La coalition des États qui seraient les bénéficiaires
d'une réparation d'une injustice historique n'est visiblement pas
satisfaite de la conférence de Durban. « Ce devait
être "une occasion rare pour l'humanité de prendre son avenir
en main", selon la haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme,
Mary Robinson. Ce fut, à maints égards, un rendez-vous manqué.
Quatre mois après sa clôture officielle, la Conférence
mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie
et l'intolérance, qui s'est tenue du 31 août au 8 septembre
2001 à Durban, en Afrique du Sud, continue de diviser la communauté
internationale. » (Le Monde.fr:, «
L'ONU prise au piège de la conférence de Durban
», 10 Janvier 2002.)
Ainsi « l'humanité » pourrait prendre son
avenir en main. C'est avec des abstractions collectives de ce genre que
les hommes de l'État mondial onusien, et les élites qui les
soutiennent, tentent de mystifier l'opinion publique. Personne ne peut
être mandaté pour décider de l'avenir de l'humanité
au nom d'elle-même. On ne voit pas en quoi les chefs d'États,
les fonctionnaires de l'ONU, les personnalités éminentes,
pourraient s'arroger le Droit de prendre en charge le Bien de l'Humanité.
Ils se prennent pour Dieu ou quoi?
Au
nom de qui?
L'article du Monde souligne que « déjà,
les travaux préparatoires avaient laissé apparaître
au grand jour de profondes divergences sur des questions aussi épineuses
que le Proche-Orient et la demande de réparations, avancée
par des pays africains, pour l'époque de l'esclavage et de la colonisation,
sans négliger la situation des peuples autochtones, toujours privés
de leurs droits les plus élémentaires dans les Amériques
et ailleurs, ou encore le sort des travailleurs migrants et des réfugiés.
»
Il serait utile de revenir sur la question de l'esclavage, de la colonisation
et des réparations éventuelles. L'esclavage est une atteinte
manifeste au Droit de propriété de chacun sur sa propre personne.
Qui peut réclamer une réparation? Les victimes ou leurs ayants
droit, s'ils existent. Qui doit payer? les agresseurs ou ceux qui détiennent
les titres de propriété illégitimes. Or nous sommes
dans une situation où des États réclament des réparations
à d'autres États. Cette prétention est totalement
illégitime. D'une part les individus ne sont pas responsables des
actes commis par les hommes de l'État. D'autre part, la notion de
dette historique d'un État envers un autre n'a pas de sens.
« Ce ne sont pas des États qui ont été victimes
de l'esclavage ou de racisme, mais des êtres humains, qui sont, d'ailleurs,
tous morts. La seule manière de réparer l'injustice de l'esclavage
est de conduire une multitude d'enquêtes pour savoir si des individus
spoliés possèdent encore des droits de propriété
légitimes. » |
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Ce ne sont pas des États qui ont été victimes de l'esclavage
ou de racisme, mais des êtres humains, qui sont, d'ailleurs, tous
morts. La seule manière de réparer l'injustice de l'esclavage
est de conduire une multitude d'enquêtes pour savoir si des individus
spoliés possèdent encore des droits de propriété
légitimes. Mais le fait d'avoir eu, dans son ascendance, un esclave
comme parent, donne-t-il un droit quelconque à faire valoir devant
les descendants des agresseurs? À mon avis, c'est en ces termes
qu'il faudrait poser le problème de la réparation. Seuls
les individus spoliés ou agressés peuvent réclamer
une réparation, pas un État. Les faits historiques justifient
que les populations africaines devraient commencer par rétablir
la justice d'abord chez eux. En effet, comme le rappelle Lord Bauer:
Le commerce des esclaves entre l'Afrique et le Moyen-Orient a précédé
de plusieurs siècles la traite atlantique, et a duré beaucoup
plus tard. L'esclavage était endémique dans presque toute
l'Afrique bien avant l'apparition de la traite des Noirs vers le Nouveau
Monde, et ce sont les Occidentaux qui l'ont finalement réprimé.
