Je voudrais maintenant montrer que derrière les opportunistes hommes
de l'État, il y a toute une clique de fabricants d'idéologie
qui travaillent en toute bonne foi à la formation d'un pouvoir politique
mondial de plus en plus intégré. Leur travail est de découvrir,
parfois d'inventer, des problèmes globaux qui exigent la coopération
de tous. Et la division du travail politique fait le reste en conduisant
tout naturellement à l'émergence d'un pouvoir politique mondial
centralisé, autoritaire sous des formes « démocratiques
», créateur de normes éthiques planétaires
fondées sur des prétextes écologiques. Bref! Un fascisme
écologique.
Cette logique a été analysée par Pascal Bernardin
dans deux chapitres de son livre fondamental, L'Empire écologique
ou la subversion de l'écologie par le mondialisme(1)
sur lequel il est toujours utile de revenir car il est absolument sans
équivalent.
L'armée
des ombres
La révolution solidariste, socialiste, égalitariste est aujourd'hui
réalisée subrepticement par les institutions internationales.
Les textes qui servent de référence aux grands rendez-vous
internationaux sous l'égide de l'ONU sont écrits par des
gens qui n'ont jamais renié les thèses principales du funeste
« Club de Rome ». Si on voulait résumer
l'idéologie du mondialisme politique il faudrait relever les points
suivants:
-
la survie
de l'humanité est le problème qui doit hanter tous les esprits
et elle se réalise dans l'unité de l'Humanité et dans
la poursuite d'un but commun;
-
l'unité
de l'Humanité est un idéal qui se réalise par l'unité
politique mondiale;
-
l'unité
politique mondiale se réalise par la socialisation de la planète
toute entière, c'est-à-dire par la négation des droits
absolus de propriété individuelle;
-
la société
mondiale est plus réelle que l'individu qui n'en est qu'un maillon
n'ayant pas de valeur ni de réalité en soi;
-
les institutions
mondialistes (ONU, FMI, UNESCO, etc.) sont les instruments par lesquels
se réalise le Bien de l'Humanité;
-
(et corollaire
inavoué: les parasites de l'État mondial constituent la clique
mondiale qui exploite les individus, elle a des ramifications dans tous
les pays et elle prend souvent les habits de l'humanitarisme.)
Analysez bien les discours des écolo-mondialistes, des parasites
d'ATTAC! Vous y trouverez toujours ces ingrédients.
La
montagne de fer-1: les fonctions de la guerre
Un des textes fondateurs du tribalisme mondialiste, analysé par
Pascal Bernardin, date de 1967 (vous me direz que c'est loin, mais il faut
bien comprendre que le temps s'écoule moins vite dans l'histoire
des idées). Il s'agit du Rapport de la Montagne de Fer(2).
Ce texte est le rapport d'un groupe d'experts réunis à la
demande du gouvernement américain et destiné à rester
secret (source: Bernardin). Il s'agissait de trouver des substituts à
la guerre dans un contexte (la guerre froide) où l'hypothèse
de la « paix perpétuelle »
devenait une utopie possible. Mais pourquoi donc chercher aussi cyniquement
des substituts à la guerre? C'est que, selon les experts (un historien,
un juriste international, un économiste et sociologue, un anthropologue,
un psychologue, etc.), la guerre remplit objectivement des fonctions socialement
utiles (rappelons-nous que les experts se caractérisent par le fait
qu'ils croient pouvoir se prononcer de manière « axiologiquement
» neutre, sans jugement de valeur; à ce sujet on peut
lire « Comment prouver que l'on doit rester wertfrei?
»(3)).
Selon le rapport:
-
la guerre
est le principe organisateur de la société. Elle assure sa
cohésion politique, économique et sociale;
-
«
l'existence d'une menace extérieure à laquelle il
est ajouté foi est essentielle à la cohésion sociale
aussi bien qu'à l'acceptation d'une autorité politique.
»;
-
fonction
écologique: « la guerre a été le
principal facteur d'évolution qui a permis de maintenir un équilibre
écologique entre d'immenses populations humaines et les ressources
qui se trouvaient à leur disposition pour assurer leur existence.
»;
-
fonction
culturelle: « la tendance à la guerre a déterminé
les critères fondamentaux de valeur dans les arts de création
et a fourni leur principale source aux mobiles qui ont conduit au progrès
scientifique et technique. »
La
Montagne de fer-2: les substituts à la guerre
N'oublions pas que l'objectif des mondialistes politiques est de créer
une tribu mondiale contrôlée par eux, où le partage
obligatoire serait la légalisation du vol, sous le fallacieux prétexte
d'une « unité de l'Humanité ».
Si la guerre, ou le risque de guerre, n'est plus en mesure de structurer
la société captive, il faut inventer d'autres moyens.
