Montréal, le 23 janvier 1999
Numéro 29
 
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       LE QUÉBÉCOIS LIBRE sollicite des textes d'opinion qui défendent ou contestent le point de vue libertarien sur n'importe quel sujet d'actualité. Prière d'inclure votre titre ou profession et le village ou la ville où vous habitez.  
 
 
 
 
 
 
 
MOT POUR MOT
  
TÉLÉ-PROPAGANDE
  
 
          Comment endoctrine-t-on les petits Québécois qui, dans vingt ans, répéteront les mêmes mantras nationalo-gauchistes que leurs aînés? Facile, en leur faisant écouter Le Petit Journal à TQS et RDI, une émission qui vulgarise l'actualité de la semaine pour les enfants et les jeunes ados. Dans une édition récente (16 janvier), la reporter Stéfanie Durivage expliquait ainsi à nos jeunes « l'immoralité » de l'embargo commercial américain contre Cuba, du point de vue officiel de notre intelligentsia anti-américaine et pro-cubaine. 
  
          Sans même mentionner le mot « communisme » et avec à peine une phrase pour noter en passant que Fidel Castro est un dictateur (un détail!), cette propagandiste nous dépeint la pauvre île comme une simple victime de l'intransigeance américaine. Qui contrôlait le pays avant la révolution? Des « mafias américaines ». Pourquoi est-il si pauvre et ses habitants souffrent-ils du rationnement de la nourriture et autres produits? La faillite morale et économique du communisme n'aurait-elle pas quelque chose à y voir? Jamais entendu parler! 
  
          C'est l'embargo américain (avec lequel, par ailleurs, on peut ou non être d'accord d'un point de vue libertarien comme moyen de lutter contre un régime dictatorial) qui est la cause de tous les malheurs des Cubains, point à la ligne. Même le pape est mis au service de cette propagande. Qu'a-t-il donc à dire sur le communisme et l'absence de liberté à Cuba? Rien, semble-t-il, sauf qu'il est lui aussi contre l'embargo. Comment un jeune pourrait-il douter, après avoir vu un tel reportage, que les États-Unis sont de gros méchants et que Cuba est un gentil pays opprimé? Jugez-en par vous-mêmes.
 
 
 
L'EMBARGO IMMORAL
 
  
          NANCIE FERRON (animatrice): Cuba et les États-Unis sont deux pays qui ne s'aiment pas vraiment. Et depuis la révolution de 1959, les Cubains sont pris avec une gros boulet: un embargo commercial qui prive la population de plein de choses. Un embargo, c'est un peu comme si on vous donnait une punition pour des raisons que vous trouvez injustes. 
  
          STÉFANIE DURIVAGE (reporter): Cuba, c'est la grande île qui flotte juste au sud de la Floride. Les Cubains vivent surtout de l'agriculture et de la culture de la canne à sucre. Mais ils vivent aussi avec un embargo américain sur le dos.  
  
          Un embargo c'est un blocus, un barrage qui interdit la libre circulation de toutes sortes de produits comme de la nourriture. Cet embargo, c'est le gouvernement américain qui l'a imposé à Cuba il y a 37 ans parce qu'il était en désaccord avec la politique de cet homme (visuel: Fidel Castro).  
  
          Lui, c'est Fidel Castro. Il est le premier ministre de Cuba depuis 1959. C'est un révolutionnaire. Avant qu'il arrive au pouvoir, Cuba était dirigé par les gangs et la mafia américaine. Fidel Castro a voulu renverser la vapeur et imposer sa vision des choses, mais les américains l'ont perçu et le perçoivent encore aujourd'hui comme l'ennemi. Son régime personnel et autoritaire s'est transformé peu à peu en dictature. Cette année, on fête le 40e anniversaire de la révolution cubaine. Cette révolution, Castro ne l'a pas orchestrée seul. L'autre architecte, c'est lui (visuel: Che Guevara). 
  
          Ernesto Che Guevara: il a joué un grand rôle dans tout ça. Mais en voulant faire la révolution dans d'autres pays d'Amérique Latine, il est mort au combat dans les montagnes en Bolivie en 1967. Aujourd'hui, la plupart des Cubains défendent encore ses idées, mais l'embargo américain les a affaiblis. Il a bousculé leurs vies. 
  
          Le sport national à Cuba, c'est le baseball. Mais c'est aussi devenu la course à la nourriture et aux médicaments. Tout est rationné là-bas, l'électricité et les combustibles aussi. 
  
          MAURICIO GUERRERA (Brigade Québec-Cuba): Il manque de tout. Mais surtout... c'est au niveau des médicaments. On manque grandement de médicaments. À l'école, il manque des cahiers... de livres... des choses comme ça. Tout est recyclé.   
  
          STÉFANIE DURIVAGE: L'économie d'un pays va bien quand il peut exporter de grandes quantités de ce qu'il fabrique. Aux États-Unis, on fabrique des voitures. Et on en exporte beaucoup. Sauf à Cuba. Il n'y a pas d'échanges commerciaux entre les deux pays.  
  
          Un exemple des ces produits qui sont touchés par l'embargo américain; ce sont les fameux cigares cubains. Les compagnies de l'île là-bas qui les fabriquent ne peuvent pas les exporter aux États-Unis, mais peuvent au Canada. 
  
          Notre gouvernement a toujours eu des relations amicales avec Cuba. Vous connaissez peut-être les belles plages de l'île: c'est le beau côté de la médaille. De l'autre, c'est la misère. Celle qu'on ne montre pas. Mauricio l'a vue lui. 
  
          MAURICIO GUERRERA: C'est très difficile parce que... on peut pas sortir puis dire: “On s'en va au dépanneur, acheter n'importe quoi.” Y'a des... Tout est quand même... assez limité. Donc, il y a ce qu'on appelle des rationnements. Et donc, chaque famille a accès à x quantités de choses par mois.  
  
          STÉFANIE DURIVAGE: L'embargo américain s'est toujours resserré au fil des ans. Le président américain Bill Clinton a annoncé un léger assouplissement dernièrement. Le service postal direct doit reprendre entre Cuba et les États-Unis. On doit aussi multiplier le nombre de vols nolisés entre les deux pays. 
  
          Côté nourriture, Washington va permettre la vente de produits alimentaires et d'équipements agricoles, mais à certaines conditions. En d'autres mots, ça ne changera pas grand-chose dans la vie de tous les jours. L'embargo restera bien en place, même si la majorité des pays de la planète – et même le Pape – le condamnent depuis des années.  
  
          D'ailleurs il y a longtemps qu'on ne l'appelle plus l'embargo commercial, mais bien l'embargo immoral.
 
 
 
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