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Ce qui est drôle, c'est que l'usine albertaine de Maple Leaf a été fermée suite à une grève des employés syndiqués, laissant, si ma mémoire est bonne, environ 800 travailleurs sans emploi. La compagnie exigeait des concessions majeures de la part de ses syndiqués et ceux-ci ont refusé. La clé dans la porte, salut tout le monde. Meilleure chance la prochaine fois. Les patrons de Maple Leaf, je le rappelle, c'est le Fonds de pension des professeurs syndiqués de l'Ontario qui, au moment même où se déroulait le conflit en Alberta, étaient dans la rue, en grève... EN GRÈVE!!! Alors si je comprends bien, les gens qui pataugent à temps plein dans le merveilleux monde du syndicalisme et des luttes ouvrières peuvent, À LA FOIS, faire impunément la grève pendant deux semaines et sacrer dehors leurs propres employés qui ont commis l'erreur de vouloir faire la même chose. Est-ce que c'est ce qu'ils veulent dire quand ils parlent de la main droite qui ignore ce que la gauche fait? Ou est-ce plutôt le truc de la paille dans l'oeil de l'autre? Peut-être aussi que le fait de travailler pour l'éducation publique change un peu la donne. Deux semaines de grève, ça veut dire deux semaines de moins en salaires à payer. Bonjour l'économie! Dans le privé, c'est une autre affaire... N'empêche que c'est compliqué, comme aventure. C'est ce qui arrive quand on veut à la fois être le grand boss et le pauvre travailleur. On finit par se ramasser dans des emberlificotages sans fin. Mais ça non plus, ça ne les gêne pas. Laissons un peu l'Alberta et revenons dans nos contrées, plus précisément dans la région de Donnacona. Il y a là un IGA complètement bouché par un conflit de travail qui traîne depuis 5 mois. C'est grave. (Parenthèse pour les gens de la grande ville: en région, on ne trouve pas d'épiceries à chaque coin de rue. Il faut souvent faire une dizaine de kilomètres avant de trouver un concurrent. Pour les gens âgés et ceux qui n'ont pas de voiture, c'est une catastrophe quand À Donnacona, les employés en grève ont eu une idée pour se sortir du bourbier. Ils veulent racheter le IGA. Il semblerait que l'actuel propriétaire n'ait pas trop envie de se battre pour le garder. Peut-être parce qu'il en a plein son casque et certainement parce qu'il sait très bien que les relations de travail et de couple ne diffèrent pas tant que ça. C'est toujours difficile de se remettre ensemble. Bonne idée! dites-vous. Comme ça, tout le monde serait content. C'est good! Dur, dur d'être boss
Laissez-moi seulement vous dire une chose, rabat-joie que je suis: on ne
devient pas boss du jour au lendemain. Quand ça fait 10 ans qu'on
est salarié, la transition ne se fait pas toujours en douceur.
Vous allez peut-être grincer des dents,
mais sachez que c'est pas mal plus facile d'être employé que
d'être boss. Enfin, la plupart du temps. Le
gros avantage, c'est l'horaire. Parce qu'en dehors de tes heures, tu ne
travailles pas. Quand t'as pas d'horaire,
c'est simple, tu travailles tout le temps. (Il y a aussi ceux qui ne travaillent
jamais, ceux qui sirotent tranquillement leur B.S., mais c'est une autre
histoire.)
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