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Frosch, Allenby et quelques autres théoriciens universitaires, notamment Robert Ayres de l'INSEAD et Robert Socolow de Princeton, consacrent depuis quelques années toutes leurs énergies à promouvoir l'écologie industrielle. Leurs efforts sont pour l'instant couronnés de succès. Ils ont réussi à s'assurer le soutien financier et logistique de plusieurs entreprises de très grande envergure (notamment AT&T, Southern California Edison Company, International Paper, General Electric et Texas Pacific Group), de certaines fondations privées (notamment la Fondation Heinz), de la prestigieuse National Academy of Engineering de même que de l'Environmental Protection Agency. Ils ont publié plusieurs ouvrages sur le sujet et ont même lancé un journal académique, le Journal of Industrial Ecology, publié quatre fois l'an par les prestigieuses MIT Press à partir du Département de foresterie et d'études environnementales de la non moins prestigieuse Université Yale. Là où le bât blesse cependant, c'est que les principaux théoriciens de l'écologie industrielle empruntent beaucoup plus à l'approche des urbanistes et des planificateurs qu'à celle des tenants de l'économie de marché. Bon nombre d'entre eux souhaitent ainsi orchestrer l'activité industrielle à partir d'une officine gouvernementale afin de la transformer en circuit fermé (close loop) où une quantité infime de rebut retournerait dans l'écosystème. Cette approche centralisatrice était sans doute inévitable, dans la mesure du moins où les écologistes industriels ne comprennent le marché qu'à la lumière de l'approche complètement schizophrène de l'école néo-classique. Et la plupart des économistes contemporains vous le diront, les entreprises recycleraient déjà leurs déchets s'il était rentable de le faire, car leurs modèles n'admettent l'existence d'aucune opportunité à découvrir ou d'aucun rebut que la créativité humaine pourrait transformer en ressource. Or comme tous les êtres humains doués d'un peu d'imagination le savent, il n'en est rien. Ce que les économistes néo-classiques oublient également – et ce que les lecteurs de cette chronique se sont fait rappeler à quelques reprises – c'est que plusieurs interventions gouvernementales ont complètement faussé le rôle environnemental du mécanisme des prix et des droits de propriété, tout en érigeant plusieurs barrières institutionnelles au recyclage des déchets. (Voir QL, no 1, no 12) Les processus de marché et l'écologie industrielle
Frosch, Allenby et leurs collègues sont des ingénieurs et
des avocats compétents dans leur domaine, mais qui n'ont pour la
plupart aucune notion des processus de marché et de l'histoire des
techniques. Si tel était le cas, ils réaliseraient rapidement
que l'économie de marché a toujours été un
modèle d'écologie industrielle. Cela nous échappe
toutefois souvent, car l'immense majorité des déchets industriels
reconvertis en ressources ont toujours été des denrées
périssables.
Le tanneur qui a acheté des peaux non traitées en sépare les cornes et les vend aux fabricants de peignes et de lanternes. La corne est composée de deux parties, l'enveloppe extérieure dure et une substance interne conique moins rigide que de l'os. La première partie du processus consiste à séparer ces deux parties au moyen d'un coup contre un bloc de bois. La portion extérieure est ensuite coupée en trois parties à l'aide d'une scie.L'écologie industrielle n'est donc qu'un sophisme historique, car ce n'est pas parce que les théoriciens viennent de découvrir un processus de marché que des hommes et des femmes d'action ne le pratiquent pas depuis des milliers d'années. Elle constitue toutefois une avancée notable dans le milieu de la pensée écologique contemporaine. Il nous reste toutefois à espérer que ses propagandistes sauront reconnaître que l'économie de marché est la meilleure façon d'arriver à leur fin. 1. Charles Babbage, On the Economy of Machinery and Manufactures (4th edition), London, Charles Knight, 1835, p. 217-218. (Reprint 1986 by Augustus M. Kelley Publishers). [ NDLR: Notre collaborateur a soumis un article beaucoup plus détaillé sur cette problématique au Journal of Industrial Ecology. ]
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