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Montréal, 27 avril 2002 / No 103 |
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Le premier tour des élections présidentielles françaises a causé toute une surprise lorsque le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, est arrivé en deuxième place devant le premier ministre et candidat socialiste Lionel Jospin, qui quitte la vie politique. Lors du deuxième tour le 5 mai, Le Pen affrontera donc le président sortant Jacques Chirac. Dans cet affrontement entre les candidats dits |
Jean-Marie Le Pen, qui se présente comme La France est, depuis quelques temps, bloquée dans une situation étrange: presque tout le monde semble faire le même constat d’immobilisme et de crispations qui paralysent à la fois la société et le pouvoir, et entretiennent un divorce croissant et dangereux entre la société et ses élites; mais personne ne veut assumer la responsabilité d’un véritable changement. Avec la cohabitation devenue une pratique du pouvoir, c’est l’institutionnalisation du Plus étrange et plus grave, alors que nos dirigeants et les candidats au poste suprême proclament haut et fort qu’ils ne veulent, pour la France, ni du capitalisme sauvage à l’américaine, ni du communisme réel à la mode soviétique, déclinant le thème de la troisième voie entre socialisme et libéralisme, ils ne voient toujours pas que la France est justement en panne de croissance et d’idées parce que bloquée dans cette illusoire troisième voie. Et le blocage entraîne le pourrissement, terrain favorable à l’expression des extrêmes. Qu’ils soient étiquetés de droite ou de gauche, les extrêmes se rejoignent dans les clichés de la pensée populiste et démagogique. Les militants d'extrême-gauche et tous les fanatiques de la secte ATTAC ont beau jeu aujourd'hui de manifester contre la montée de l'extrême-droite alors qu'ils ont contribué à son succès en banalisant un discours anti-capitaliste aussi simpliste que dangereux. Jean-Louis
Caccomo
Je pense, aussi saugrenu que cela puisse paraître à une foule de gens, que le vote Le Pen manifeste une aspiration à un système plus démocratique, et d'ailleurs le candidat Chirac vient tout soudain de mettre à son propre programme le Je crois que Le Pen, dans l'état actuel des choses, a bien Le Pen n'est sans doute pas, fondamentalement, un libéral Si les libéraux officiels ne sont pas libéraux dans la réalité, pas étonnant que l'extrême droite reprenne les idées libérales. Parce que, évidemment, qui rechignerait devant la perspective d'avoir enfin un peu le droit de gérer sa propre vie? Et parce que ce sont, bien sûr, d'excellentes idées, que personne dans la technostructure ne voudrait défendre, et qui se sont trouvées disponibles à qui voudrait les prendre. Il se trouve que c'est Le Pen qui les a reprises. L'histoire trouvera sûrement ce phénomène paradoxal; je ne serais pas étonné qu'elle s'interroge aussi sur ce qu'a été le libéralisme Donc: ENFONÇONS LE CLOU, pour une fois qu'on en a l'occasion. Avec un peu plus de pression, Jean-Marc
Lepers
Dimanche soir, quelques minutes après le choc qui a secoué la France, on a vu une jeune fille traverser l'écran, avec un t-shirt blanc où elle avait écrit au feutre:
Honte de mon pays qui m'a glacé le sang Honte de Paris à Vienne en passant par Rome Honte de la bêtise et honte d'être un homme Honte de tous ces politicards indécents Selon qui c'est la faute à droite, à gauche, au centre Mais toujours celle de l'autre, jamais la leur Honte à vous qui semez la haine et le malheur À vous qui ne pensez qu'à vous remplir le ventre Et les poches sur le dos des honnêtes gens En immolant nos vies sur l'autel de l'argent Honte de leur arrogance et de leurs mensonges Et Honte de ceux qui pavoisent de fierté En cette heure de Deuil, de Deuil de tous nos songes De Liberté, d'Égalité, de Fraternité Voilà. Ce poème est un cri, et je voudrais qu'on l'entende jusqu'au Québec. Tristement, Jean-Marie
Le Ray
Rome
