Montréal, le 4 avril 1998
Numéro 5
 
(page 3) 
 
 
page précédente 
            Vos commentaires           
 
 
 
 
 
 
 COURRIER
DES LECTEURS
 
 LES FUMEURS, DES CITOYENS DE SECONDE CLASSE
 
          Jean Rochon, notre ministre de la santé, annonçait récemment qu'il allait déposer un projet de loi anti-tabac interdisant la cigarette dans les restaurants. Je crois que cela dépasse les bornes de la logique et de la tolérance car depuis quelques années, les fumeurs y goûtent de toutes les façons: 
 
          1) En 1986, on adopte une loi interdisant la cigarette dans tous les établissements de santé du Québec, sauf dans les endroits aménagés comme fumoir. Mais là où ça devient ridicule, c'est quand des établissements aménagent des endroits pour fumeurs où il est interdit d'ouvrir les fenêtres ou de laisser la porte ouverte. Maintenant, on invite tout simplement les fumeurs à sortir à l'extérieur, qu'ils soient patients ou visiteurs. Faites le tour des hôpitaux, vous verrez des patients en robe de chambre fumer dehors! Une chance que les établissements de santé sont là pour nous protéger! Moi j'appelle cela des fumeurs expropriés. 
 
          2) Viennent ensuite les espaces fumeurs/non-fumeurs dans les restaurants. À l'arrivée  de cette réglementation, tout le monde semblait pourtant être assez d'accord pour cohabiter ensemble – quoiqu'il était difficile d'en comprendre la logique car il y avait encore de la fumée dans l'air. Ce qui était intéressant de voir, c'est lorsqu'il y avait des lignes d'attente et qu'une préposée annonçait une place de disponible dans la section fumeur, bien souvent un non-fumeur disait que cela ne le dérangerait pas d'y être... Dur à comprendre! 
 
          3) À cela s'ajoutent hausses de taxes par-dessus hausses de taxes – toujours en nous faisant croire que c'est pour protéger notre santé ainsi que celle des non-fumeurs. Ou bien c'est pour décourager les gens (surtout les jeunes) à commencer à fumer et inciter les autres à arrêter. Ce que je ne comprends pas, c'est que lorsque les fumeurs se sont tournés vers le marché noir pour acheter leurs cigarettes, nos gouvernements ont rapidement abaissé les taxes. Leurs politiques « protectrices de notre santé » n'étaient plus aussi importantes. Leurs finances l'étaient davantage. 
 
          4) En plus de récupérer nos sous par leurs taxes, ils font de la politique « paternaliste ». Ce qui a pour effet de créer deux classes de citoyens: les fumeurs et les non-fumeurs. Ajoutez à cela les anti-fumeurs, et le bal est parti! Tout le monde regarde tout le monde! On réclame que les fumeurs soient expropriés à l'extérieur des endroits publics et on va même, à certains endroits, jusqu'à leur interdire d'être à plus de cinquante pieds des bâtiments et cela, toujours au nom des droits et libertés. Un fumeur avec une cigarette est vu comme un criminel. Certaines personnes vont jusqu'à leur adresser des paroles désobligeantes. 
 
           Messieurs les Ministres de la Santé, par vos politiques, vous avez bien réussi à créer de l'animosité entre vos électeurs si précieux en période électorale et à faire en sorte qu'un groupe soit privé de ses droits et libertés.* Vous ne pouvez continuer d'amasser notre argent d'une main tandis que de l'autre, vous  nous tassez à l'extérieur. Nous avons aussi des droits et des libertés comme tous les citoyens. Est-ce qu'on interdit aux personnes qui se parfument de circuler dans les centres d'achat? Pas encore – quoiqu'il en ait déjà été question. Qui sait, cela sera peut-être la prochaine  « grande bataille ». 
 
Conrad Royer
Boisbriand
croyer@usa.net
  
(*) Article 10 de la Charte des droits et 
liberté du Québec (discrimination  
interdite) et article 15 (lieux publics  
accessibles à tous).  
 
 
 
 
 
NOUVELLES BRÈVES
 
 UN MINISTÈRE EST NÉ
 
          Avec tout le brouhaha qui a entouré la présentation du budget québécois cette semaine, personne n'a rélevé l'événement historique de la naissance d'un nouveau ministère à Québec, celui des Régions. Celui-ci aura 90 millions $ à saupoudrer par l'intermédiaire des Centres locaux de développement et des Conseils régionaux de développement. Grâce à la meilleure planification du développement économique, social et culturel dont elles vont maintenant pouvoir bénéficier, les régions auront enfin la chance de sortir de la grande noirceur et de la misère dans lesquelles elles étaient reléguées.  
 
