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Autopsie d'une mort annoncée Disons-le tout de suite, les auteurs de cet ouvrage ignorent, sciemment ou non, presque tout ce que la mouvance libérale offre comme solutions aux problèmes environnementaux, tout en nous présentant comme données factuelles des scénarios catastrophistes. Il serait évidemment beaucoup trop laborieux de reprendre un à un les sophismes, faussetés et caricatures de la pensée libérale contenus dans ce numéro. On peut toutefois examiner plus longuement quelques commentaires de l'éditorial du directeur du Monde diplomatique, Ignacio Ramonet, introduisant le reste de l'ouvrage. 1) Qui se souvient toutefois que l'Alberta a déjà été une forêt tropicale et que le Québec était entièrement couvert par les glaces il y a quelques dizaines de milliers d'années? Que les volcans et les marais Mère Nature est une marâtre à nulle autre pareille, mais la 2) Or, malgré leur densité de population bien supérieure, les écosystèmes des pays productifs d'Europe de l'Ouest sont en bien meilleur état que ceux de pays sous-développés bien moins peuplés et moins avancés technologiquement. Les habitants d'Europe de l'Ouest ont toutefois développé un ensemble d'institutions, notamment des droits de propriété privés et une relative liberté économique, qui garantissent que l'on cherche toujours, dans la mesure où l'on y est encore libre de ses actes, à 3) Ce ne sont pas des pays qui produisent des déchets toxiques, mais des entreprises. Et dans le cas de l'énergie nucléaire, ce furent toujours des entreprises publiques. Aucune entreprise privée n'a en effet investi dans cette forme d'énergie en raison des risques encore trop grands au moment où ces centrales ont été mises en chantier. L'énergie nucléaire est tout à fait naturelle – chaque étoile est un gigantesque réacteur nucléaire – et il est certain que les humains pourront un jour en retirer plusieurs bénéfices. Les gestionnaires d'entreprises privées, en gens responsables et soucieux de l'impact à long terme de leurs actions, ne se sont cependant pas lancés trop rapidement dans un domaine qui était encore trop hasardeux pour être rentable et sécuritaire. 4) Si l'ensemble de la race humaine était aussi productive que la population des cantons suisses, de 18 à 20 milliards d'êtres humains auraient un niveau de vie plus élevé que celui de la population helvétique contemporaine. Si les Suisses ont un niveau de vie plus élevé que les paysans bengalis, ce n'est pas parce qu'ils ont pillé la nature plus qu'eux. Après tout, la Suisse compte bien moins de richesses naturelles que le Bangladesh. La différence entre la Suisse et le Bangladesh, c'est qu'il y a maintenant plusieurs générations que la population helvétique crée de la richesse grâce à des gains de productivité et à l'accumulation de capital productif, tandis que le Bangladesh a longtemps été l'une des économies socialistes les plus fermées de la planète. De plus, il est tout à fait ridicule de croire que 20 milliards de paysans bengalis pourraient survivre bien longtemps. Ils mourraient beaucoup plus jeunes et en bien plus grand nombre, tout en faisant infiniment plus de dommages aux écosystèmes en raison de leur faible productivité agricole. 5) On pourrait continuer encore bien longtemps de souligner les erreurs factuelles et la caricature de la pensée libérale présentée par le bon docteur Ramonet et ses acolytes de Manière de voir, mais notre prose ne vaudra jamais l'encyclopédique The Ultimate Resource 2 (Princeton University Press, 1995) du regretté Julian Simon, ouvrage que le lecteur plus soucieux de rigueur analytique voudra bien consulter. Les ravages de la technoscience n'est finalement qu'une ode à la haine de la liberté et de la créativité humaine. Mais heureusement pour les pontifes du Monde diplo, le libéralisme économique et le progrès technique leur ont permis de vivre suffisamment longtemps et en santé pour leur laisser le loisir d'écrire des drames fantasmagoriques dépourvus d'intérêt. (*) Ce texte est paru dans le numéro 7 du QL, le 18 avril dernier. Notre collaborateur Pierre Desrochers revient d'un stage estival à Washington et sera de retour avec une nouvelle chronique la semaine prochaine.
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