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Heureusement que nos ministres veillent sur le bien-être de leurs poussins. C'est ce qui a permis à la multinationale Paccar, proprio de l'usine Kenworth sur le bord de la 15 (pratique, pour manifester...) de se faire offrir sur un plateau d'argent des nouvelles installations que nous, pauvres nonos, lui payons avec nos sous. Ça a l'air qu'ils n'ont pas encore fini de rire, à Seattle. Ça fait près d'un an maintenant que l'entente est conclue, mais personne ne remarque de changements. Les architectes sont encore à faire des dessins et les employés se promènent entre le chômage et les programmes subventionnés, question que ça ne paraisse pas trop qu'ils ont arrêté de travailler. Combien de temps encore? Bof, on ne sait pas trop. On espère que l'usine rouvrira ses portes en mars 1999, mais ça peut aussi bien être l'an 2002 comme la semaine des quatre jeudis. Pourquoi pas, un coup parti, quand les La vérité, c'est que personne n'ose dire tout haut ce que bien des gens redoutent. Je vais vous le dire, moi, ce qui risque le plus d'arriver. C'est très simple: rien pantoute. Pas d'usine, pas de jobs, pas de trucks. Rien que des prestations, des mesures de soutien et des syndicalistes qui seront encore en mosus contre le capitalisme américain. On commence à la connaître, leur chanson. Quand on est incapable de se retrousser les manches et de développer des compétences qui sont en demande POUR VRAI, on quête des mesures protectionnistes pour maintenir artificiellement en vie nos petites habitudes. Paccar, à l'autre bout, c'est une équipe des ligues majeures qui n'a strictement rien à cirer de nos difficultés économiques. Une énorme entreprise qui, depuis plus de 60 ans, enregistre des profits à CHAQUE semestre, sans exception. Négocier d'égal à égal, tu parles... Partout dans le monde, on essaie d'attirer à coups de subventions et de crédits d'impôts des usines consommatrices de main-d'oeuvre. Tous les politiciens veulent des jobs pour leurs électeurs et dans ce temps-là, on ne peut pas se permettre d'être trop regardant. La mauvaise nationalité, c'est quand ça va mal qu'on en parle. Le Québec n'est qu'un endroit parmi tant d'autres où l'on peut facilement trouver des employés capables de faire la même chose huit heures par jour. La différence c'est qu'ailleurs, ils sont moins exigeants. Déchirez vos chemises tant que vous voulez, tout le monde s'en fout. C'est comme ça que la business tourne, et le premier ministre du Québec n'y pourra jamais rien, sauf continuer à dire aux travailleurs québécois, en leur tendant un chèque d'aide Continuez à vous griser d'illusions, les gars. Avec un peu de chance, vous serez tellement dans les nuages que vous ne sentirez même pas le choc quand vous allez frapper le mur. (*) Brigitte Pellerin est diplômée en droit et se consacre maintenant à l'écriture. Elle vit dans la région de Québec. Sa chronique sur le monde du travail paraîtra toutes les deux semaines.
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