Arabes et Africains ne semblent pas se sentir coupables à propos
de l'esclavage et du trafic des esclaves; mais les Européens et
les Américains ont souvent du remords à ce sujet, et l'on
veille à ce qu'ils en aient. Pourtant, c'est à leurs efforts
qu'est dû le fait que ces pratiques aient été en grande
partie éliminées. Le complexe de culpabilité est une
prérogative des Occidentaux. (Peter Bauer, « Mirage
égalitaire et Tiers-Monde »)
En ce qui concerne la colonisation, elle fut un crime. C'est évident.
Les Droits des indigènes ont été piétinés
et les considérations utilitaristes, du style « on
leur a apporté la civilisation » ne justifient
pas la violation du Droit. Mais, là encore, les États sont
bien mal placés pour réclamer une réparation. D'autant
plus que leur argumentation se fonde sur le fait erroné que les
pays africains colonisés auraient été exploités
et appauvris par la colonisation. Or c'est tout le contraire. Ce sont les
États colonisateurs qui se sont appauvris par cette croisade civilisationnelle.
Et les Occidentaux ont apporté la prospérité à
des régions pauvres. Les exemples de contre-vérités
sont multiples. En voici un, donné par Peter Bauer:
« Nous avons pris le caoutchouc à la Malaisie,
le thé à l'Inde, les matières premières à
toutes les parties du monde, et nous ne leur avons pratiquement rien donné
en retour. » [dixit un procureur tiers mondiste].
C'est sans doute là le maximum de contre-vérité qu'il
soit possible de trouver. Les Britanniques ont apporté le caoutchouc
à la Malaisie, et le thé à l'Inde. Il n'y avait pas
d'hévéas en Malaisie, ni nulle part en Asie (ce qu'indique
le nom botanique: Hevea braziliensis) jusqu'à ce que les
Britanniques, il y a environ cent ans, aient importé les premières
semences de la jungle amazonienne. C'est de là qu'a surgi l'énorme
industrie du caoutchouc – aujourd'hui largement propriété
d'Asiatiques. Les plants de thé furent importés aux Indes
par les Anglais un peu avant; leur origine est indiquée par le nom
botanique Camilla sinensis de même que par l'expression «
all the tea in China ». (Peter Bauer, «
Mirage égalitaire et Tiers-Monde »)
Une
notion philosophique
Les exigences de réparation de l'esclavagisme s'appuient maintenant
sur la notion de « crime contre l'humanité
» au nom de laquelle un État pourrait prétendre
représenter les victimes ou se considérer lui-même
comme victime. Selon l'article du Monde, « La
déclaration reconnaît que la traite et l'esclavage "constituent
un crime contre l'humanité", ce qui laisse entrevoir un encouragement
à l'aide au développement sans pour autant impliquer nécessairement
des réparations. »
Bref, tous les moyens sont bons pour réclamer de l'argent. Un crime
contre l'humanité est à la rigueur une notion philosophique,
mais elle n'a aucun sens du point de vue du Droit. Les hommes sont par
nature des êtres séparés et les victimes ne le sont
pas plus ou moins selon l'idéologie qui a « justifié
» leur massacre, ou selon la quantité de gens massacrés.
Si je suis assassiné par un jeune banlieusard, victime, comme chacun
le sait, des inégalités engendrées par le capitalisme
« à tout crin », ou par un
nazi mu par une idéologie raciste, le résultat est le même.
Seuls les individus peuvent être des victimes. D'ailleurs, nous voyons
bien que cet argument ultime de « crime contre l'humanité
» n'est qu'un moyen pour forcer une redistribution des richesses
au niveau international.
Les égalitaristes et les prédateurs ont des objectifs qui
leur sont propres. Les moyens employés doivent simplement avoir
l'apparence de la justice pour créer l'illusion que leur cause est
légitime. Le « cas Durban »
est un cas d'école.
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