          On avait déjà le ministère de la Métropole, il ne manque plus que le ministère de la Capitale, le ministère des Espaces sidéraux au-dessus du Québec et le ministère des Grands Espaces entre les oreilles des bureaucrates, pour que tout le monde soit content. 
  
  
 
TRAPPE À HOMARDS
 
          Le gouvernement Bouchard a refusé de clarifier cette semaine son intention quant à la tenue ou non d'un référendum pendant un prochain mandat s'il est réélu. Le Sauveur libéral Jean Charest avait prédit lors de sa Venue la semaine dernière que les péquistes allaient faire un nouveau virage sur cette question pour se faire réélire. On peut en fait déduire ce qui suit des propos de Lucien Bouchard et de ses ministres: si on peut refaire le coup de la trappe à homards, on va en tenir un, sinon on va attendre des eaux plus propices. 
  
  
 
LA RÉVOLUTION CONSERVATRICE EST FINIE 
  
          Washington – La Chambre des représentants a approuvé cette semaine un projet de loi sur les transports qui prévoit des dépenses de construction de plus de 210 milliards de dollars dans ce secteur au cours des six prochaines années. Il s'agit du plus important montant jamais voté pour ce qui constitue essentiellement des travaux d'asphaltage à saveur électoraliste, de 43% supérieur à ce qui avait été autorisé pour 1991-97. 
 
          Ce vote est significatif parce qu'il consacre la fin officielle, selon plusieurs, de la « Révolution conservatrice » qu'avait enclenchée l'élection de Newt Gingrich et de sa cohorte de jeunes républicains en 1994. Le Parti républicain avait alors pris le contrôle des deux chambres du Congrès pour la première fois depuis 40 ans, et les plus optimistes prévoyaient des mesures radicales pour diminuer le rôle et la taille de l'État fédéral américain. Les idées libertariennes sont d'ailleurs mieux reconnues dans le débat public chez nos voisins du sud depuis cette période. 
 
          La Révolution conservatrice n'est toutefois jamais allée bien loin et la balloune rhétorique s'est bien vite dégonflée devant les réalités politiques, notamment à la suite de la réélection de Bill Clinton deux ans plus tard. Malgré certaines réformes heureuses, la taille de l'État américain n'a aucunement été réduite. Pris dans un système de clientélisme électoral, Gingrich et ses troupes n'ont pas eu le courage de risquer la défaite pour mettre en oeuvre leurs politiques. 
 
          Il faudra attendre la prochaine élection, et la candidature éventuelle d'un Steve Forbes, pour voir si les idéaux libertariens connaîtront un second souffle à court terme.  
 
 
 
 POISSONS D'AVRIL
  
          Les Plans quinquennaux, ces fantaisies bureaucratiques fondées sur l'idée qu'en annonçant des résultats économiques faramineux cinq ans en avance, on va nécessairement les atteindre, ont fait les beaux jours des régimes communistes. Vous pensiez que ça n'existait plus? Détrompez-vous. Le nouveau Réseau Pêches et aquiculture Québec a fait adopter ces derniers jours son Plan directeur du secteur. Il s'agit d'une « perspective de travail quinquennale [qui] constitue la synthèse des actions, projets et éléments de vision que les partenaires ont proposés au cours des derniers mois ». 
 
          On y annonce entre autres que « les résultats inscrits au Plan directeur pour le secteur pourraient se traduire dans cinq ans par une hausse de 23 % du produit intérieur brut des secteurs primaires et secondaires des pêches et de l'aquiculture. Ceci équivaudrait à un produit intérieur brut supplémentaire de 42 millions de dollars, dont 15 millions $ en masse salariale additionnelle, permettant non seulement la consolidation, mais aussi la création d'emplois » 
 
          Les citoyens vertueux qui voudraient contribuer à l'atteinte des objectifs du Plan peuvent le faire en augmentant leur « consommation annuelle de produits marins québécois d'une livre par individu », comme le prévoient de façon très appropriée les planificateurs du Réseau. 

  



 
   Vous n'êtes pas d'accord avec le contenu d'un article? Vous avez une opinion à partager? Vous voulez dénoncer une autre stupidité proférée par nos élites nationalo-étatistes?   
 
LE QUÉBÉCOIS LIBRE  publiera toutes les lettres pertinentes et écrites convenablement. N'oubliez pas d'écrire vos nom, lieu de résidence et adresse électronique. We also accept letters in English. 
 
 
  
 
sommaire
 PRÉSENT NUMÉRO
page suivante