Après le cataclysme du 11 Septembre, voilà que les libéraux sont à nouveau tombés dans des abîmes de perplexité avec l’épisode Le Pen. Entre les hauts cris NON au trotsko-socialo-communo-écolo-conservatisme! Le Frankeinstein Voter Chirac, c’est dire oui à la stratégie de la gauche de diabolisation du FN, d’exclusion totale de près de Un vote pour le libéralisme? Je voulais axer une seconde partie de mon argumentation sur un renouveau libéral possible avec Le Pen, mais son programme est mitigé sur ce plan. Par exemple il veut faire une juridiction de l’information, qui veillerait au respect de l’éthique, de la pluralité ou d’autres conneries. Je vois mal comment cela ne tournerait pas à la censure! Il y a aussi l’appui à la culture Par contre, il y a la proposition simple de supprimer la loi sur les 35 heures, la suppression de l’impôt sur la succession en ligne directe, l’allègement des réglementations... Il y aussi des réformes plus subtiles comme la fin de l’ENM, l'École nationale de la magistrature, moule de gauche des magistrats de France, le référendum d’initiative populaire, qui comme en Suisse permettrait aux simples citoyens de poser des questions... Il y a du bon et du mauvais en somme, mais comparé au programme de Chirac ou aux autres gauchistes, je préfère encore... Le Pen! Le Pen est-il raciste? J’ai pris le temps de lire son programme concernant les questions d’immigration et de citoyenneté, directement sur le site du Front national. Je n’y ai rien lu qui soit raciste. En fait, tout y est question d’identité, d’attachements aux valeurs occidentales, et donc au fait qu’il faille absolument les affirmer pour conserver l’unité du pays, pour ne pas subir le sort de la Serbie, d’Israël ou du Cachemire. Et si certains s’en rappellent, j’écrivais déjà mes craintes à ce sujet dans les articles France 2020 (voir DEUX SCÉNARIOS POUR LA FRANCE À L'HORIZON DE 2020, le QL, no 93). Pour que Le Pen ne se prenne pas une claque trop grande au second tour, je vais donc lui apporter mon soutien, en espérant naïvement faire prendre conscience aux politiciens de droite qu’il faut tenir compte du FN et surtout, des électeurs du FN. En tant que libéral, je pense que sans valeurs de droite affirmées haut et fort, il n’y aura pas de pôle libéral sans une vaste recomposition de la droite, initiée par l’alliance avec le FN. Là encore je pense me leurrer. Mais au moins, je me défoule... Hervé
Duray
Je pense que tous les libéraux doivent absolument aller voter Chirac au second tour même si cela n'a vraiment rien d'enthousiasmant. Voter Le Pen pour faire tomber le système actuel, déclencher une S'abstenir est également une erreur. Je comprends et je partage les positions contre le système démocratique, contre J'irai donc voter pour Chirac tout étatiste, malhonnête, dépourvu d'idées et de convictions qu'il soit et je pense que tous les libéraux devraient faire de même. Christophe
Vincent
Depuis le début de 2002, au moins trois bonnes nouvelles: Bourdieu est mort, on ne dira jamais assez de bien du temps qui passe... Les Soces se sont fait sortir de l'arène dans un état qui fait presque de la peine – eh oui! les jeux du cirque présentent quelques menus dangers... Les communistes sont virtuellement morts, les transfusions à haute dose de sang frais n'y ont rien fait. Le temps, encore le temps... D'autres bonnes nouvelles? Nos politiques, cette élite cultivée hors sol a si bien oeuvré, que nous voilà réduits à devoir choisir entre un monarque perdu et un dictateur en puissance! Bien évidemment les politiques n'ont aucune responsabilités! C'est la faute des Français, de l'Europe, de la mondialisation... Sont-ils capables d'analyser leurs erreurs? Je ne le crois pas. Une chose est certaine, ce sont de vrais ingrats, pas un merci, pas un regret. Curiosité extrême, un seul cri, voter Chirac! Sans conditions! L'évêque s'en mêle! Quand Dieu nous abandonne complètement... Donc un seul vrai coupable, Dieu! il travaille trop lentement, au hasard. Dans notre système, il n'aurait jamais eu son BAC. Écoutons les discours. L'un: Il est nul, je suis le rempart de la république. Question: y a-t-il trop de fonctionnaires (bureaucratie)? Votre question est stupide... texto! L'autre: Il est nul, je suis le paquebot France! tout ce qui est devant mon étrave sera coulé par le fond. Les médias affolés (pourquoi? quel profit?) crient d'une seule voix: tous aux remparts! Les médias italiens, pour ne parler que d'eux, se marrent comme des malades! Les Anglais, ces traîtres... Que faire? Sans un contrat clair, explicite (avec des verbes), la tentation est très grande de leurs opposer la blague du ni-ni et de laisser faire le temps, ce grand arrangeur. Il faudrait arriver à convaincre les gens que rien n'est politique, les ajustements de proche en proche, ici et là, le principe cumulatif des connaissances, sont les seuls vrais artisans de notre destin. Les politiques nous font perdre du temps et gaspiller des richesses durement produites, vies humaines comprises. Dans l'arborescence des bifurcations, ils nous embrouillent gravement. Max
Manouvrier
Voici quelques remarques concernant l'élection présidentielle:
P.
R.
