Montréal, 27 octobre 2001  /  No 91  
 
<< page précédente 
  
  
 
 
François Morin est conseiller financier dans la région de Québec.
 
BILLET
 
LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE HYPOCRITE 
DU CANADA
 
par François Morin
  
  
          Je m'étais promis de ne pas revenir sur les événements du 11 septembre mais c'est plus fort que moi, bye bye résolution. 
  
          Il semble que deux camps s'affrontent sur les raisons pour lesquelles ces attentats sont arrivés. Plusieurs sont d'avis que l'interventionnisme américain sur le plan de sa politique étrangère est à l'origine des attaques. Ces gens croient qu'une position politique du genre, « mêlons-nous de nos affaires et tout ira bien » devrait être adoptée par l'Amérique. C'est la politique qu'adopte la Suisse depuis belle lurette. Les autres, sans nécessairement être 100% interventionnistes, sont en accord avec la politique étrangère des Américains. 
 
          La position de plusieurs Canadiens semble pencher vers le premier discours… quelque chose comme, ils l'ont bien cherché. Bien entendu, nous ne le crions pas sur les toits, sauf peut-être notre ami Falardeau, mais c'est à tout le moins ce que plusieurs pensent tout bas. 
  
Vivre avec son choix 
  
          Que nous soyons pour ou contre l'interventionnisme, nous nous devons de l'être à 100%. Ceux qui prônent le non-interventionnisme doivent accepter que les Américains n'interviendront plus jamais dans aucun conflit. Plus de Kosovo, Koweit, Vietnam, débarquement de Normandie, appui à Israël, Somalie, Corée, etc. On ne peut condamner certaines interventions et en appuyer d'autres. À compter de maintenant, plus jamais nous ne dirons oui à une demande d’aide de la part d’une nation étrangère. Cette position a comme bénéfice d’éviter une perduration des conflits en plus de diminuer le nombre de nos ennemis. C'est une position que partagent plusieurs libertariens et qui a beaucoup de sens. Malheureusement, l'homme est un être de sentiments et ce genre de position est extrêmement difficile à adopter. 
  
          Lorsqu'on s'appelle les États-Unis et que la planète vient frapper à notre porte, on se doit de répondre. Les choix sont toujours difficiles à faire. Peu importe l'orientation choisie, on se retrouve toujours les mains tachées de sang. Le leader du monde libre a une tâche ingrate et il ne peut s'en défaire. Aucune chance que ça arrive chez nous. 
  
     « Si nous voulons jouer la carte non interventionniste, alors jouons-la jusqu'au bout, comme la Suisse. Cessons de nous mêler de ce qui ne nous regarde pas et ne nous attendons plus à aucune aide si jamais notre souveraineté était attaquée. »
  
          Pour ce qui est de la position interventionniste, eh bien, il y a peu à dire. Nous devons accepter de vivre avec le fait que chaque fois que nous appuyons un ami, nous créons un ennemi. Je crois sincèrement que toutes les fois que nous appuyons une nation dans sa quête de liberté nous le faisons en étant convaincus que notre action minimisera les effusions de sang. L'histoire nous démontre toutefois que les résultats varient. 
  
Le Canada n'a pas su choisir son camp 
  
          À la suite des événements de septembre dernier, le Canada comme toujours n'a pas su choisir son camp rapidement. Comme c'est son habitude, il a plutôt opté pour une position ambiguë. C'est une position de lâche et nous devons tous avoir honte. Nous aurions dû être les premiers avec l'Angleterre à appuyer notre ami. D'ailleurs, sera-t-il encore longtemps notre ami? Si j'étais américain, je remettrais sérieusement nos relations en question. 
  
          Ne vous méprenez pas, je ne suis pas nécessairement pro-américain ou si vous préférez, pro-interventionniste. Je dis haut et fort que nous devons appuyer, à tout le moins moralement, les Américains car toute notre politique militaire est basée sur l'interventionnisme. Notre armée, c'est une vraie farce et d'ailleurs les Anglais nous l'ont clairement fait savoir il y a deux semaines. Aucun pays qui se respecte n'oserait avoir un tel ramassis d'incompétents pour le protéger. Je passerai outre l'état de notre armement militaire. Pourquoi une puissance économique tel le Canada est-elle si mal en point militairement? La réponse est simple et vous la connaissez: il est inutile d'avoir une armée qui se respecte, nous avons un grand frère au sud qui ne permettra jamais qu'un ennemi nous envahisse. Un ennemi au Canada, c'est un ennemi aux portes des États-Unis! Pourquoi se forcer le derrière et dépenser une fortune en armements si, de toute manière, notre ami nous sauvera? 
  
          C'est une position totalement inacceptable et j'ai franchement honte d'être canadien! Notre position militaire est une acceptation tacite de l'interventionnisme américain. En retardant notre appui, nous devenons des hypocrites de premier ordre. J'ai honte de nos dirigeants politiques, j'ai honte de tous ces Canadiens qui crachent sur nos amis tout en espérant leur aide en cas de conflit. Nous sommes des lâches. 
  
          Si nous voulons jouer la carte non interventionniste, alors jouons-la jusqu'au bout, comme la Suisse. Cessons de nous mêler de ce qui ne nous regarde pas et ne nous attendons plus à aucune aide si jamais notre souveraineté était attaquée. Agissons conformément à notre discours. Pour l'instant, nous jouons double jeu. Au Canada, nous vomissons sur nos amis de peur de froisser nos ennemis, c'est de la traîtrise à peine cachée. C'est tout simplement scandaleux, inacceptable, honteux, c'est un mépris total pour un pays allié à qui nous devons tant. 
  
          Bon, je vais prendre mon Prozac, salut! 
  
 
Articles précédents de François Morin
 
 
<< retour au sommaire
 PRÉSENT NUMÉRO