Les moyens économiques: « Pour remplir son rôle,
un substitut à la guerre exigera une consommation de richesses,
à des fins totalement non productives, d'un niveau comparable à
celui des dépenses militaires [...] Un tel système de "gaspillage"
apparent doit être d'une nature qui lui permettra de rester indépendant
de l'économie normale de l'offre et de la demande; il doit être
sujet à une direction politique discrétionnaire. »
Les moyens politiques: « Un substitut politique durable
à la guerre doit poser en principe l'existence d'une menace externe
d'ordre général pesant sur chaque société,
menace d'une nature et d'une intensité suffisante pour exiger, d'une
part, l'organisation, de l'autre, l'acceptation d'une autorité politique.
»
Et enfin, dès 1967, les moyens écologiques étaient
déjà parfaitement planifiés par les experts: «
Un substitut à la guerre dans la fonction qu'elle remplit
en tant que moyen de contrôle de l'espèce humaine devra assurer
la survie, sinon l'amélioration, de l'espèce en ce qui concerne
ses relations avec les ressources offertes par le milieu. »
Les institutions imaginées par les experts pour les moyens politiques
sont assez réalistes: « a) une force internationale
de police omniprésente, ou virtuellement omniprésente; b)
une menace extra-terrestre connue et admise [on n'en est pas encore là,
sauf au cinéma!]; c) la pollution massive du milieu ambiant; d)
des ennemis de remplacements fictifs. »
Cela semble assez invraisemblable comme tout ce que les experts peuvent
produire lorsqu'ils sont enfermés dans un espace isolé, néanmoins
les conclusions du rapport ont eu l'approbation de l'économiste
John K. Galbraith qui attesta de l'authenticité du rapport, accueilli
par les médias comme un canular. Ce rapport serait resté
à l'état de tissu de monstruosités cyniques s'il n'avait
pas inspiré les fabricants de l'État mondial.
Les
héritiers de la Montagne de fer
Le rapport, qui s'inscrit dans une optique résolument mondialiste,
comporte des recommandations qui sont de toute actualité. Se préoccupant
d'un seul problème global, la survie de l'humanité, «
la seule solution qu'il propose est celle d'un fascisme écologique
», c'est-à-dire une autorité mondiale sécrétant
des normes sous-tendues par un seul principe, de nature écologique.
Et cela, à l'exclusion de tout autre, à commencer par le
principe fondateur de la civilisation occidentale contemporaine: la liberté
et la dignité individuelles.
Un certain George Kennan, ancien ambassadeur des États-Unis en URSS,
à l'origine de la politique américaine de containment
de l'URSS, compte parmi les propagandistes du Rapport de la Montagne
de fer. Dans un article paru dans Foreign Affairs (avril 1970,
vol.48, N°3), Kennan écrit ainsi que, pour assurer la survie
de l'humanité, « ce qui nous manque, c'est précisément
cette institution – chargée de la veille et de l'alerte. Elle n'aurait
pas à coeur les intérêts d'une nation [...] mais seulement
des intérêts de l'humanité en général
– et ceci est un point d'importance – de ceux de nos compagnons les animaux
et les végétaux. »
« Si la guerre, ou le risque de guerre, n'est plus en mesure de structurer
la société captive, il faut inventer d'autres moyens.
» |
|
Kennan poursuit en véritable prophète: « Cette
entité, qui serait créée et soutenue par des gouvernements,
aurait à prendre des décisions importantes. Elle devrait
y parvenir non par le biais de compromis entre représentants gouvernementaux,
mais au moyen d'une collaboration entre intellectuels, scientifiques, experts
et peut-être également d'hommes d'État et de diplomates
dédiés à la cause environnementale et déliés
de tout mandat national ou politique [...] Il ne faudrait pas sous-estimer
les sommes nécessaires. » Le programme des écolo-mondialistes,
des anticapitalistes enragés ou élégants de Porto
Allegre, de l'État mondial, ce programme est déjà
écrit en 1970.
Ainsi la mécanique mondialiste est la suivante: trouver un problème
global qui concerne toute l'humanité, gommer les différences
politiques (socialisme, communisme, capitalisme...) et promouvoir une autorité
mondiale qui mènera, selon le commentaire exact de Bernardin, «
à l'instauration d'un régime totalitaire, d'une oligarchie
de scientifiques, d'intellectuels et d'experts, à la création
d'un Conseil des sages... »
Le temps s'écoule, les idées mûrissent et nous sommes
maintenant en 1983: Mme Gro Harlem Brundtland, premier ministre travailliste
de Norvège, préside la « Commission mondiale
sur l'environnement et le développement » créée
par l'Assemblée générale des Nations Unies. Un nouveau
rapport est publié en 1988, intitulé Notre avenir à
tous(4),
« une étape importante dans la progression des
idées révolutionnaires écologistes »,
note Bernardin.
