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Montréal, 11 mai 2002 / No 104 |
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par
Hervé Duray
Ça y est, nous sommes sauvés: Jacques Chirac a été élu président de la République. La France vient d’échapper au péril |
Une
Ah que c’est beau l’unanimité française, 82% des voix pour une élection digne de Mobutu ou de Castro. Pendant deux semaines, nous avons eu la Pravda sur 20 journaux écrits, 6 chaînes de télé (avec une mention pour Canal+ et ses 2 heures particulièrement anti-Le Pen tous les soirs), toutes les radios possibles (sauf Radio Courtoisie sur Paris). Pendant deux semaines, Le Pen n’a pas eu droit à la télé, ni à la radio. Pourquoi? Parce qu’en vertu de l’égalité de traitement médiatique des deux candidats, les candidats et leurs soutiens doivent disposer du même temps d’exposition. Amusant, car dès lors que les écolos, les trotskistes, les socialistes et tous les autres partis faisaient campagne pour Chirac, ils n’en étaient pas pour autant des Pendant deux semaines, tout, je dis bien tout, est devenu politique. Les élèves étaient dans la rue pour dire Les joueurs de football ont fait amende honorable, Zinedine Zidane prenant même position, lui qui jusque-là était resté muet sur ces sujets polémiques. Chaque profession a dû s'agenouiller devant la défense de la démocratie: pompiers, infirmières, instits, tout le monde y est passé. Les artistes aussi s’y sont mis: les acteurs, les scénaristes. D’ailleurs un film, Féroce, est sorti entre les deux tours. Le beau-frère du premier ministre Lionel Jospin y tenait le rôle d’un méchant fasciste chef de parti d’extrême droite dont des militants kidnappent, violent, puis tuent la pauvre soeur d’un Français arabe, qui se venge en... tuant ce méchant fasciste, responsable de toute cette haine. J’ai lu que Le Pen a porté deux semaines durant un gilet pare-balles 24 heures sur 24. Vers qui la haine était-elle dirigée? Fortuyn: trop populaire pour survivre Étrangement, c’est de Hollande qu’est arrivé le vrai séisme: l’assassinat de Pim Fortuyn, juste avant les législatives du 15 mai. Les sondages promettaient à son parti un
Les jours suivant sa mort, les commentaires du type Les Hollandais nous ont donné une leçon cinglante de démocratie, et les médias français restent bien silencieux. Comment expliquer qu’à quelques centaines de kilomètres de chez nous, d’autres nous battent dans la défense de la démocratie? Vers un nouveau clivage politique majeur? Au-delà de ce contraste, il y a en Europe deux visions politiques qui se dessinent: ce que j’appellerais l’occidentalisme, mélange de libéralisme et de sauvegarde identitaire, et le mondialisme, mélange de socialisme et d’ouverture béate aux flux migratoires. Tous les pays européens sont en ce moment traversés par cette fracture politique: d'un côté, la France et l’Angleterre ont choisi le mondialisme, avec Blair qui a nettement augmenté les impôts Il y a donc bien un espoir libéral en Europe, même si pour l’instant il semble cantonné à des pays
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