Montréal, le 31 juillet 1999
Numéro 42
 
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NOUVELLES BRÈVES
 
 
DES CONSERVATEURS EN NOUVELLE-ÉCOSSE
  
          Les Néo-Écossais ont élu cette semaine le troisième gouvernement majoritaire conservateur dans les maritimes, deux mois après la victoire de Bernard Lord au Nouveau-Brunswick. Brian Tobin de Terre-Neuve reste donc le seul premier ministre provincial d'allégeance libérale non seulement en Atlantique, mais dans tout le Canada (les néo-démocrates gouvernent la Saskatchewan et la Colombie-Britannique, le PQ règne au Québec et les conservateurs sont au pouvoir dans six provinces).  
  
          Le réalisme économique et politique serait-il en train de se propager dans cette région encore plus arriérée que le Québec sur le plan économique, qui vit depuis des décennies de subventions en provenance du reste du pays? Le nouveau premier ministre de Nouvelle-Écosse, John Hamm, a notamment promis de vendre ou de fermer Sydney Steel, l'un de ces monstres industriels d'inspiration stalinienne qui a englouti 2.8 milliards $ depuis sa nationalisation en 1967 sans que le chômage ait jamais reculé sur l'île du Cap-Breton.  
  
          Mais il ne faudrait pas trop se faire d'illusions: M. Hamm se donne deux ans pour remettre sur pieds le système de santé – en y injectant des fonds publics additionnels –, trois ans avant d'avoir remis de l'ordre dans les finances publiques et d'avoir équilibré le budget provincial, et quatre ans avant de pouvoir offrir des réductions de taxes.  
(Source: The Globe & Mail)
  
  
 
MONARCHIE MONTRÉALAISE
  
          Le maire de Montréal Pierre Bourque a eu une nouvelle brillante idée pour emmerder les petites compagnies qui se sont installées récemment dans la nouvelle « Cité du multimédia », un quartier créé de toutes pièces à l'ouest du Vieux-Montréal avec des fonds publics pour regrouper des entreprises oeuvrant dans ce domaine. Il suggère de changer les noms un peu surannés des rues du quartier (Queen, King, Duke, Prince) par des noms plus contemporains et représentatifs de la nouvelle réalité technologique de l'endroit comme « rue Pixel » 
  
          Si ce projet était approuvé (ce qui semble peu probable, considérant la levée de boucliers qui a suivi la nouvelle), cela impliquerait des dépenses de milliers de dollars pour les entreprises forcées de notifier leurs fournisseurs et clients, de changer leurs documents administratifs, leur affichage, cartes d'affaires, etc. Francine Lucas de Versatile Media One sur la rue Queen se demande pourquoi la Ville ne s'occupe pas plutôt de remplir les nids-de-poule et d'aménager un terrain de stationnement dans le coin.  
  
          Ces rues ont été baptisées ainsi en 1818 par le propriétaire des terrains de l'époque, Thomas McCord. Pour Ian Arthur de Vertigo Multimedia et Dinu Bumbaru du groupe Héritage Montréal, ces noms reflètent l'histoire de la ville et on devrait les laisser tels quels (un autre exemple d'une administration publique qui démolit le patrimoine – voir L'ÉTAT ET LA PRÉSERVATION DU PATRIMOINE, le QL, no 39). 
  
          La démarche du maire est d'autant plus surprenante parce que l'on s'attendrait à ce que des noms comme King, Prince ou Duke fasse vibrer sa corde sensible monarchique. On connaît en effet sa propension à l'autoritarisme au sein de son parti et de son caucus de conseillers municipaux à l'Hôtel de Ville. M. Bourque a de plus l'étrange habitude de souvent parler de lui à la 3e personne (« le maire n'a pas encore pris de décision là-dessus », « le maire va visiter le quartier Hochelaga-Maisonneuve cet après-midi »...).  
(Source: The Gazette) 
  
  


  
LIBRE D'ÊTRE GAI,
LIBRE D'ÊTRE ANTI-GAI?
  
