Montréal, 26 octobre 2002  /  No 112  
 
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André Dorais a étudié en philosophie et en finance et vit à Montréal.
 
ÉTHIQUE LIBERTARIENNE
 
PAS DE SYSTÈME DE SANTÉ À DEUX VITESSES!
 
par André Dorais
  
  
          Plus on vieillit, plus on devient fragile et vulnérable, et plus on se préoccupe de sa santé. La santé est une si grande préoccupation que si les gens avaient à choisir un seul « système public », il y a fort à parier que ce serait celui-là. Le problème n'est pas de reconnaître l'importance de la santé, mais d'en arriver à confondre la santé au système de soins de santé public.
 
          Lorsqu'on parle de système public, on ne fait allusion qu'au mode de financement, soit le fait que ce sont les payeurs de taxes qui financent les coûts. Il s'agit également, la plupart du temps, d'un monopole de la fourniture des soins imposé par la loi. Un tel système ne nous donne ni meilleurs soins, ni une plus grande accessibilité, ni plus de justice. 
  
          Un pauvre et un riche se présentent à l'urgence d'un hôpital (public). Tous deux auront le même service qui laisse à désirer. Tous deux auront droit au même traitement à l'aide des mêmes appareils désuets. Le riche a payé beaucoup plus que le pauvre pour ce service, mais par la « solidarité » qu'on lui impose, il ne recevra pas plus ni mieux. Quand bien même il voudrait se payer un meilleur service, on l'en empêche. Le riche comme le pauvre n'ont pas le choix. Un système public n'offre qu'une seule vitesse: lente. Cela est juste, paraît-il, car le choix est le même pour tous. 
  
          De quelle morale se réclame-t-on pour limiter le choix des individus en matière de soins de santé? Lorsque vous voulez un dessert, n'avez-vous pas le choix de vous le procurer chez le Duc de Lorraine ou chez Dunkin' Donuts? Quelle que soit le type de nourriture, les vêtements, l'hôtel, la voiture, la maison, etc., que vous désirez, n'avez-vous pas un vaste choix entre le produit ou service bas de gamme et le plus luxueux? Où est le mal?  
  
          Je me rappelle qu'à l'âge de treize ou quatorze ans, ce que je désirais le plus était une bicyclette à dix vitesses. Sachant que cela existait et que je pouvais me le procurer, il n'était plus question pour moi de rouler à une seule vitesse. Je voulais le choix de monter les côtes en première et de les descendre à fond de train en dixième. Avec l'âge j'ai réalisé qu'il fallait utiliser les vitesses avec discernement, mais jamais il ne m'est venu à l'idée de me limiter à une. Il faut un gouvernement pour imposer cela! 
  
     « Quelle que soit le type de nourriture, les vêtements, l'hôtel, la voiture, la maison, etc., que vous désirez, n'avez-vous pas un vaste choix entre le produit ou service bas de gamme et le plus luxueux? Où est le mal? »
 
          Ce n'est pas le pauvre qui vous enlève le choix, c'est le borné. Le pauvre aurait accès beaucoup plus rapidement aux soins si le riche n'était pas là à attendre comme lui à l'urgence. Si vous voulez du choix dans le traitement et dans les prix, et de la rapidité dans l'exécution, alors il vous faut plus qu'une vitesse. Plus vous en aurez, mieux ce sera. Demandez au borné pourquoi il veut vous limiter à une seule vitesse. « Il faut penser aux pauvres », dit-il. Les pauvres sont tout aussi intelligents que vous et moi, alors laissez-les donc choisir pour eux-mêmes. 
  
          Les soins de santé seront d'autant plus accessibles qu'ils seront libres. Mieux vaut le choix des services et des prix que l'égalité à un prix toujours plus élevé et sans choix. Tout le monde en sort gagnant lorsqu'il y a le choix. Méfiez-vous des groupes de pression qui n'ont que leur intérêt en tête. Ils essaient de se faire passer pour des gens altruistes, alors que tout ce qu'ils prônent est l'égoïsme. La sociale-démocratie, qui donne la voix à ces groupes, n'est qu'en apparence morale, car tout le contenu est faux. Une morale imposée n'est pas de la morale, mais de la dictature. 
  
          Si vous avez bien compris le message, vous ne serez pas surpris d'apprendre que je prône tout le contraire de ce qui se fait actuellement, c'est-à-dire la privatisation complète du système public de santé. N'allez pas croire que c'est du pareil au même, car une privatisation implique qu'il y aura du choix qui n'existe pas en ce moment et une gamme de prix pour toutes les bourses au lieu des prix toujours plus élevés et cachés comme dans le système actuel. De plus, dans un régime de liberté on ne vous imposera pas la solidarité et on n'essaiera pas de vous laver le cerveau pour vous faire croire qu'une seule vitesse suffit. 
  
          Pas de système à deux vitesses? Exact! Apportez-en des vitesses, plus il y en aura, mieux ce sera. 

 
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