Il est difficile de juger les évènements du 21 avril. Voici très modestement quelques pistes. Les pouvoirs les plus totalitaires peuvent vaciller. La France est soumise depuis 60 ans à un pouvoir de plus en plus totalitaire allant jusqu’à régenter la pensée. Tout La France est, en très grande majorité, à droite. Le calcul mathématique des voix le montre, mais cela va bien au-delà de ce calcul. La vraie proportion est probablement de 80/20. Si depuis 60 ans, au moins, elle est gouvernée à gauche c’est parce qu’elle n’a pas eu de véritable choix. Les hommes qui dirigent des partis étiquetés à droite sont de coeur et d’action des hommes de gauche. C’est l’un des grands mensonges de cette époque. Le mensonge, justement, ne paie qu’un temps. La France est abreuvée de mensonges officiels depuis 60 ans et ceci au plus haut niveau. Au cours de la soirée électorale on a vu les journalistes officiels poursuivre dans une multitude de mensonges; mais le mensonge des journalistes est, lui aussi, appelé à disparaître. Mensonge aussi dans les sondages; bien sûr on va nous dire que le métier est difficile et incertain: certes, mais pas à ce niveau. Si les sondages étaient faux, c’est parce que pour avoir les contrats on obéit au donneur d’ordres! Le peuple dans ses profondeurs raisonne toujours mieux que les fausses élites. Sauf le faux pas de l’adhésion récente à l’ONU, le peuple suisse a pu résister jusqu’ici aux entreprises destructrices de ses politiciens, ceci grâce à l’arme référendaire. Le déclin de la France, tout au long de ces soixante ans, est impressionnant. Pas un domaine de la vie nationale qui y échappe. Citons en vrac: écroulement des retraites, destruction de la santé, destruction de l’armée, disparition de la justice, manque de logements, illettrisme, désordres dans la rue..., mais arrêtons une énumération que chacun peut compléter et qui est immense. La liberté économique complète est le seul moyen de résoudre tous ces problèmes et de redonner à la France sa place dans le concert des nations. Il n’est pas sûr, cependant, qu’il y ait des politiques qui le sachent vraiment et qui l’aient vraiment compris. Une vraie pédagogie est nécessaire. Le Premier Ministre a bien réagi, ce qui est neuf. Cependant, un bel emploi fictif l’attend quelque part ainsi que le moment venu les retraites fastueuses des élus qui, par ailleurs, ont détruit les retraites des autres. En France il y a au moins un million d’emplois fictifs de fonctionnaires et cela conduit au dernier point. Ces gens qui exploitent la Les Michel
de Poncins
LUNDI, LE 22 AVRIL 2002... Les Français nous font avaler de travers ce matin. J'ai l'impression que ce sont les Tous les médias de la France tiennent pour un séisme politique l'arrivée en seconde place de Jean-Marie Jean-Marie Le Pen a 74 ans. Il carbure aux grandes idées du maréchal Pétain. Sa mâchoire carrée se fait aller depuis un bon moment sur les thèmes chers à tous les bienfaiteurs de l'humanité... Les Français devront choisir entre Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac au second tour des élections présidentielles. Je crois qu'il vaudrait mieux qu'ils choisissent Chirac, le menteur, le félon, le corrompu, plutôt que Le Pen. Je crains autant les communistes que les fascistes. Il se pourrait bien, pour paraphraser Cioran, que les générations futures considèrent Hitler comme un petit chef de bande de l'ère stalinienne. Les fascistes et les communistes semblent se détester, mais rassurez-vous: ils détestent encore plus la démocratie parlementaire! Plus de 30% des Français ont voté pour des candidats qui méprisent la démocratie parlementaire. C'est très inquiétant. Si j'étais Français, je songerais à m'exiler en Angleterre... Gaétan
Bouchard
Trois-Rivières
(QC)
Mauvais joueurs !! Beaucoup espéraient évidemment que la démocratie tournerait toujours à leur avantage: intellos, bouseux, ronds-de-cuir, artistes fonctionnarisés... En prêchant la Les autres mauvais joueurs ont confondu liberté et démocratie. Ils ont oublié qu'on ne saurait logiquement remettre son pouvoir au roi, à une junte, à l'électorat, et imaginer qu'ils vont gouverner comme on voudrait. Un fois donné, c'est donné, et retenir ne vaut, dit l'adage. Que vous jouiez à la roulette russe ou à la démocratie, comprenez que vous risquez gros. Ceux qui n'aiment pas perdre ont donc une alternative:
Les gens ont du mal à concevoir cette société sans pouvoir politique. La raison est qu'au fond d'eux-mêmes, ils rêvent de l'exercer. Réjouissons-nous donc du fort taux d'abstention à ce dernier scrutin, il renforce une tendance lourde, repérable aussi dans d'autres pays. S'abstenir, c'est priver le pouvoir de légitimité. C'est faire preuve d'intelligence. Car enfin, il faut un QI de phoque pour se plier à un système qui désigne le président le plus puissant de la planète à une majorité de quelques bulletins illisibles, et qui entraîne aujourd'hui nos intellectuels, qui détestent Chirac, qui le savent corrompu et rejettent ses idées, à faire campagne frénétiquement pour lui. Quel jugement porteront les historiens dans 50 ans sur notre maturité? Il n'existe pas d'électeur innocent. Tous, même en votant blanc, ont légitimé le résultat de Le Pen. Ils ont joué et sont donc responsables du score. Seuls les abstentionnistes ont le droit de dire Utopique? Il y a 200 ans encore, nos ancêtres croyaient impossible de vivre dans un même pays avec des hérétiques. Nous y sommes parvenus parce que nous avons privatisé les pratiques religieuses. Elles ne relèvent plus de l'État. Privatisons tout le reste. Quand on voit ce qui s'est passé dimanche, qu'avons-nous à perdre? Christian
Michel
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