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Montréal, 5 janvier 2002 / No 95 |
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par
Marc Grunert
Dans un article du magazine Le Point (28 décembre 2001, |
Dans cet éditorial, Jean-François Revel considère
avec ironie Ce que Revel désigne ironiquement par On comprend bien l'intention ironique de Revel: les socialistes vénèrent l'État, mais ils n'ont produit qu'une bureaucratie protéiforme, qu'un L'inconvénient dans cette analyse est sa faiblesse théorique, son pragmatisme utopique(!). Revel oppose clairement l'État tel qu'il est à un État tel qu'il devrait être et tel qu'il pourrait être, selon lui. Cette vision angélique de l'État est théoriquement et pratiquement insoutenable. La pratique, l'expérience, si chères à Jean-François Revel, devraient le conduire à constater qu'un État idéal, disons veilleur de nuit, pourrait exister un instant mais ne peut pas durer. Il est illusoire de penser que revenir à un État qui accomplit sa mission et rien que sa mission, quel que soit le sens plus ou moins extensible que l'on peut donner à ce terme, puisse résister à la logique de la croissance de l'État démocratique. Les pragmatiques, qui veulent toujours garder en ligne de mire ce qu'ils croient être politiquement possible, ne souhaitent pas tirer les conséquences logiques de la déconstruction du mécanisme de l'État démocratique. Une logique qui conduit pourtant irrémédiablement à l'extension du pouvoir discrétionnaire de la bureaucratie, au règne du clientélisme et à la loi des groupes de pression et donc à la faillite de leur conception de l'État démocratique fort, veilleur de nuit, gardien des Droits individuels. Si l'on abandonne la tournure d'esprit utilitariste et incohérente, qui domine encore chez les libéraux français (mis à part les économistes comme Pascal Salin, Bertrand Lemennicier, Henri Lepage...), on trouvera fort convaincantes les démonstrations de la logique de l'État si clairement exposées par Murray Rothbard dans L'éthique de la liberté (voir:
Une démonstration plaisante de la nature de l'État est exposée ainsi par Rothbard: Imaginons plusieurs marchands de frites dans un même quartier. Un jour, l'un d'entre eux, le dénommé Beulemans chasse tous ses concurrents par la force et donc établit par la violence un monopole de la vente des frites sur son territoire. La violence de Beulemans dans l'établissement et le maintien de son monopole est-elle essentielle pour l'approvisionnement du quartier en frites? À l'évidence, non. Car non seulement il y avait des concurrents auparavant, non seulement on verrait apparaître des concurrents potentiels dès que Beulemans aurait négligé de faire usage de la violence et de l'intimidation, mais, bien plus, la science économique démontre que cette entreprise, protégée par un monopole coercitif, ne rendra pas efficacement les services que l'on en attend. Isolé de la concurrence par la force, Beulemans peut se permettre d'être trop cher et relativement mauvais dans l'offre de ses services puisque les consommateurs n'ont pas d'autre choix. Et si un mouvement apparaissait pour réclamer l'abolition du monopole violent imposé par Beulemans, il y aurait vraiment peu de gens pour s'y opposer en prétendant que les abolitionnistes conspirent pour priver les consommateurs des frites qu'ils aiment tant. Or, l'État n'est rien d'autre que notre Beulemans imaginaire à un niveau gigantesque et totalitaire.C'est ainsi que, pour reprendre les termes de Pascal Salin dans Libéralisme, l'ennemi est l'État. Et cela quelle que soit sa forme, car, pour reprendre les mots de Rothbard: Dans ce même ouvrage, Rothbard s'interroge sur Or une des stratégies proposée par Bertrand Lemennicier serait de voter nul en utilisant un bulletin sur lequel figurerait l'article 2 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 inscrit au préambule de la constitution de 1958: Article 2 - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. (le texte entier de la déclaration est sur: www.liberte.ch/histoire/ddhc/)Cette idée doit faire son chemin.
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