Montréal, le 23 janvier 1999
Numéro 29
 
(page 5) 
 
 
  page précédente 
            Vos réactions           
 
 
 
 
 
 
 
COUP D'OEIL SUR L'ACTUALITÉ
 
 
     Comme il fallait s'y attendre, le Brésil est devenu ces derniers jours la dernière victime de la crise financière qui secoue le monde. S'agit-il d'une autre preuve que le capitalisme ne fonctionne pas? Évidemment non. Ce sont les pays les plus interventionnistes qui sont affectés par cette crise, alors que les plus libéraux y échappent toujours. Si les investisseurs ont décidé de retirer leurs billes du Brésil et de forcer une dévaluation du real, c'est parce que ce pays n'arrive pas à mettre fin au gaspillage gargantuesque de fonds publics (le déficit atteignait 8% du PIB l'an dernier), n'arrive pas à réformer sa fonction publique notoirement inefficace, son système de pension, son régime fiscal, etc. Les 41 milliards $ consentis par le FMI quelques semaines auparavant pour garder le pays à flot n'y ont rien changé. Le prochain pays sur la liste? La Chine, qui a résisté jusqu'ici à la crise en Asie par des dépenses artificielles massives, mais qui ne pourra pas se maintenir à flot bien longtemps grâce au crédit. 
 
***** 
  
     Dans son discours sur l'état de l'Union, Bill Clinton a proposé d'investir une partie des montants contenus dans la caisse de la Sécurité sociale (l'équivalent de notre régime de pension public) dans des actions à la bourse. Une nouvelle commission gouvernementale se chargerait de placer cet argent, qui est aujourd'hui entièrement investi dans des bons du Trésor. Dans les faits, Clinton suggère de créer l'équivalent de notre Caisse de dépôt et placement, dont les tentacules interventionnistes s'étendent dans tous les secteurs de l'économie québécoise. La réaction des opposants à un tel projet? « Il n'y a aucune raison pour le gouvernement de posséder une partie du secteur privé. Ça nous conduit vers une nationalisation de l'économie », affirme l'économiste en chef de la Chambre de commerce des États-Unis. Ça va mener « à des diktats du gouvernement, au favoritisme et au népotisme », selon un représentant républicain. Qui aurait cru que le « modèle québécois » de faire manger les gens d'affaires dans la main de l'État allait maintenant s'exporter chez nos voisins! 
(Washington Time) 
  
***** 
 
     L'année dernière, la maison d'édition montréalaise Edimag a reçu une subvention de 98 900 $ pour la publication d'un recueil de farces intitulé: Les 500 meilleurs gags sur les blondes. De retour du long congé des fêtes, la ministre du Patrimoine canadien Sheila Copps ne semble pas l'avoir trouvé drôle et promet de revoir les règles du programme fédéral d'aide à l'édition pour faire en sorte que jamais plus les Canadiens ne subventionnent de telles publications. « This was a very dumb, dumb grant » de dire la ministre. Qu'y a-t-il donc, Madame Copps? Ce genre littéraire ne répond pas à vos critères en matière de contenu culturel canadien? N'y aurait-il pas de place pour les jokes plates dans notre trrrrèèès grande culture canadienne? Heille Sheila! C'est quoi la différence entre une blonde pis une ministre? Y'en a pas. Les deux comprennent rien à rien... 
(The National Post) 
  
*****
 
     La Cour suprême du Canada vient une nouvelle fois de démontrer qu'on ne peut plus se fier sur la constitution pour défendre les droits des citoyens dans ce pays. Dans un dossier opposant Revenu Canada à un homme d'affaires torontois, la cour a donné raison à la gestapo fiscale, qui s'est donné des pouvoirs extraordinaires de faire comparaître des témoins et de saisir des documents personnels sans même obtenir de mandat de perquisition. Même la police n'a pas ce pouvoir. La cour a renversé un jugement précédent de la Cour d'appel fédérale, qui déclarait que ces méthodes d'enquête violaient le droit à la vie privée. Dans leur plaidoyer en Cour suprême, les avocats du ministère ont soutenu que même si ces méthodes violent la constitution, elles sont justifiées dans un système de gouvernement qui dépend grandement de la taxation comme le nôtre – une autre preuve que la taxation abusive mène ultimement à la tyrannie. Les juges ont cependant conclu qu'ils ne voyaient même pas de violation de la constitution dans ces méthodes d'enquête extraordinaires.  
(The Globe & Mail) 
 
*****
  
 
NOUVELLE 
DE DERNIÈRE HEURE
 
     Le stade olympique tient encore debout! Et on continue à le payer!             
  
