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COURRIER
DES LECTEURS
LES FUMEURS, DES CITOYENS DE SECONDE
CLASSE
Jean Rochon, notre ministre de la santé, annonçait récemment
qu'il allait déposer un projet de loi anti-tabac interdisant la
cigarette dans les restaurants. Je crois que cela dépasse les bornes
de la logique et de la tolérance car depuis quelques années,
les fumeurs y goûtent de toutes les façons:
1) En 1986, on adopte une loi interdisant la cigarette dans tous les établissements
de santé du Québec, sauf dans les endroits aménagés
comme fumoir. Mais là où ça devient ridicule, c'est
quand des établissements aménagent des endroits pour fumeurs
où il est interdit d'ouvrir les fenêtres ou de laisser la
porte ouverte. Maintenant, on invite tout simplement les fumeurs à
sortir à l'extérieur, qu'ils soient patients ou visiteurs.
Faites le tour des hôpitaux, vous verrez des patients en robe de
chambre fumer dehors! Une chance que les établissements de santé
sont là pour nous protéger! Moi j'appelle cela des fumeurs
expropriés.
2) Viennent ensuite les espaces fumeurs/non-fumeurs dans les restaurants.
À l'arrivée de cette réglementation, tout le
monde semblait pourtant être assez d'accord pour cohabiter ensemble
– quoiqu'il était difficile d'en comprendre la logique car il y
avait encore de la fumée dans l'air. Ce qui était intéressant
de voir, c'est lorsqu'il y avait des lignes d'attente et qu'une préposée
annonçait une place de disponible dans la section fumeur, bien souvent
un non-fumeur disait que cela ne le dérangerait pas d'y être...
Dur à comprendre!
3) À cela s'ajoutent hausses de taxes par-dessus hausses de taxes
– toujours en nous faisant croire que c'est pour protéger notre
santé ainsi que celle des non-fumeurs. Ou bien c'est pour décourager
les gens (surtout les jeunes) à commencer à fumer et inciter
les autres à arrêter. Ce que je ne comprends pas, c'est que
lorsque les fumeurs se sont tournés vers le marché noir pour
acheter leurs cigarettes, nos gouvernements ont rapidement abaissé
les taxes. Leurs politiques « protectrices de notre
santé » n'étaient
plus aussi importantes. Leurs finances l'étaient davantage.
4) En plus de récupérer nos sous par leurs taxes, ils font
de la politique « paternaliste ». Ce qui a pour
effet de créer deux classes de citoyens: les fumeurs et les non-fumeurs.
Ajoutez à cela les anti-fumeurs, et le bal est parti! Tout le monde
regarde tout le monde! On réclame que les fumeurs soient expropriés
à l'extérieur des endroits publics et on va même, à
certains endroits, jusqu'à leur interdire d'être à
plus de cinquante pieds des bâtiments et cela, toujours au nom des
droits et libertés. Un fumeur avec une cigarette est vu comme un
criminel. Certaines personnes vont jusqu'à leur adresser des paroles
désobligeantes.
Messieurs les Ministres de la Santé, par vos politiques, vous avez
bien réussi à créer de l'animosité entre vos
électeurs si précieux en période électorale
et à faire en sorte qu'un groupe soit privé de ses droits
et libertés.* Vous ne pouvez continuer d'amasser notre argent d'une
main tandis que de l'autre, vous nous tassez à l'extérieur.
Nous avons aussi des droits et des libertés comme tous les citoyens.
Est-ce qu'on interdit aux personnes qui se parfument
de circuler dans les centres d'achat? Pas encore – quoiqu'il en ait déjà
été question. Qui sait, cela sera peut-être la prochaine
« grande bataille ».
Conrad Royer
Boisbriand
croyer@usa.net
(*) Article 10 de la Charte
des droits et
liberté du Québec
(discrimination
interdite) et article 15 (lieux
publics
accessibles à tous).
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NOUVELLES
BRÈVES
UN MINISTÈRE
EST NÉ
Avec tout le brouhaha qui a entouré la présentation du budget
québécois cette semaine, personne n'a rélevé
l'événement historique de la naissance d'un nouveau ministère
à Québec, celui des Régions. Celui-ci aura 90
millions $ à saupoudrer par l'intermédiaire des Centres
locaux de développement et des Conseils régionaux de développement.
