Montréal, 7 juin 2003  /  No 125  
 
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Christophe Vincent travaille dans l'informatique et vit à Paris. On peut lire ses textes sur Le champ libre. 
 
LE CHAMP LIBRE
 
LOI DE ROBIEN SUR LE LOGEMENT:
UNE LOI IDIOTE DE PLUS
 
par Christophe Vincent
  
 
          Le gouvernement s'apprête à mettre en place une nouvelle loi ayant pour objectif d'augmenter l'offre de logement à louer, et donc de faire baisser les loyers (La loi de Robien). Cette nouvelle loi qui accordera des avantages fiscaux à ceux qui investiront dans un logement pour le louer est dans la droite ligne de celles que pondent chaque année nos hommes politiques. Cette loi, comme beaucoup d'autres, sera non seulement inutile mais nuisible. Loin d'aider les Français, elle leur portera préjudice. 
 
          En effet, en accordant des avantages fiscaux à ceux qui investiront dans l'immobilier locatif, le gouvernement engendrera immanquablement un effet d'aubaine. Beaucoup de gens voudront profiter de ces nouveaux avantages fiscaux. L'offre de logement à louer augmentera donc. Les prix des logements, les loyers, baisseront. Tout cela est incontestable. 
  
          Si l'on s'en tenait là, on pourrait dire avec nos ministres que cette loi est formidable, qu'elle remplit parfaitement l'objectif qu'elle s'était fixée, que nos politiciens sont de grands visionnaires prenant de sages décisions pour le plus grand bénéfice des Français. 
  
          Mais il ne faut pas s'en tenir là – si l'on veut savoir si cette mesure est bonne ou mauvaise du moins. En effet, l'argent qui sera investi dans des logements à louer sous l'impulsion des avantages fiscaux, cet argent ne pourra plus être investi ailleurs. 
  
          Avant la mesure du gouvernement, les capitaux étaient investis là où ils pouvaient être le mieux rémunérés c'est-à-dire précisément là où ils étaient le plus utiles. Manquait-on de logements à louer? Le prix des loyers augmentait, incitant du même coup les investisseurs à construire des logements pour les louer. Manquait-on plutôt de voitures? Les voitures coûtaient plus chers, assurant ainsi de meilleurs revenus à ceux qui investissaient leur argent dans cette industrie. La loi de l'offre et de la demande seule, libre de toute contrainte étatique, était donc parfaitement à même d'affecter au mieux les capitaux disponibles aux besoins les plus pressants. 
  
     « Sous l'effet des avantages fiscaux, le nombre de logements à louer augmentera et les loyers diminueront, c'est indiscutable. Mais cet argent qui sera investi ici ne pourra plus l'être ailleurs. C'est donc d'autres biens qui viendront alors à manquer d'autant plus cruellement, qui coûteront alors d'autant plus cher. »
 
          Arrive le gouvernement avec ses bonnes intentions (dont l'enfer est pavé) et sa prétendue mesure miraculeuse. Sous l'effet des avantages fiscaux, le nombre de logements à louer augmentera et les loyers diminueront, c'est indiscutable. Mais cet argent qui sera investi ici ne pourra plus l'être ailleurs. C'est donc d'autres biens – d'autres biens qui étaient pourtant considérés comme tout aussi utiles, tout aussi désirables – qui viendront alors à manquer d'autant plus cruellement, qui coûteront alors d'autant plus cher. 
  
          Prenons l'exemple simple d'une famille qui dans un marché libre prendrait un logement modeste et achèterait une voiture. Arrive le gouvernement et sa mesure, notre famille trouvera certes un logement à louer plus grand mais elle ne pourra plus se payer de voiture. Où est donc l'avantage pour notre famille? Nulle part. Avant que le gouvernement n'intervienne, notre famille avait le choix et elle choisissait ce qui lui paraissait le mieux: occuper un logement modeste et acheter une voiture. À cause du gouvernement, elle n'a plus le choix que d'occuper un logement plus vaste. Sa liberté de choix est moindre. Elle a perdu au change. 
  
          Le pire, c'est qu'à cette première perte, il faut encore ajouter le coût que ne manquera pas d'avoir la mise en place de cette mesure. En effet, avant que le gouvernement se mêle de ce qui ne le regarde pas, les échanges se faisaient librement, au mieux des intérêts de chacun et sans que cela ne coûte un seul centime à l'État (et donc aux Français).  
  
          Mais voilà que le gouvernement veut intervenir et changer le cours des choses. Pour ce faire, il écrit une loi, la fait voter, la met en application, ses fonctionnaires calculent les déductions fiscales dont vont pouvoir bénéficier les nouveaux bailleurs, etc. Toute cette agitation (inutile) va forcément coûter de l'argent. Et pour arriver à quoi au juste? À ce triste résultat que les familles françaises seront encore moins à leur aise qu'avant la mesure! 
  
          Cette nouvelle loi de Robien mérite donc bien sa place aux côtés des autres lois idiotes dont notre législation est malheureusement truffée. 
  
  
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