Montréal, le 25 avril 1998
Numéro 8
 
(page 2) 
 
 
  page précédente 
            Vos commentaires           
 
 
 
 
 
 
Publié sur la Toile depuis 
le 21 février 1998 
 
 
DIRECTEUR 
Martin Masse 

ÉDITEUR 
Gilles Guénette 
 
RECHERCHISTE  
Claire Joly 
 
CHRONIQUEURS 
Pierre Desrochers 
Pierre Lemieux 
Brigitte Pellerin 

COLLABORATEUR 
Ralph Maddocks 
 
 
 
 
 
     Le Québécois Libre défend la liberté individuelle, l'économie de marché et la coopération spontanée comme fondement des relations sociales.   
     Il  s'oppose à l'interventionnisme étatique et aux idéologies collectivistes, de gauche comme de droite, qui visent à enrégimenter les individus.   
     Les articles publiés  partagent cette philosophie générale mais les opinions spécifiques qui y sont exprimées sont la responsabilité de leurs auteurs.   
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 
 
NOTRE PHILOSOPHIE    
  
 
NUMÉROS 
PRÉCÉDENTS 
  
 
LIENS 
LIBERTARIENS 
 
 
LA PAGE DU DIRECTEUR 
 
 
POUR NOUS REJOINDRE 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
ÉDITORIAL
 
LES MÉGABANQUES
ET LA COMPÉTITION
 
par Martin Masse
      
 
          L'annonce d'une seconde fusion entre deux grandes banques canadiennes en moins de quelques semaines a semé la panique chez plusieurs. Des petites entreprises s'inquiètent de ne plus pouvoir obtenir de prêts; des épargnants voient déjà les frais bancaires augmenter; les syndicats dénoncent les pertes d'emplois éventuelles; des activistes alarmistes y voient même une menace à la démocratie. 
 
          Le dossier est évidemment très complexe mais toutes ces peurs irrationnelles auraient moins de raisons de s'exprimer si on clarifiait un peu cette question de la compétition qui est au coeur du problème. 

À la merci des géants? 

          La critique la plus fréquente envers les deux projets de fusion est que la compétition va presque disparaître et que citoyens et entreprises seront à la merci de quelques géants qui leur offriront peu de choix. 
 
          Il est vrai que le système bancaire canadien est peu compétitif. Alors que les États-Unis comptent encore au-delà de 9000 banques de diverses tailles, et ce même après une série de fusions similaires à celles qui se produisent ici, le Canada a toujours favorisé la consolidation de quelques mégabanques de dimension nationale.  
 
          Il faut toutefois préciser que les banques ne contrôlent que 47% des avoirs financiers au pays, et que d'autres joueurs comme les compagnies d'assurances, les fonds mutuels ou les fiducies offrent de plus en plus des services qui s'apparentent à ce qu'offrent les banques. Qui plus est, au Québec surtout, les caisses populaires font bien sûr une concurrence directe aux géants bancaires. Dans le reste du pays, l'annonce des fusions est déjà interprétée comme une bonne nouvelle par les coopératives de crédit similaires au Mouvement Desjardins.  
 
          Il faut regarder au-delà du seul secteur bancaire pour prendre une vue d'ensemble de la situation. Mais même si l'on veut se concentrer sur celui-ci, les nouvelles ne sont pas aussi mauvaises qu'on le croit. Les banques étrangères, comme la Banque de Hong Kong ou la Wells Fargo, sont déjà présentes sur le marché canadien depuis les années 1980. Elles n'y occupent encore qu'une petite place, parce que la réglementation et les restrictions auxquelles elles sont sujettes les confinent surtout aux prêts commerciaux. 
 
          Le Groupe de travail sur l'avenir des services financiers, qui doit rendre son rapport au gouvernement fédéral à l'automne, risque fort de recommander l'ouverture totale du marché canadien comme corollaire à la fusion des banques. Ce que souhaitent les banques étrangères, c'est la permission d'ouvrir ici de simples succursales de la maison mère, alors qu'elles sont maintenant obligées de créer des entités autonomes enregistrées comme banques canadiennes, avec toutes les limites que comporte la mise sur pied d'une nouvelle institution dans un marché déjà bien occupé. 
 
          L'impact positif qu'aurait une telle ouverture du marché dépasserait de beaucoup l'effet négatif de la fusion de quelques grandes banques sur la concurrence. Dans les faits, les citoyens et les entreprises du Canada auraient potentiellement accès aux meilleurs services dans le monde. Une banque étrangère capable d'offrir des services bancaires de plus grande qualité et à moindre coût que ce qu'offrent les banques d'ici aura tout intérêt à ouvrir une ou plusieurs succursales et à aller chercher une partie de la clientèle, forçant par le fait même les institutions canadiennes à s'ajuster pour rester compétitives. 
 
          Il faut enfin mentionner un dernier développement susceptible d'augmenter la concurrence dans les services financiers: l'arrivée des nouvelles technologies de l'information. On peut déjà obtenir un prêt et s'occuper de la plupart de ses transactions bancaires sur internet. À moyen terme, le potentiel de diversification des services est énorme. Il n'est pas nécessaire que tout le monde soit prêt à faire son budget par ordinateur pour que le marché financier soit affecté par cette réalité. Il suffit qu'une partie des épargnants soient susceptibles de choisir ce nouveau service pour, encore une fois, forcer les banques traditionnelles à s'ajuster pour demeurer compétitives.  
  
La grosseur n'est pas essentielle 
  
          En bout de ligne, la grosseur des nouvelles institutions fusionnées ne sera pas un élément essentiel dans leur compétitivité et pourrait même devenir un inconvénient; les entreprises énormes perdent souvent contact avec leur clientèle, ont tendance à développer des réflexes bureaucratiques et peuvent commettre des erreurs de stratégie aussi énormes que leur taille. La compétitivité d'une entreprise dépend d'abord de sa capacité à développer une niche où elle peut offrir les meilleurs services, avec les coûts d'exploitation les plus bas. 
 
          Il y a plusieurs niches dans le monde des services bancaires: une pour les multinationales, une pour les PME, une pour ceux qui souhaitent faire toutes leurs transactions dans la succursale de leur village, une autre pour ceux qui veulent tout régler sur internet, et bien plus encore.  
 
          Au lieu de faire un power trip en parlant des banques comme s'il s'agissait d'une extension de la bureaucratie fédérale, le ministre des Finances Paul Martin devrait indiquer clairement qu'il permettra la fusion des banques canadiennes, et qu'il ouvrira en même temps le marché à toutes les institutions qui pourraient leur faire une véritable concurrence. Tout le monde en sortira ainsi gagnant.

 
 
 
L'ÉTAT, NOTRE BERGER?
 
  
Le Québec libre des 
nationalo-étatistes 
 
          « Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. »  

Alexis de Tocqueville 
DE LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE (1840)

 
 
 
sommaire
 PRÉSENT NUMÉRO
page suivante