          Même si le bras répressif de l'État continue de s'attaquer aux échangistes, aux prostituées et à leurs clients, il y a au moins une pratique sexuelle inoffensive entre adultes consentants qui ne fait plus l'objet de persécution au Québec: l'homosexualité. Le festival gai et lesbien Divers/Cité qui se tient ces jours-ci à Montréal est devenu l'un des plus importants événements socio-culturels de la métropole et on s'attend à ce que la parade du dimanche 1er août – qui sera pour la première fois retransmise à travers la province sur les ondes du réseau TQS – attire un demi-million de personnes dans les rues de la ville.  
  
          Jusqu'à il y a à peine quelques années, les affrontements étaient encore fréquents entre policiers et militants gais. En 1994, lors du dernier incident du genre, des manifestations avaient suivi une descente policière et l'arrestation de 165 personnes au bar Katakombes, 73 ayant été plus tard accusées d'avoir commis des « actes indécents ». Cinq ans plus tard, la police fait preuve d'une retenue exemplaire et l'Association des policiers et pompiers gais et lesbiennes du Québec (un groupe formé il y a cinq ans) aura pour la première fois des représentants qui défileront à la parade. Le maire de Montréal sera aussi de la partie. La ville a acquis ces dernières années une réputation internationale de tolérance pour le phénomène gai et le « tourisme gai » est en forte hausse. 
  
          En fait, si la discrimination étatique subsiste encore aujourd'hui en rapport avec l'homosexualité, c'est contre ceux qui ne partagent pas cet enthousiasme envers ce type de relations qu'elle sévit. Les dispositions « antidiscrimatoires » dans les chartes visent maintenant à réprimer ceux qui, pour des raisons religieuses ou autre, considèrent l'homosexualité comme un phénomène répugnant et refusent d'avoir des contacts sociaux ou d'affaires avec des homosexuels.  
  
          Ceux qui partagent ces croyances devraient pourtant être libres de croire ce qu'ils veulent, de dire ce qu'ils pensent, de s'associer avec qui ils veulent et de transiger avec les personnes de leur choix (offrir un service, un emploi, louer un appartement) lorsqu'il s'agit de leur propriété privée. La liberté pour tous implique aussi la liberté pour les intolérants et pour ceux qui croient à des superstitions religieuses et à des mythes irrationnels, dans la mesure où ils ne briment les droits individuels de personne. Chacun peut y trouver son compte lorsque chacun peut s'associer – et ne pas s'associer – avec qui il veut. Mais l'État est par définition une institution répressive dont le but est d'appliquer partout les mêmes normes et de forcer tout le monde à penser de la même façon, même si la norme actuelle est exactement le contraire de celle qui dominait il y a trente ans... 
(Source: The Gazette) 
  
  


  
  
 CRIMINALITÉ EN BAISSE
  
          Ce n'est pas en se fiant sur les médias traditionnels – qui misent toujours plus sur le sensationnalisme et l'hystérie des faits divers – qu'on s'en rendra compte, mais le taux de criminalité continue de chuter de façon impressionnante partout en Amérique du Nord, suivant une tendance qui se poursuit depuis le début de la décennie. Aux États-Unis, les crimes violents ont enregistré une baisse de 7% en 1998, pour atteindre le niveau le plus bas depuis qu'on a commencé à compiler ce type de statistiques il y a 28 ans. Les crimes contre la propriété ont, eux, chuté de 12% par rapport à l'année précédente.  
  
          Au nord du continent, le recul global de 4,1% du nombre de crime est imputable, selon Statistique Canada, à une baisse majeure du nombre d'homicides, de tentatives de meurtres, d'agressions sexuelles, de vols qualifiés, d'introductions par effraction, de vols de voitures et de cas de conduite avec facultés affaiblies. Après avoir atteint un sommet en 1991, le taux national de criminalité a fondu de 21,7% mais reste toutefois deux fois plus élevé qu'il y a trente ans. C'est au Québec et à l'île-du-Prince-Édouard qu'on a relevé les plus faibles taux de crimes violents, alors que le Manitoba et la Saskatchewan reçoivent la palme. 
  
