Montréal, 22 novembre 2003  /  No 133  
 
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  LE SUICIDE ET LES ARMES À FEU
 
 
Re: LA LÉGISLATION SUR LES ARMES À FEU: INUTILE, SCÉLÉRATE, INAPPLICABLE ET COÛTEUSE, le QL, no 116. 
 
Monsieur,  
 
          Si vous pensez réellement que le fait qu'il y ait plus de suicides au Japon, alors qu'il y a moins d'armes à feu, peut être pris en valeur d'argument, cela est totalement dénué de sens. Hors contexte. La plupart des Japonais qui se suicident sont des jeunes qui subissent le système scolaire japonais de manière négative car il y a trop de pression. Dès le début de la scolarité des enfants, l'on sait s'ils seront PDG ou s'ils seront chômeurs à vie. C'est pour cela que de nombreux Japonais choisissent de mettre fin à leur vie. Car il ne la supporte plus. Et c'est aussi pour ça que de jeunes Japonais s'enferment chez eux des mois durant sans fréquenter l'école pour jouer à des jeux en réseau. Je ne crois pas que vous comprenez ce qu'est le suicide, surtout chez un jeune. 
  
          Vous dites allégrement: « est-on plus heureux au Sud de la frontière? » Vous vous trompez. Le suicide n'est pas un signe de malheur; il est un signe de désespoir total: on ne sait plus comment l'on va sortir d'un cercle infernal, ou comment on va continuer d'exister après un certain événement. Pour en revenir à nos moutons, le fait d'avoir une arme à feu sous la main joue beaucoup en la faveur du suicide. Une personne totalement désespérée qui se demande comment s'en sortir, qui a un coup de blues et qui tombe sur son Colt, envisage directement le suicide – même si elle n'y aurait jamais pensée sans cette vue. Je pense que vous ne tenez compte que des chiffres, ce qui est bien regrettable. La plupart du temps, le contexte importe bien plus, comme pour le cas du Japon. 
  
          Avec mes meilleures salutations, 
 
A. G.
  
 
 
Réponse d'Yvon Dionne: 
  
          Dans ce texte publié il y a près d'un an, je ne nie pas que le fait d'avoir en sa possession une arme à feu puisse favoriser ce moyen plutôt que d'autres comme méthode de suicide, en particulier chez les hommes et en particulier pour les cas de suicides impulsifs. Généralement aussi, l'usage d'une arme à feu est souvent lié à la consommation de drogues et/ou d'alcool. Ceci est surtout vrai en matière de violence conjugale, mais aussi pour ce qui est du suicide. 
 
          Cependant, je remarque dans cet article que lorsqu'un gouvernement met en place des restrictions quant à la possession d'armes à feu, il ne s'ensuit pas nécessairement une diminution (relative et absolue) du nombre de suicides, mais plutôt une substitution en faveur d'autres moyens de suicide que les armes à feu (la pendaison par exemple). 
 
          Le cas du Japon par exemple, où il est bien évident que le taux élevé de suicide n'a aucun rapport avec la possession d'armes à feu. Comme vous le mentionnez, les facteurs sociaux exercent sans aucun doute des pressions considérables sur la jeunesse de ce pays. Le désespoir se développe plus aisément là où existent de fortes pressions sociales et là où, tel le Québec, le chômage chez les jeunes est endémique. Même si je suis maintenant sexagénaire, je n'ai pas oublié que dans mon adolescence la vie n'était pas toujours facile... 
  
          Remarquons que le suicide, chez les personnes âgées cette fois, est en croissance: une autre forme de désespoir peut-être. On parle de plus en plus d'euthanasie ou de « mort assistée », pour ne pas coûter trop cher à la « santé publique » par exemple. La vie peut devenir un fardeau à tout âge, surtout quand on en attend beaucoup, que l'effort demandé est grand, que le corps n'obéit plus. Mais un suicide a-t-il plus de valeur s'il était permis par l'État et n'était pas obtenu au moyen d'une arme à feu mais plutôt par une corde, des médicaments, un couteau? 
 
          Autre chose: comment expliquer que le taux de suicide soit plus élevé aujourd'hui qu'il y a 50 ans? Comme l'État a pris de plus en plus la place des parents nous devrions nous attendre, selon la théorie des collectivistes, à moins de suicides chez les jeunes, n'est-ce pas? Pas nécessaire d'aller au Japon pour voir qu'il y a quelque chose qui cloche quelque part. Il en est de même pour les homicides: le taux est plus élevé qu'il y a 50 ans malgré toutes les restrictions aux armes à feu. 
 