Grâce à la meilleure planification du développement
économique, social et culturel dont elles vont maintenant pouvoir
bénéficier, les régions auront enfin la chance de
sortir de la grande noirceur et de la misère dans lesquelles elles
étaient reléguées.
On avait déjà le ministère de la Métropole,
il ne manque plus que le ministère de la Capitale, le ministère
des Espaces sidéraux au-dessus du Québec et le ministère
des Grands Espaces entre les oreilles des bureaucrates, pour que tout le
monde soit content.
TRAPPE À HOMARDS
Le gouvernement Bouchard a refusé de clarifier cette semaine son
intention quant à la tenue ou non d'un référendum
pendant un prochain mandat s'il est réélu. Le Sauveur libéral
Jean Charest avait prédit lors de sa Venue la semaine dernière
que les péquistes allaient faire un nouveau virage sur cette question
pour se faire réélire. On peut en fait déduire ce
qui suit des propos de Lucien Bouchard et de ses ministres: si on peut
refaire le coup de la trappe à homards, on va en tenir un, sinon
on va attendre des eaux plus propices.
LA RÉVOLUTION CONSERVATRICE
EST FINIE
Washington – La Chambre des représentants
a approuvé cette semaine un projet de loi sur les transports qui
prévoit des dépenses de construction de plus de 210 milliards
de dollars dans ce secteur au cours des six prochaines années. Il
s'agit du plus important montant jamais voté pour ce qui constitue
essentiellement des travaux d'asphaltage à saveur électoraliste,
de 43% supérieur à ce qui avait été autorisé
pour 1991-97.
Ce vote est significatif parce qu'il consacre la fin officielle, selon
plusieurs, de la « Révolution conservatrice
» qu'avait enclenchée l'élection de Newt Gingrich
et de sa cohorte de jeunes républicains en 1994. Le Parti républicain
avait alors pris le contrôle des deux chambres du Congrès
pour la première fois depuis 40 ans, et les plus optimistes prévoyaient
des mesures radicales pour diminuer le rôle et la taille de l'État
fédéral américain. Les idées libertariennes
sont d'ailleurs mieux reconnues dans le débat public chez nos voisins
du sud depuis cette période.
La Révolution conservatrice n'est toutefois jamais allée
bien loin et la balloune rhétorique s'est bien vite dégonflée
devant les réalités politiques, notamment à la suite
de la réélection de Bill Clinton deux ans plus tard. Malgré
certaines réformes heureuses, la taille de l'État américain
n'a aucunement été réduite. Pris dans un système
de clientélisme électoral, Gingrich et ses troupes n'ont
pas eu le courage de risquer la défaite pour mettre en oeuvre leurs
politiques.
Il faudra attendre la prochaine élection, et la candidature éventuelle
d'un Steve Forbes, pour voir si les idéaux libertariens connaîtront
un second souffle à court terme.
POISSONS D'AVRIL
Les Plans quinquennaux, ces fantaisies bureaucratiques fondées sur
l'idée qu'en annonçant des résultats économiques
faramineux cinq ans en avance, on va nécessairement les atteindre,
ont fait les beaux jours des régimes communistes. Vous pensiez que
ça n'existait plus? Détrompez-vous. Le nouveau Réseau
Pêches et aquiculture Québec a fait adopter ces derniers jours
son Plan directeur du secteur. Il s'agit d'une « perspective
de travail quinquennale [qui] constitue la synthèse des actions,
projets et éléments de vision que les partenaires ont proposés
au cours des derniers mois ».
On y annonce entre autres que « les résultats
inscrits au Plan directeur pour le secteur pourraient se traduire dans
cinq ans par une hausse de 23 % du produit intérieur brut des secteurs
primaires et secondaires des pêches et de l'aquiculture. Ceci équivaudrait
à un produit intérieur brut supplémentaire de 42
millions de dollars, dont 15 millions $ en masse salariale
additionnelle, permettant non seulement la consolidation, mais aussi la
création d'emplois ».
Les citoyens vertueux qui voudraient contribuer à l'atteinte des
objectifs du Plan peuvent le faire en augmentant leur « consommation
annuelle de produits marins québécois d'une livre par individu
», comme le prévoient de façon très appropriée
les planificateurs du Réseau.
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pas d'accord avec le contenu d'un article? Vous avez une opinion à
partager? Vous voulez dénoncer une autre stupidité proférée
par nos élites nationalo-étatistes?
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