Ce nouveau rapport doit répondre à une « mission urgente
confiée par l'Assemblée générale de l'ONU à
la commission » qui était, selon les termes mêmes du
rapport, l'élaboration d'« un programme global
de changement ». Et le rapport est à la hauteur
de sa tâche, ses idées seront reprises par la mémorable
« Conférence de Rio », nouvelle
et prochaine étape fondatrice du fascisme écologique – je
ne vais pas ennuyer le lecteur par une litanie de noms et de titres, mais
il ressort de la composition de la Commission que 16 membres sur 23 sont
marxistes ou issus de la nomenklatura des pays du pacte de Varsovie (encore
en vigueur à l'époque). C'est dire l'orientation idéologique
de tous ces rapports et la nature de leur influence sur les institutions
écolo-mondialistes.
Quant à la teneur du rapport, ce n'est que catastrophisme: surpopulation,
famine, désertification, effet de serre, trou dans la couche d'ozone,
etc. Or tous ces problèmes (s'ils existent!) sont transnationaux,
ils estompent les frontières et ils sont interdépendants
avec les problèmes de l'énergie et du développement.
Il faudra abolir les souverainetés nationales (et a fortiori individuelles!),
définir une nouvelle éthique qui imprégnera les systèmes
éducatifs, « procéder aux transferts de
capitaux et de technologie nécessaires à la préservation
de l'environnement dans les pays sous-développés. »
La
Conférence de Rio
Les experts et les pseudo-scientifiques qui fabriquent les rapports ne
sont, en fait, que des pantins manipulés par les rapaces politiques
que sont les hommes de l'État. Pour preuve, Albert Gore, futur vice-président
des États-Unis, signe un ouvrage intitulé Sauver la planète
Terre(5)
dressant un bilan alarmant de la situation écologique mondiale et
suggérant de « forger un nouveau but commun
» (sous-titre du livre). Mais l'idée de rassembler
le troupeau humain afin de poursuivre tous ensemble un « but
commun » de nature écologique, idée appliquée
par une autorité mondiale, fût-elle démocratique (on
sait ce que c'est le « gouvernement du peuple
»), c'est tout simplement un fascisme écologique.
La triste « Conférence de Rio »
appelée aussi « Sommet de la Terre »
(la pompe littéraire fasciste est un signe qui ne trompe pas) s'ouvre
en juin 1992. Tout le gotha politique et marxistoïde est présent.
Quelques scientifiques et intellectuels de renom signent un manifeste dit
« Appel de Heidelberg »(6)
qui s'élève contre l'irrationalisme de l'idéologie
qui règne à Rio, mais cet appel restera sans influence. La
conférence adopte une déclaration réunissant 25 principes.
Le principe 5 est programmatique d'une démocratie sociale mondiale:
« Tous les États et tous les peuples doivent
coopérer à la tâche essentielle de l'élimination
de la pauvreté, qui constitue une condition indispensable du développement
durable, afin de réduire les différences de niveaux de vie
et de mieux répondre aux besoins de la majorité des pays
du monde. »
Ainsi ce qui a échoué au niveau des économies nationales
est censé réussir au niveau mondial. Le socialisme est érigé
en système économique mondial alors que c'est lui qui crée
pauvreté et pollution. D'un point de vue éthique, le principe
5 est tout simplement une légalisation du vol, les nations riches
étant légalement pillées par les nations pauvres au
profit de la clique au pouvoir et du groupe d'États le plus influent.
Ce qui caractérise notre démocratie représentative
se reproduira inévitablement à l'échelle mondiale.
Enfin, le principe 4, qui énonce que « la protection
de l'environnement doit faire partie intégrante du processus de
développement et ne peut être considérée isolément
», signifie clairement que l'environnement doit devenir «
le principe organisateur de l'organisation de la société
mondiale ». Fascisme écologique!
Menaces
extraterrestres globales
Les problèmes globaux planétaires sont de nature écologique,
mais on peut aussi parvenir à réunir le troupeau humain en
mobilisant son imagination et en manipulant ses émotions. Vous avez
probablement vu Independence Day, ce film qui met en scène
le scénario idéal des mondialistes: la menace globale. Ce
film est une gigantesque manipulation idéologique.
Clinton, l'humaniste fourbe, avait bien compris toutes les ressources émotionnelles
dont il pourrait tirer profit, en tant qu'homme de l'État. «
Le bon point au sujet d'Independence Day, a-t-il dit, c'est
qu'il est porteur d'une morale concernant les problèmes actuels
de la planète. Nous avons surmonté cet obstacle [l'invasion
extra-terrestre] en travaillant ensemble avec tous les pays. Et tout à
coup nos différences semblèrent bien minimes quand nous eûmes
pris conscience de l'existence de menaces dépassant nos frontières.
