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Montréal, 10 novembre 2001 / No 92 |
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par
Yvon Dionne
À la lecture de cette parution récente de Pierre Lemieux, j'ai constaté que nous avions beaucoup en commun. Bien sûr nous avons tous les deux une Remington 30-06 et une arme qui a été prohibée par diktat des statocrates(1) mais il y a plus. Lemieux a été hors-la-loi; je dis Pourtant Pierre a contesté, s'est opposé ouvertement à certaines questions, alors que moi j'ai été docile, me disant qu'il vaut peut-être mieux m'écraser... pour éviter les emmerdements, ayant l'habitude de me comporter comme un citoyen respectueux des lois même quand ces lois sont stupides (j'aurais même un Ce livre est celui d'un coureur des bois. L'expression nous vient du régime français. Elle prend aujourd'hui une signification élargie à tous ceux qui aiment, écrit Lemieux, |
On se plaît à dénoncer, dans certains milieux, le cléricalisme
et la Les deux régimes, dit Lemieux, se caractérisent par une grande frayeur: dans un cas c'est la peur du diable (même si l'Église se chargeait souvent de nous faire payer ici-bas), dans l'autre c'est celle de la loi (nombreux permis, amendes, et la prison si vous résistez jusqu'au bout). L'un ou l'autre, ce n'est pas marrant. Les policiers en soutane, au moins on pouvait en rire. On nous enseignait que l'autorité venait de Dieu, de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Si on est athée, on n'a rien à rendre à Dieu, même pas la dîme; quant à César, ce qu'il a vient de nous et il le prend de force; il était moins sangsue il y a quarante ans. La montée de la réglementation de la vie Il était révélateur (quand on comprend la novlangue) d'entendre la ministre fédérale de la Justice Anne McLellan se portant à la défense de sa loi antiterroriste parler d'un Elle administre aussi la loi sur les armes à feu, l'ayant héritée de son auteur Allan Heil! Rock. Cette loi n'est qu'un des nombreux champs où l'État intervient au nom d'une mission sanitaire afin de réduire les risques, qu'il souhaite à zéro, sans égards aux coûts, de tout ce qui comporte un danger réel ou présumé pour la santé et la sécurité. Armes à feu, alcool, tabac, internet, aux douanes où l'on vous demande où vous êtes allés à votre retour au Canada, casques à vélo, embarcations de plaisance, médicaments, dossiers médicaux, tout y passe. Dès le bas âge, les enfants sont placés en garderie. Il n'y manque qu'un tamisage de ceux qui seraient appelés à procréer, via un permis de parent. C'est une renaissance de l'eugénisme qui, ayant cours au début du XXe siècle dans plusieurs pays, avait inspiré le régime nazi. Nous avons été conditionnés à obéir aux décisions qui viennent de haut. La publicité gouvernementale claironne à tous vents que l'État veut notre bien et que les législateurs travaillent pour le bien commun. Les lois jouissent donc au départ d'un préjugé favorable que l'État exploite à fond. Les individus étant habitués à saliver aux solutions collectives, l'esprit critique est neutralisé. Pour vaincre l'opposition le conditionnement se fait souvent par étapes. Par exemple, la carte d'identité n'est pas encore obligatoire mais le directeur de l'état civil (celui qui a émis de faux actes de naissance à des terroristes) l'émet déjà sur une base volontaire. De plus, comme les lois ne donnent jamais les résultats attendus par les statocrates, elles sont continuellement amendées et généralement les contrôles sont resserrés. C'est ce qui s'est produit avec le contrôle des armes à feu. Nous pouvons bien sûr protester, résister, mais les moyens à notre disposition sont disproportionnés par rapport à ceux des statocrates qui puisent à volonté dans l'argent des contribuables. Une loi scélérate Les lois prohibitionnistes produisent toujours l'effet contraire qu'elles recherchent. Elles augmentent la criminalité au lieu de la réduire. Elles font souvent de citoyens honnêtes des hors-la-loi en les assommant d'interdictions. C'est le cas de la loi sur les armes à feu. La loi de 1995 sur les armes à feu élargit l'ancienne autorisation d'acquisition (AAAF) de 1977 à tous les propriétaires d'armes à feu (même au vieux fusil du grand-père) et impose l'enregistrement de toutes les armes, enregistrement qui ne s'appliquait qu'aux armes de poing (revolvers, pistolets) et en général à toutes les armes dites à autorisation restreinte. Toutes les dispositions de contrôle des armes de poing s'appliquent désormais aux armes de chasse, sauf que les premières ne peuvent être utilisées que pour se rendre à un club de tir approuvé par la police. La brochure de Guy Chevrette sur les règlements de la chasse pour 2001/2002 contient un résumé de la législation fédérale sur les armes de chasse. Cette loi fédérale a été appuyée par le Parti québécois et le Bloc québécois (par Pierrette Venne en particulier). Après vérification auprès d'un agent de la faune, ceux-ci n'auraient pas le mandat, pour l'instant du moins, (au gouvernement il faut un mandat pour faire quelque chose) d'appliquer la loi fédérale. C'est la Sûreté du Québec qui l'a. Qu'ils chassent ou non sur un terrain privé, les chasseurs doivent avoir en leur possession leur permis d'armes à feu et le certificat d'enregistrement des armes qu'ils transportent, en plus bien sûr de leur certificat de chasseur, du permis de chasse et de leur permis de conduire...
