En réalité nous assistons au retour en force du planisme(2).
Cette méthode de gouvernement consiste à construire de toutes
pièces une société « meilleure »,
suivant un plan préétabli. L'étatisme tend à
appliquer le planisme à tous les domaines de la vie ordinaire des
gens. La frontière entre l'espace privé individuel et l'espace
où l'action des individus est soumise à un contrôle
de l'État se déplace chaque jour davantage dans le sens d'une
militarisation de la société. Tout le monde est enrégimenté
de force dans un système de valeurs et de comportements obligatoires.
On appelle cela « la citoyenneté ». Comme
quoi, la magie des mots demeure une superstition impérissable.
L'arnaque
planiste
Le planisme économique strict a été presque abandonné
après avoir connu un échec lamentable en URSS. Il continue
d'appauvrir tragiquement la Corée du Nord et Cuba. Cela n'empêche
pas tous les gouvernements démocratiques d'utiliser la méthode
planiste, ou constructiviste dans le vocabulaire de Hayek. Cette méthode
consiste à fixer des objectifs collectifs ou sociaux puis à
manipuler un certain nombre de paramètres (la fiscalité,
la loi, les subventions...) pour influencer les comportements des individus
afin que, une fois totalisés, ils nous conduisent tout droit vers
l'objectif visé.
Le problème de cette méthode est que, premièrement,
les objectifs « sociaux » sont toujours des objectifs
de quelques-uns. Deuxièmement, les moyens imaginés présupposent
une connaissance parfaite et totale de la société. Or malgré
l'existence de tous les instituts d'espionnage (INSEE...) et de sondage
à la botte du pouvoir, il est impossible de maîtriser de manière
centralisée toutes les informations. Cette superstition de la connaissance
exacte et totale, cette croyance aux experts et aux statistiques, conduit
à des prédictions fausses et à des effets imprévus.
Ainsi, on croit que la redistribution forcée aide les pauvres alors
qu'elle les vole. On veut aider les mères célibataires, les
mesures planistes conduisent à accroître leur nombre, oubliant
cette loi praxéologique (Mises, Rothbard...): une subvention tend
toujours à accroître ce qui est subventionné.
« Laisser faire les individus, c'est leur permettre d'utiliser leurs
informations pour éviter des conséquences prévisibles.
Plutôt que de s'attaquer aux prétendues causes humaines du
réchauffement planétaire, chacun sera amené à
s'adapter localement et librement. » |
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Ce sont des faits bien connus. L'essence même du planisme est de
les produire, alors pourquoi rester attaché à cette superstition?
Une des raisons est sans doute que l'on finit toujours par oublier les
leçons du passé. Surtout quand l'« éducation
» nationale et les médias font tout pour les falsifier.
Le prolétariat intellectuel de l'éducation nationale a bien
conscience de son intérêt en laissant croire que les fonctionnaires,
élus ou obscurs, nationaux ou mondiaux, sont la solution à
tous les problèmes, alors qu'ils sont LE problème.
Une autre raison tient aussi au fait que le planisme a le mérite
de la simplicité, du moins dans les discours. À tout problème
il faut imaginer une solution. Prenons tous ensemble conscience du problème
(le réchauffement planétaire par exemple) et des causes (l'activité
humaine?) et grâce aux experts, imaginons une solution collective.
Or ce mode de penser n'est rationnel que s'il s'applique à un individu,
pas à des milliards de personnes. La supercherie réside encore
dans la séduction des mots: on fait comme si une abstraction collective
comme la « société » pouvait penser,
rencontrer des problèmes, agir « comme un seul
homme ». La réalité est que ce sont toujours
quelques hommes qui vont penser à la place des autres, prendre des
décisions à leur place et défendre leurs propres intérêts.
Observez et écoutez de manière un peu critique ce qui se
passe à Johannesburg et vous le vérifierez sans peine.
Laissez
faire!
La méthode planiste, pseudo-rationnelle, consiste à empêcher
des conséquences indésirables supposées en prenant
une série de mesures autoritaires et totalitaires. De là
découle la stupidité du dangereux « principe
de précaution »: on sacrifie des ressources et
des libertés bien réelles pour éviter des conséquences
incertaines voire fantasmatiques. En voulant s'attaquer « aux
causes » du prétendu problème, on veut empêcher
les causes d'agir en les supprimant. D'où cet acharnement des experts
d'État à démontrer que le réchauffement planétaire
est d'origine humaine.
Si la cause est humaine, on peut agir dessus. En sacrifiant des libertés,
en se trompant lourdement sur les méthodes, mais on croit pouvoir
agir. « L'homme est la mesure de toute chose »,
voilà un beau moyen de se rassurer en croyant pouvoir façonner
le monde à volonté. Mais si les causes NE SONT PAS humaines,
si elles sont d'origine physico-chimique, et d'une dimension telle qu'il
est impossible d'agir dessus (le soleil par exemple), alors toute cette
agitation onusienne, politicienne, n'est plus que du vent.
Les libéraux, qui acceptent la complexité du monde, ne prétendent
pas pouvoir agir globalement et illusoirement sur les causes. C'est impossible
et toutes les tentatives pour le faire sont des « présomptions
fatales » (Hayek) qui engendrent désordre, dysharmonie,
guerre et pauvreté. Au contraire, laisser agir les individus librement
est le meilleur moyen de permettre aux hommes de s'adapter aux événements
climatiques, de répondre au désir des pays pauvres de se
développer (ce dernier fait a été amplement démontré
par feu Lord Bauer(3))
Laisser faire les individus, c'est leur permettre d'utiliser leurs informations
pour éviter des conséquences prévisibles. Plutôt
que de s'attaquer aux prétendues causes humaines du réchauffement
planétaire, chacun sera amené à s'adapter localement
et librement. Cela coûte moins cher en ressources et en liberté
que d'imposer à toute la planète des normes fondées
sur du vent. La présomption fatale qu'est la fabrication planifiée
d'une « société meilleure »
ne peut conduire qu'à politiser toutes les activités humaines,
à les réglementer, et finalement à militariser la
planète.
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