Je voudrais que nous puissions y penser quand nous traiterons du terrorisme,
de la prolifération des armements [présentée par les
mondialistes comme des problèmes globaux], etc. Je voudrais que
ce soit la leçon que l'on retienne de ce film. »(7)
Aujourd'hui, les menaces globales sont le terrorisme, les risques écologiques.
Mais quel télescope d'État observera le premier vaisseau
spatial ennemi? Ce n'est pourtant pas les moyens qui sont négligés
pour découvrir nos futurs ennemis planétaires. Et s'ils n'existent
pas, il suffit de les inventer. L'imagination humaine a des ressources
insoupçonnées.
Gouvernement
mondial
Voilà, après ce flash back nous sommes aux portes
du gouvernement mondial. Une petite chiquenaude suffira à les ouvrir,
et cela grâce au travail de propagande mené par l'armée
des ombres (dont les guerriers se recrutent chez les écolo-mondialistes,
socialistes, syndicalistes, dans les organisations antimondialisation ATTAC,
les ONG noyautées par les communistes, et bien entendu dans les
médias dominants, etc.).
Comment la chiquenaude va-t-elle être donnée? Pascal Bernardin
l'expose clairement (chap.IV)(8).
Il pose comme condition une intégration institutionnelle. Or le
prétexte des problèmes globaux, trente ans de bourrage de
crâne et de rapports, l'intérêt bien compris des hommes
des États nationaux qui pourront se recycler et se multiplier au
sein de l'État mondial, tout cela a eu des effets – l'organigramme
des Nations Unies en témoigne(9).
Une simple succession de transferts d'autorité et le shadow cabinet
mondial est prêt à fonctionner.
Gardons en mémoire l'idée de Chirac visant à élargir
le G8 pour le transformer subrepticement en une assemblée de parlementaires,
bientôt élus par les différents parlements nationaux
(ça il n'en parle pas) – voir mon article CHIRAC:
L'HOMME DE L'ÉTAT MONDIAL, le QL, no
101. Une chiquenaude de plus!
Mais pourquoi lutter contre cette idéologie du Bien et son incarnation
que serait censé être un gouvernement mondial? La raison est
simple. Ceux qui ont lu 1984 ou La ferme des animaux de Orwell
ou encore Le meilleur des mondes de Huxley n'ont pas besoin d'explications.
Pour les autres, qu'ils se souviennent que le pouvoir politique n'a pas
d'autre fin que lui-même et sa propre expansion, qu'il consiste toujours
à s'approprier les droits dont il dépossède les individus.
Tous les maux que le monde connaît actuellement sont produits par
le pouvoir politique. Le pouvoir politique engendre les guerres et s'en
nourrit, il criminalise arbitrairement les comportements humains (toutes
les prohibitions), il détruit les richesses par un travail improductif
(bureaucratie d'État), il s'érige en directeur de conscience,
il empêche le développement économique (corruption,
impôts confiscatoires, restriction au libre-échange...), il
ruine la morale fondée sur la liberté du choix.
Le pouvoir politique mondial est réellement la pire des menaces
qui pèsent sur l'espèce humaine.
1.
Pascal Bernardin, « La
face cachée du mondialisme vert »,
Euro92. >> |
2.
Leonard C. Lewin, Report from the Iron Mountain on the Possibility and
Desirability of Peace, New York, The Dial Press, Inc., 1967.
>> |
3.
François Guillaumat, « Comment
prouver que l'on doit rester wertfrei? »,
www.liberalia.com. >> |
4.
La commission mondiale sur l'environnement et le développement,
Notre avenir à tous, Montréal, Éditions du
fleuve, Les publications du Québec, 1989. >> |
5.
Al Gore, Sauver la planète Terre: L'écologie et l'esprit
humain – Forger un nouveau but commun, Paris, Albin Michel, 1993.
>> |
6.
La
polémique autour de l'Appel de Heidelberg, Francesco Di Castri
interviewé par Jean Spiroux, Institut du management d'EDF et de
GDF, 1997. >> |
7.
Entretien du 16 juin 1996, MSNBC, Internight. Cité dans The New
American, vol.12, N°20. >> |
8.
Le livre de Pascal Bernardin doit être diffusé le plus possible.
Pour se le procurer, écrire aux Éditions Notre-Dame des Grâces,
BP 19, F-06340 Drap. >> |
9.
Organigramme
des Nations Unies, janvier 2002. Pour une vision satirique de l'ONU,
voir cet
extrait du livre Le plus Grand Secret, de David Icke.
>> |
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