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Montréal, 13 octobre 2001 / No 90 |
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par
Marc Grunert
Depuis le 11 septembre, les personnes individuelles (pardon pour cette redondance utile) semblent ne plus avoir d'existence propre. Un comble, tout de même, alors que des milliers de vies ont été anéanties. Dans le monde étatisé où nous vivons, agresser un ensemble d'individus suffisamment représentatifs, c'est l'équivalent d'agresser l'État. Lorsque le crime est plus massif c'est même tout l'Occident – c'est-à-dire son poste avancé, la communauté des hommes de l'État – qui est agressé. Pour les dévots de l'État mondial, c'est l'ordre international qui est menacé. Dès lors, une furie collectiviste s'empare des esprits et le langage lui-même s'arme pour mener la guerre de civilisations que l'on nous promet. |
Ainsi dans le numéro 320 des 4 vérités hebdo (www.les4verites.com), quelques phrases nous indiquent que l'État, l'essence même des conflits, est appelé à devenir le sauveur de la civilisation. Ce magazine français qui se dit pourtant de droite Claude Reichman conclut ainsi dans son article intitulé Alors que l'État incarne la régression de la civilisation, le voilà paré des vertus de sauveur de l'Occident. Monsieur Reichman sait-il que l'État démocratique n'a aucune raison de devenir ce qu'il souhaite? D'une part parce qu'il a sa logique propre qui est de maximiser son pouvoir discrétionnaire (voir Anthony de Jasay, L'État) et qu'en plus il peut changer de main. On peut ajouter que c'est l'État qui a invité les immigrés, qui les a parqués dans des logements sociaux, qui les traite, au même titre que tous les Français, comme un cheptel de moutons, en les incitant à procréer pour toucher des allocations. C'est aussi l'État qui accueille les pseudo réfugiés politiques comme ces religieux islamistes qui prêchent la guerre sainte. Moi je n'ai accueilli personne. C'est l'État qui accueille. Alors il faudrait inverser les valeurs de l'État et tout serait joué? Belle naïveté!
Mais peut-être avons-nous Quant au Avec Guy Millière on atteint un sommet dans l'art d'abuser des abstractions collectives. Pour quelqu'un qui a co-traduit La constitution de la liberté de Hayek, voilà qui est désolant. Ce retour à l'esprit colonial démontre que l'État mondial est désiré par la droite comme par la gauche. Pour la droite il s'agit de s'en servir comme d'un instrument pour étendre, de manière résolument planifiée, la civilisation occidentale; pour la gauche l'État mondial est l'occasion de réaliser la démocratie planétaire, vaste marché politique où s'opérera le marchandage des droits sociaux et une redistribution des PIB entre les États. Pour une description réaliste de cet enfer social on pourra se reporter aux analyses de Hans-Hermann Hoppe (voir LA DÉMOCRATIE sur le site de Liberalia). Dans tous les cas, la grande vision politique de nos intellectuels de droite ou de gauche réside dans l'avènement d'une grande tribu mondiale, avec ses chefs et ses sacrifices rituels. La souveraineté individuelle, qui aurait pu devenir la grande oeuvre éthique des Occidentaux, est en train de sombrer. C'est ça, la décadence.
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