Montréal,
le 26 septembre 1998 |
Numéro
21
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LA CORRESPONDANCE
VIRTUELLE
DU MINISTRE
PIERRE BÉLANGER
Notre chroniqueur Pierre Lemieux attend toujours une réponse
à sa lettre du 13 janvier 1998 adressée au ministre Pierre
Bélanger. Il lui demandait alors de quel droit les policiers ont
pu forcer des gens à quitter leur demeure pendant la tempête
de verglas.
Entre-temps, dans un effort pour comprendre la psychologie étatiste,
il nous offre un échantillon des réponses possibles du ministre.
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Gouvernement du Québec
Le Ministre de la Sécurité publique
pierre.belanger/depute/pq@assnat.qc.ca
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Québec, le 24 septembre
1998
Monsieur Pierre Lemieux
C.P. 725, Tour de la Bourse
Montréal, Qué.
H4Z 1J9
Monsieur,
Je vous prie de pardonner mon retard à répondre à
votre lettre du 13 janvier me demandant en vertu de quoi j'accorde à
ma police le droit de forcer les gens à quitter leur demeure en
cas de sinistre. Ma confirmation au poste de Ministre de la Sécurité
publique lors du remaniement ministériel d'hier, qui reconnaît
mon œuvre dans la défense de nos libertés, me permet maintenant
de vous répondre avec sérénité.
Nous n'avons pas trouvé de texte qui justifie ce genre de pouvoir
policier. Toutefois, nous interprétons la common law britannique,
que notre gouvernement a toujours défendue avec enthousiasme, comme
la source de ce pouvoir coercitif. En effet, en vertu de la common law,
un agent de la paix dispose de pouvoirs extraordinaires quand la vie d'un
individu est menacée par les actes d'un tiers. Or, chaque individu
est un tiers pour lui-même: le vieux proverbe ne dit-il pas qu'un
homme averti en vaut deux? (C'est trois dans le cas d'une femme, tient
à préciser ma collègue à la Condition féminine.)
Donc, quand un individu pose des actions qui, selon nous, mettent sa propre
vie en danger, nous avons le droit de le protéger contre lui/elle-même.
De plus, n'oubliez pas que tout individu est un contribuable dont la disparition
nuit à l'ensemble de la société et à notre
bourse collective.
Le Québec est une démocratie moderne dont je tiens à
prouver qu'elle n'a rien à envier à l'Angleterre, au Canada
anglais et aux États-Unis. Pour paraphraser Ballanche – dont j'ai
dû entendre parler quand j'étais à la Société
Saint-Jean-Baptiste, nous les suivons fidèlement « dans
la voie du progrès, à la tête du troupeau qu'il nous
a été donné de conduire ».
Je vous remercie pour votre lettre et j'espère que vous n'hésiterez
pas à nous poser toute question qui vous préoccupe concernant
les affaires publiques, que je dirige en votre nom.
Je vous prie, Monsieur, de croire à mes sentiments distingués.
Le Ministre de la Sécurité
publique
Pierre Bélanger
Protégeons notre
patrimoine naturel
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