J'ai trouvé dans mes filières un article de Pierre publié dans Le Devoir le 2 septembre 1992: 1) Outre que les cours de conduite automobile ne sont même plus obligatoires au Québec, le renouvellement du permis de conduire est presque automatique. Vous n'avez pas à remplir à tous les cinq ans un long questionnaire qui vous demande, par exemple, si vous avez perdu votre emploi et qui exige que deux personnes attestent que vous dites la vérité; 2) L'immatriculation d'une automobile (achat, vente ou renouvellement) est relativement aisée et rapide. En fait, l'immatriculation et le permis servent principalement à lever des taxes; 3) Vous n'êtes pas passible d'emprisonnement si une automobile est garée dans votre cour pour 4) Sauf pour les automobiles ayant servi à perpétrer des actes criminels il n'y a pas de confiscation sans compensation. Les armes à feu peuvent être confisquées, et tous les permis avec, si la police croit qu'il y a des motifs raisonnables de croire que vous êtes coupable d'un délit (si vous avez un visiteur qui vous dénonce parce qu'il a vu une arme qui n'était pas entreposée ou rendue inopérante, c'est un délit!). 5) Au contraire d'une arme à feu, ce n'est pas un crime passible d'emprisonnement si vous ne rangez pas votre automobile dans un garage où tous les accès sont verrouillés. Deux ans selon l'article 86 du Code criminel! 6) La police ne téléphone pas à vos voisins pour savoir si vous prenez de l'alcool au volant même si Guy Chevrette encourage la délation. Etc. Etc. Mon expérience des contrôles relatifs aux armes de poing m'oblige à conclure, à l'instar de Pierre Lemieux, qu'il y aura une diminution significative du nombre de chasseurs sans que cela affecte les criminels. De plus, le braconnage pourrait s'accroître. Comme la faune n'appartient à personne, puisqu'elle appartient à tous, le chasseur qui n'aura pas obtenu du souverain – l'État – le privilège de chasser n'aura d'autre voie que de braconner. Ces restrictions, écrit Lemieux, Pour ce qui est de l'avenir, Pierre écrit que le scénario le plus probable Cette loi a été concoctée par de petits groupes (directeurs de police, activistes, politiciens) qui ont exploité la tragédie de l'École polytechnique de décembre 1989. Les coûts d'implantation atteignent déjà Il est aussi possible qu'il y ait une révolte de quelques individus, révolte qui pourrait se manifester de façon brutale. Peut-on présumer de la réaction docile d'un chasseur à qui un agent de la SQ demande des papiers qu'il n'a pas? S'il a une arme sans permis il pourrait passer dix ans en tôle. Quelle serait la réaction d'un individu révolté de tant de contrôles si des policiers frappaient à sa porte pour fouiller son domicile (le refus de produire les permis implique la saisie immédiate: art. 117.03 du Code criminel)? Imaginons le pire. Et là la chorale des étatistes va réclamer que l'on assaille de nouveau tous les criminels potentiels d'interdits encore plus draconiens. Pourtant, c'est leur loi qui aura incité ces gens à réagir violemment. Reste la désobéissance civile de milliers de chasseurs qui mettraient du gravier dans l'engrenage du concasseur des statocrates. Un exemple: nous avons jusqu'au 1er janvier 2003 pour enregistrer toutes les armes de chasse. Il suffit d'attendre à la dernière minute pour engorger leur système. De plus, le marché pour les armes enregistrées risque d'être de plus en plus restreint et il y aura moins d'acheteurs que de vendeurs. Pierre n'en parle pas mais j'estime qu'il pourrait y avoir un marché noir florissant pour les armes de chasse. Thomas Paine(5) disait en 1776 que le rôle de l'État, faute de ne pas avoir d'État, est de protéger la liberté des individus; cependant, il ajoutait que l'État Le livre de Pierre Lemieux va dans ce sens.
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