          Seuls les infractions liées à la drogue et à la prostitution ont grimpé l'année dernière au Canada, respectivement de 6% et 1,7%. Si les stupides lois qui empêchent les gens de faire ce qu'ils veulent avec leur corps ne créaient pas artificiellement des milliers de criminels, ces deux derniers types de crime disparaîtraient et les statistiques seraient encore plus encourageantes. 
(Sources: Reuters, Presse canadienne) 
  
  


  
  
COUP D'OEIL SUR L'ACTUALITÉ
  
  
          .....Après trois semaines de grève illégale, les infirmières du Québec sont finalement retournées au travail sans avoir obtenu quelque gain que ce soit de la part du gouvernement. L'entente de principe acceptée par les déléguées syndicales a été rejetée lors d'un vote de la base et la Fédération des infirmiers et infirmières du Québec se retrouve au même point qu'il y a un mois. La présidente de la FIIQ, Jennie Skene, considérée presque comme une sainte au début du conflit, voit maintenant son leadership contesté. Plusieurs syndicats locaux plus militants dans la région de Montréal retiennent leurs cotisations et menacent de se désaffilier à la suite de la débandade. Le conflit aura au moins eu le mérite de semer la bisbille au sein de cette mafia syndicale et certaines infirmières se rendront peut-être compte que la véritable solution, pour elles comme pour le système de santé en général, se trouve dans la décentralisation et la privatisation plutôt que dans les rapports de force contre un seul employeur, l'État. Entre-temps, les manchettes font état d'une situation familière: « LES URGENCES DÉBORDENT: La situation dégénère depuis la fin de la grève des infirmières », titrait le Devoir du 30 juillet......  
  
          .....Le commissaire à l'information du Canada John Reid a, dans son rapport annuel déposé la semaine dernière, accusé les fonctionnaires fédéraux d'être des « obsédés du contrôle ». Le commissaire à l'information enquête sur les plaintes déposées en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Cette loi, adoptée en 1983, permet aux Canadiens d'avoir accès légalement à des renseignements conservés sous diverses formes par la majorité des institutions fédérales, sous réserve de certaines exceptions limitées et bien précises. Environ 14 300 demandes d'information ont été faites en 1998-99 et de ce nombre, moins de la moitié ont été traitées avant le délai de 30 jours prévu dans la loi. Le rapport du commissaire précise que c'est Revenu Canada qui obtient la pire performance, avec des délais indus dans 86% des cas. M. Reid a comparé la propension des fonctionnaires à empêcher le public d'avoir accès à l'information à laquelle il a droit de syndrome de « rétention anale ».....  
(Source: Canadian Press) 
 
          .....La nouvelle présidente de la Lettonie, Vaira Vike-Freiberga, a, dans ce qui constitue le premier geste officiel de sa présidence, apposé son veto à un projet de loi controversé visant à interdire les langues autres que le letton dans l'affichage. Selon elle, la loi aurait été discriminatoire envers la minorité russe du pays, qui forme 40% de la population. En quoi cela nous concerne-t-il? Mme Vike-Freiberga est aussi une Québécoise, qui a vécu 44 ans au Canada et enseignait à l'Université de Montréal depuis 1975 avant de retourner dans son pays natal il y a un an. C'est son expérience des conflits linguistiques d'ici qui a guidé cette décision. « C'est très similaire à la loi 101 au Québec. Quand vous instaurez une loi linguistique qui vise à promouvoir la survie d'une langue, vous devez faire très attention... de façon à ne pas compromettre les libertés civiles », a déclaré Mme Vike-Freiberga. Une Québécoise libre en Lettonie! Dommage qu'elle ne soit pas à la tête du gouvernement ici..... 
(Source: National Post) 
 
 
 
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