 
 
 
  
 
NOUVELLES BRÈVES 
 
 
 
MINNESOTA LIBRE
 
 
          Le nouveau gouverneur du Minnesota, Jesse Ventura, n'a pas encore déçu ceux qui voient en lui la preuve qu'un outsider avec des penchants libertariens peut connaître le succès dans l'arène politique. M. Ventura négocie ces jours-ci avec la législature de l'État une baisse de taxe pour son prochain budget. Il a proposé d'abolir la réglementation qui force les bars à cesser de vendre de l'alcool à 1h00 du matin, et de remettre ce pouvoir dans les mains des administrations locales qui sont mieux aptes selon lui à décider de ce qui leur convient.                      
  
          Au lieu de tenir la traditionnelle réception avec la petite élite habituelle de politiciens, notables et journalistes lors de son inauguration officielle, « the Body » a invité 50 000 de ses concitoyens à un concert rock dans un stade à Minneapolis, où il a performé dans son accoutrement de lutteur avec son inévitable boa de plumes.  
  
          Commentant les revendications de groupes qui souhaitent de nouveaux programmes gouvernementaux dans la santé, l'habitation et d'autres dossiers, le nouveau gouverneur a expliqué que le secteur privé était en mesure de répondre à ces besoins. « Vous ne pouvez pas constamment injecter de l'argent dans des programmes publics, ou dans la construction de toutes sortes de choses par le gouvernement. Si on permet au gouvernement de grossir et grossir et grossir encore, qui va finir par payer la facture? Vous ne devriez jamais oublier que lorsque vous recevez quelque chose de la part du gouvernement, le gouvernement l'a enlevé à quelqu'un d'autre pour vous le donner. » 
  
          Lors d'une tribune téléphonique à la radio, Jesse Ventura n'a pas hésité à répondre à une jeune mère qui lui demandait de l'aide: « Je sympathise avec vous, mais encore une fois vous devez vous rappeler que le gouvernement ne peut pas être toujours là. Et les décisions que vous prenez dans votre vie... vous devez être capable de vous tenir debout et d'en accepter la responsabilité. » 
(Pioneer Planet) 
 
 
 


 
 
INSTANT DE LUCIDITÉ
 
 
          Le QL faisait état dans sa dernière édition (ON CONNAÎT LA CHANSON II, no 28) de l'arrivée d'une nouvelle taxe fédérale sur les supports audio vierges dans le but, affirme-t-on (les nouvelles taxes ont toujours de bonnes justifications) de dédommager les artisans de l'industrie de la chanson qui perdent des revenus à cause du piratage. Alors que la taxe devait entrer en vigueur le 1er janvier dernier, on n'allait toutefois connaître son taux que dans plusieurs mois, ce qui veut dire que les compagnies taxées n'avaient aucune idée du montant qu'elles allaient éventuellement devoir débourser. Or, la Société canadienne de perception de la copie privée (SCPCP), nouvellement créée pour gérer ce système, a décidé de reporter la perception de cette redevance à la date où la Commission du droit d'auteur rendra sa décision sur le projet de prélèvement, ou au plus tard, le 31 décembre 1999 si une décision n'est pas annoncée entre-temps. 
  
          Par voie de communiqué, le SCPCP, un « supercollectif confédéral » qui regroupe cinq importantes sociétés de gestion, s'est dit préoccupé par le trop grand climat d'incertitude qui règne dans ce dossier et reconnaît ses erreurs: « Il est vrai que tant que la Commission n'aura pas rendu sa décision, le fabricant ou importateur de supports audio vierges ne saura pas à quelles catégories de supports audio vierges la redevance s'applique, ni si les sociétés de gestion mettront en vigueur d'autres dispositions spéciales relatives à certaines utilisations. » De plus, « Les revenus auxquels s'applique un tarif sont généralement un fait connu avec une très grande précision. Or, nous reconnaissons que tel n'est pas le cas en ce qui concerne la redevance sur la copie à usage privé. »  
  
          Bref, les bureaucrates se sont rendu compte dans un éclair de génie qu'on n'impose pas une taxe de façon abstraite plusieurs mois avant d'avoir décidé quel sera son taux! Ce bref instant de lucidité va-t-il se prolonger suffisamment longtemps pour qu'ils comprennent que cette nouvelle taxe ne devrait pas exister tout court? 
  
