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Montréal, 11 mai 2002 / No 104 |
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par
Christian Michel
Personnellement, je ne suis pas un partisan du port d'armes, je ne souhaite pas en avoir, et je me sentirais plus à l'aise dans une société où elles seraient totalement bannies. Mais tant que le désir d'en posséder existe, nous ne pourrons pas les faire disparaître. |
Les prohibitions ne sont jamais intégralement respectées,
et ceux qui les violent sont ceux qui ont une forte motivation d'acquérir
un avantage sur ceux qui les respectent. Cette intention est flagrante
chez nos dirigeants: loin d'interdire la détention d'armes, ils
s'en réservent carrément le monopole. Doit-on rappeler qu'ils
sont loin d'en avoir fait un usage modéré? Ouvrons nos quotidiens
à la page Comment civiliser le port d'armes L'abolition de ce monopole n'augmentera donc pas beaucoup la dangerosité de nos villes. Mais il subsiste bel et bien le risque Ensuite, ceux qui n'ont pas respecté les consignes d'utilisation subissent une sanction. L'illégalité interdit cette responsabilisation. L'opérateur ne passe pas par l'apprentissage rigoureux que la dangerosité réclame, et sa clandestinité ne rend pas facile son appréhension en cas de faute. Le marché de la drogue comme celui des armes sont des exemples frappants de ces effets pervers de toute prohibition. Les
En effet, si un industriel déversait ses saloperies chimiques dans mon lac, ou un chirurgien m'ôtait le rein sain pour laisser le malade, me contenterais-je d'une aimable lettre d'excuses? Que nenni! Je réclamerais et obtiendrais des indemnités pleines et entières, et si ces gens n'étaient pas seulement responsables mais coupables (le chirurgien fumait un joint avant d'opérer, par ex.), leur assurance ne jouerait pas et ils devraient s'acquitter personnellement de leur dette, quitte à passer le restant de leurs jours à travailler pour moi, ou pour la Croix-Rouge, si tel était mon souhait. Toujours dans cette société de liberté, mon association de quartier ou de copropriétaires tolérerait-elle qu'un voisin entrepose des explosifs dans sa cuisine, ou qu'il y élève des bêtes féroces? Accepterait-elle qu'il soit armé? Pas automatiquement, si j'ai mon mot à dire. J'exigerais auparavant de comprendre le caractère de ce voisin, ses motivations, évaluer les garanties qu'il nous donne... Il aura à me convaincre. Et s'il fait un mauvais usage de son arme, il aura à en répondre. Imaginez que ma gamine reçoive une balle perdue parce qu'il faisait un carton sur un voleur d'autoradio; vais-je excuser un Le port d'armes irresponsable Mais si une société de liberté engage la responsabilité de tous les acteurs, tel n'est pas le cas de la nôtre. Le jeune qui gifle un policier ira en prison; le policier qui tire dans le dos d'un jeune désarmé n'ira pas en prison. Jamais. Ni en France, ni en Suisse. C'est comme ça, c'est l'État. Les gazettes rapportent de temps à autre une Le flic Lambda se prend pour Rambo. C'est, d'une part, que sa formation est insuffisante (mais peut-être que le QI de Lambda ne permet pas mieux); d'autre part, que l'impunité lui est garantie. Alors, ne nous trompons pas d'adversaire. Le danger n'est pas le port d'armes, mais le port d'armes irresponsable. Et les plus irresponsables des porteurs d'armes sont ceux qui en détiennent aujourd'hui le monopole(2).
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