les
sceptiques seront confondus
Depuis des années, on nous les casse avec 1) l'état de santé du livre qui serait plus que précaire au Québec et au Canada anglais et 2) le fait que les jeunes ne lisent tout simplement plus de nos jours. Devinez quoi? Deux nouvelles publications démolissent ces fausses croyances et démontrent comment nous nous sommes tous fait royalement bourrer le crâne. L'économiste Marc Ménard publiait en mai Les chiffres des mots, un ouvrage qui démontre, chiffres à l'appui, que la situation du livre dans la Belle Province est loin d'être si sombre et désespérée qu'on le prétend. De plus, les petites librairies indépendantes – oui, oui, celles-là même qui sont en croisade pour le prix unique du livre depuis des siècles et qui abreuvent les médias avec leurs
Ainsi, alors même que les indépendantes menaient leur campagne pour une plus grande protection de l'État, leurs revenus totaux passaient de 74.9 millions $ en 1996-97, à 77.4 millions $ en 1997-98, à 80.3 millions $ en 1998-99 (Les chiffres des mots, Tableau 7.9, p. 210). C'est vrai que les choses vont de mal en pis! Quand on dit qu'on peut faire apparaître Bugs Bunny dans la tête des visiteurs de Disneyland... D'analphabètes et de menteurs Un peu plus tôt cette année, Robert Wright, auteur et professeur d'Histoire à la Trent University de Peterborough, publiait Hip and Trivial: Youth Culture, Book Publishing, and the Greying of Canadian Nationalism, un essai qui démolit, entre autre, la croyance qui veut que les jeunes Canadiens ne lisent plus. Les jeunes d'aujourd'hui lisent plus que n'importe quel autre groupe avant eux, ils ne lisent tout simplement pas ce que certains voudraient les voir lire. À l'aide de nombreuses statistiques, Wright démontre que oui, les jeunes d'aujourd'hui lisent plus que ceux d'autrefois, mais qu'ils ne lisent pas nécessairement des romans de Margaret Atwood ou de Michael Ondaatje (préférant une littérature plus près de leur réalité, les magazines, internet, etc.) Comme l'explique Wright dans Hip and Trivial, toute l'industrie canadienne du livre (édition et commentaire) s'est développée sur les goûts et les aspirations des baby boomers – groupe auquel font partie ceux qui délient actuellement les cordons de la bourse publique. Or, les jeunes ne se reconnaissent pas nécessairement dans cette dynamique: If [...] the Canadian Lit phenomenon [is] rooted in an historically specific nationalist project that achieved critical mass in the early 1970s, one that coincided with the formative years of the baby boom cohort, it would seem a matter of small significance for Canada's literary/publishing culture that subsequent cohorts – the children of Free Trade, NAFTA and globalization – seem to be far less nationalist than their elders.Les résultats de deux importantes études sur les habitudes de lecture des Canadiens – Reading in Canada 1991 de Frank L.Graves et Timothy Dugas (1992) et The Reading and Purchasing Public de Nancy Duxbury (1995) – appuient les dires de Wright qui en vient à conclure que: Taken together, [these two studies] affirm the following features of young Canadians' encounter with the culture of print: a) that, in the early 1990s at least, youth were highly disposed to read; b) that they were, at 90 percent, more likely than any other age group to identify themselves as book readers; and c) that, although they were not the most voracious book readers (a distinction consistently claimed by Canada's ostensibly illiterate seniors), they were spending approximately 25 percent more time in an average week reading books than the same age group had in 1978.Réalités trafiquées Si Les chiffres des mots et Hip and Trivial démontrent une chose, c'est que des gens installés en position de pouvoir (tant dans le secteur public que privé) trafiquent souvent la réalité pour arriver à leurs fins. À titre d'exemple, Robert Wright parle de l'influent rapport Broken Words commandé par le géant de l'édition Southam Inc. et qui a eu, tout au long des années 1990, un impact certain sur toute l'industrie de l'alphabétisation au pays. Que des fondations privées ou de grandes entreprises évaluent différents aspects de la réalité pour agir personnellement sur le terrain et tenter de remédier à ce qu'ils ont trouvé... rien à redire là-dessus. On ne peut que souligner de telles démarches et souhaiter que d'autres en fassent autant. Mais ce n'est pas comme ça que les choses fonctionnent au Canada. En matière sociale, les gouvernements sont les principaux Peut-on s'attendre à autre chose d'un système où les gouvernements subventionnent un secteur X à la lumière d'études réalisées par ce même secteur? Non. Mais comme nos élus n'ont pas le temps de vérifier toutes les données rapportées – pourquoi le feraient-ils? Ils ont une étude en main –, ils se fient aux évaluations du milieu et Sans doute, les politiciens sont conscients du conflit d'intérêt flagrant, mais comme ils ont aussi besoin de ces Et les exemples de phrases creuses du genre abondent: On pourrait continuer comme ça des heures durant, sauf que l'exercice serait ennuyeux. La prochaine fois que vous lirez un gros titre du genre
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