  
 


 
 
LE TRAVAIL, C'EST LA SANTÉ...
MAIS PAS TROP S.V.P.
 
  
          Il y a quelques années, notre ministre au grand coeur Louise Harel s'était inspirée des conneries socialistes françaises pour proposer qu'on réduise la semaine de travail de façon à créer de l'emploi pour plus de gens. Il faut voir ce qui se passe chez nos cousins pour constater qu'on l'a échappé belle. En France, il est maintenant interdit de travailler plus que 39 heures/semaine, et la limite baissera à 35 heures bientôt. Non seulement le chômage n'a-t-il, comme il fallait s'y attendre à la suite d'une telle mesure bureaucratique, pas baissé, mais il existe maintenant une police de l'emploi pour imposer cette nouvelle réglementation. Et travailler trop fort pourrait vous mener en prison. 
  
          Ainsi, le directeur de la compagnie parisienne Thomson RCM, Bernard Rocquemont, est poursuivi par l'État depuis que des inspecteurs ont découvert que des employés quittaient le bureau trop tard à son usine d'appareils électroniques. M. Rocquemont est accusé d'avoir pratiqué du « travail clandestin » et pourrait devoir payer 50 000 $ d'amende ou faire de la prison pour ce délit. Le problème ne concerne pas des employés réguliers qui se feraient exploiter de façon immorale par un patron trop exigeant, mais bien des administrateurs et des cadres supérieurs qui ont l'habitude de faire des heures supplémentaires sans nécessairement les compter, parce qu'ils bénéficient justement d'autres avantages qui viennent avec leurs postes de direction. 
  
          Les méthodes des chemises brunes de l'emploi sont variées. Certains inspecteurs se faufilent dans les stationnements pour noter les plaques d'immatriculations et les heures pendant lesquelles la voiture reste en place. D'autres fouillent dans les ordinateurs et les papiers de la compagnie pour trouver des preuves que certains administrateurs ont travaillé plus longtemps qu'il leur est permis. Dans un tel contexte, il devient par exemple difficile de rester tard pour ficeler un projet important à la dernière minute et plusieurs craignent que la productivité de l'économie française n'en souffre. Le gouvernement socialo-vert-communiste croit toujours, lui, que ces mesures encourageront la création d'emplois.  
(The Daily Telegraph) 
  
  
  


 
 
B.S. PERFORMANT
  
  
          Les agents de recouvrement de la Sécurité du Revenu (le ministère du b.s.) ont récupéré un montant record de 100 millions $ en 1997-98 dans les sommes versées en trop aux bénéficiaires de l'aide sociale. Ces sommes s'élevaient à 88 millions $ seulement l'année précédente. Elles sont récupérées pour trois raisons: erreurs administratives, erreurs de la part des bénéficiaires et fausses déclarations.  
  
          Ce système de recouvrement n'existe qu'à cause de l'incompétence de l'appareil bureaucratique, de la tricherie de ceux qui vivent aux frais de l'État, et sont un autre indice frappant de la faillite de l'aide sociale. Mais au lieu d'avoir honte, comme bureaucrate, d'aller ramasser des montants de plus en plus élevés à chaque année, le directeur du Centre de recouvrement, Paul Baillargeon, en remet: « Nous devrions atteindre et même dépasser notre objectif de 102,5 millions de recouvrement en 1998-1999 », prévoit-il.  
  
          Il faut dire toutefois que contrairement au b.s., qui fonctionne comme tout système socialiste en déresponsabilisant les individus, ce Centre de recouvrement connaît un certain « succès » parce qu'il applique en partie des méthodes de l'entreprise privée à l'intérieur de la bureaucratie gouvernementale. Le centre est en effet une unité autonome, et son bon « rendement » est essentiellement le résultat de nouvelles façons de travailler, croit son directeur.  
  
          À chaque trimestre, on regarde quelles sont les régions qui ont dépassé leurs objectifs de recouvrement. En fonction du pourcentage de dépassement, des sommes provenant d'un fonds annuel « d'incitation à la performance et à l'expérimentation » de 600 000 $ sont ensuite investies dans l'acquisition d'équipements informatiques et, parfois, pour des embauches dans les régions les plus performantes, explique le directeur du centre. Une initiative « très positive », selon M. Baillargeon, et qui semble stimuler les fonctionnaires à performer.                         
(Le Devoir)
  
  
  
 
sommaire
 PRÉSENT NUMÉRO
page suivante