          Comme vous le mentionnez, le suicide n'est pas qu'une affaire de chiffres mais il faut quand même les faire parler avant d'adopter, comme l'a fait le gouvernement (c'est pire en France), un contrôle des armes à feu qui, s'il était appliqué à la lettre, ferait du Canada un État-policier. 
 
          Mes salutations cordiales, 
 
Y. D. 
 
 
 
 
ABORTION VS COGNITIVE PSYCHOLOGY
 
 
Re: ABORTION AND THE MORAL BANKRUPTCY OF SOCIAL LIBERALS, le QL, no 71. 
 
          I read with interest David MacRae's column on abortion. His comments on the Canadian legal framework regarding this matter are especially interesting. Though I might have put things somewhat differently, I have to agree with his central thesis, i.e. that the rhetoric of supporters of abortion usually doesn't focus on the theme of abortion itself, but sees things solely from the somewhat off-angle lens of women's putative biological rights. As I've discussed previously in these pages, the notion of humanization versus dehumanization of the unborn child is the critical factor for moral analysis from a "classical Liberal" standpoint. I believe quoting recent works in cognitive psychology can bring an interesting light to the said topic. 
 
          Pr. Stanley Milgram undertook many studies in the field of cognitive mechanisms leading to obedience to authority, with dehumanization being a critical factor in accepting termination of another human being, by emotionally distancing himself from the slain person. Extending Milgram's original studies on political dictatorship to the field of abortion from the nurses' and medical staff perspective, Dr. Rachel M. MacNair, Ph.D., brings forward the following interesting observations in her study "ACHIEVING PEACE IN THE ABORTION WAR": 
              "We discerned that the following psychological defenses were used by staff members at various times to handle the traumatic impact of the destructive part of the operation: denial, sometimes through literal distance from viewing the procedure itself; projection, as evidenced by concern or anguish for other staff members assisting with or performing the procedure; and intellectualization. Popularly, the latter took the form of discussing the pros and cons of performing the D & E procedure and rationalizing its value."
          Former abortion staffperson Joy Davis describes it this way: "Each person that worked there had a different way of dealing with it. Dr. Tucker's assistant would look at the ultrasound the entire time she was in the room, but she would never look down in the pan. She would never look at the tissue being removed. She never wanted to see that. She would just never take her eyes off the screen. And then I had one that would never look at the screen [...] she would never look at the tissue and never look at the screen, she just didn't want to see anything." 
 
          The later the pregnancy and the larger the foetus, the harder it becomes to distance oneself. Joy Davis gives another explanation, "When you did a suction procedure, it would come out in pieces, it would go in the jar, it would go in a stocking, it would go in a cup. You didn't actually see the baby. When you did a second and third trimester, if they come out in pieces, we were better. It didn't bother us as bad. If they come out intact, we had a dead baby there. So all of us would cry a lot, and all of us would hurt over that." 
 
          Dr. Don Sloan, in a book that vigorously asserts the need for abortion to be available, also shows awareness that this tactic is being used deliberately. "As the pregnancy advances, the idea of abortion becomes more and more repugnant to a lot of people, medical personnel included. Clinicians try to divorce themselves from the method." He goes into graphic detail and describes the need to check the body parts to make sure everything is out. "Want to do abortion? Pay the price. There is an old saying in medicine: If you want to work in the kitchen, you may have to break an egg. The stove gets hot. Prepare to get burned." 
 
          Another technique of distancing is to set the whole procedure up in compartments. A person can participate in one compartment, knowing that the other compartments are there, but ignoring them. Luhra Tivis reports that Dr. George Tiller of Kansas, who specializes in the late-term abortions, had a similar technique. "One of the ways he runs the clinic is, he's got nursing staff that are nurse's aides and LPNs who work in the exam rooms, where they do the sonograms, and they take blood for the blood work, and then he's got the nurse practitioner, who goes down in the basement with him. And then he's got an RN that stays at the motel overnight with them. He's got people compartmentalized. And then there's the office staff, who never have anything to do with the medical side. I was the only one on the office staff who regularly handled the medical records and typed them up. So he has people compartmentalized, so they don't all have the facts of what's going on. They just see their own little section. That way, he keeps them from getting too upset about what's going on." 

          In this light, the question arises that the complete and deliberate witnessing by the mother of the act of abortion being committed on her child, instead of having it smokescreened as the Canadian policy does, could bring greater awareness for the responsibility of one's actions, and thus a genuine freedom of choice – by understanding and bearing the full consequences, moral and economic, involved in that choice. 
 

Richard U. Broenck
Québec
 
 
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