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Montréal, 10 mai 2003 / No 124 |
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par
Jean-Louis Caccomo
Les connaissances accumulées par les astronomes ont fini par remettre à sa juste place le pouvoir religieux. Certes, Galilée a du se rétracter pour faire plaisir au pouvoir du moment mais cela ne changeait rien à la réalité. Les connaissances accumulées par les économistes devront aboutir à remettre à sa place un jour le pouvoir étatique. Les économistes officiels, si prompts à courtiser le personnel politique duquel dépend le financement de leurs équipes de recherche, ne pourront pas éternellement se rétracter devant les pouvoirs modernes. |
En attendant cette renaissance espérée, il n'y a pas un jour
sans qu'un article de presse, une déclaration d'un homme politique
ou une publication académique ne stigmatisent les
Mais quel est cet agent providentiel aux potentialités si prodigieuses – on n'ose dire divines? – qu'il en arrive à se porter au secours de tous? Encore une fois, l'arbre cache la forêt. Ce discours alarmiste ne tient que parce que nous avons décidément la mémoire courte. C'est d'ailleurs la preuve que l'éducation et les médias ont une conception bien étrange de leur travail. Au lieu de former et d'informer, ils endoctrinent. L'État n'est pas le remède. À force d'immobilisme et de promesses farfelues, il est même la cause de beaucoup de problèmes français. Rappelons simplement quelques faits historiques récents. Erreur de perspective Dans les années 70, on affirmait sans nuance la supériorité de l'économie planifiée sur le modèle libéral jugé déclinant sinon décadent. Première grande erreur, et rares étaient les intellectuels français à oser le reconnaître à ce moment. Dans les années 90, on vantait les mérites du Il faut croire que plus la réalité est flagrante, plus l'on s'obstine à ne pas la regarder en face. Quand on rampe au ras du sol, on ne voit pas que la terre est ronde. Le modèle de la planification socialiste a implosé et le mur de Berlin s'est effondré. Quid du modèle planificateur! Les modèles allemand et japonais sont aujourd'hui dans un triste état. Quid à nouveau du modèle rhénan! De leur côté, depuis les vingt dernières années, les États-Unis ont créé près de 50 millions d'emplois nouveaux tout en intégrant 33 millions d'immigrés supplémentaires. C'est une vérité qui n'est pas bonne à dire par les temps qui courent. Pourtant, quoi qu'on pense de la qualité des hommes politiques américains, quoi qu'on puisse penser de leur politique étrangère en particulier, il n'y a pas d'autres régions dans le monde qui peut se prévaloir d'une telle performance(1). Les autres pays donnent des leçons et font des discours... mais ne parviennent pas à retenir leurs propres habitants sinon par la contrainte ou la terreur.
Quand on parle de défaillances, on doit avoir l'honnêteté de reconnaître que l'économie fondée sur la libre entreprise reste encore à ce jour le modèle le moins défaillant. Encore faut-il abandonner l'utopie stérile d'un monde parfait en guise de référence car la perfection n'est pas de ce monde. L'économie de marché a survécu à tous les autres modèles parce que ce n'est précisément pas un modèle. Voilà sa qualité première: elle est validée par l'expérience. Elle a donc le mérite d'exister et comme, finalement, elle doit payer la facture laissée par l'échec des autres expériences, on ne peut pas lui demander d'être toujours au mieux de sa forme. Les États-Unis renflouent Cuba, la Corée du Nord, l'Afrique et la Russie, pour éviter un désastre qui serait dommageable à tous. L'Europe de l'Ouest paie les coûts de l'intégration de l'Europe de l'Est. Demain, qui viendra au secours de la France quand la faillite sera constatée? En tous cas, les investisseurs américains ne vont pas se bousculer. Et l'on accuse encore et toujours le marché de défaillances? Vieille antienne! Pardonnez-moi mais c'est l'hôpital qui se moque de la charité. L'affaire Enron fait oublier l'affaire du Crédit Lyonnais ou la facture abyssale de France Télécom. Pour une entreprise qui falsifie ses comptes, combien de milliers d'entreprises fonctionnent chaque jour en respectant les nombreuses contraintes qu'imposent non seulement la compétition internationale mais aussi de plus en plus la législation intérieure et les normes internationales? La différence pourtant, c'est que les escrocs qui ont falsifié les comptes de l'entreprise Enron sont aujourd'hui en prison tandis que les Une part de risque Le Et comment de surcroît un dirigeant politique pourrait-il échapper lui-même à cette limite? Croyons-nous vraiment que celui qui choisit avec l'argent des autres est amené à faire des choix plus judicieux que celui qui est impliqué par ses propres choix? Car qui prétend corriger le marché sinon une instance de régulation elle-même mise en place et conduite par des hommes et femmes caractérisés par les mêmes limites et les mêmes faiblesses? Si l'action humaine n'est pas parfaite, autant limiter le pouvoir de chaque être humain par le biais de la concurrence. Et si l'action humaine est perfectible, autant donner à l'homme l'occasion de s'améliorer et de progresser. Car les occasions de se tromper sont autant d'occasions d'apprendre. Mais, ce n'est pas en maintenant l'individu dans un état perpétuel d'assistance, de contrôle et de suspicion qu'on lui permettra de s'épanouir et de prendre toutes ses responsabilités.
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