Montréal, le 28 août 1999 |
Numéro
44
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Allo, le bunker?
Les libertariens sont les seuls avec un point de vue cohérent qui n'ont jamais gobé les mythes keynésiens et qui ont toujours cru, au-delà des modes idéologiques et politiques du moment, que les ponctions de l'État étaient trop élevées. Maintenant que tout le monde semble nous donner raison, assiste-t-on au déferlement d'une vague libertarienne sur le Canada? Notre influence sur les décideurs est-elle si décisive, comme le croient certains de nos amis gauchistes qui s'imaginent que le QL a une ligne directe avec le bunker pour dicter au premier ministre Bouchard sa conduite politique? Ce serait trop beau. Si les partis politiques et les gouvernements promettent – seule l'Ontario a vraiment agi jusqu'ici – de baisser les impôts, ce n'est pas parce que tous les politiciens se sont convertis subitement à notre philosophie, mais bien parce qu'ils se sont rendu compte que c'est rentable électoralement de le faire. Et si c'est maintenant possible de le faire, si les surplus sont là pour le permettre, c'est non seulement parce que nous sommes dans une période de croissance économique continue depuis la courte récession de 1990-91, mais aussi et surtout parce que les gouvernements n'ont pas cessé d'augmenter le fardeau fiscal depuis deux décennies! Il ne faut pas se leurrer: ce qui reviendra dans nos poches au cours des prochaines années n'est qu'une petite partie des hausses de taxes et impôt qu'on nous a infligées récemment. Comme l'indiquait en mai dernier une étude du Conseil québécois de la famille et de l'enfance, le fardeau fiscal des familles québécoises a augmenté du tiers de 1981 à 1996 et le revenu réel disponible (après impôt et déduction de l'inflation) a décliné de 5%. Bref, l'impôt a grugé toutes les hausses de salaire que les contribuables ont réussi à obtenir durant cette période, et plus encore, ce qui a laissé moins d'argent dans leurs poches en bout de ligne. Si toutes ces promesses se réalisent, nous paieront en effet probablement moins d'impôt qu'aujourd'hui. Mais il faudra des réductions bien plus substantielles pour nous ramener simplement au niveau où nous étions il n'y a pas si longtemps, avant 1981. Si l'on ajoute à l'impôt sur le revenu toutes les taxes de vente, les impôts corporatifs payés par les entreprises et que le consommateur doit éventuellement défrayer, les taxes indirectes cachées, les frais d'utilisateurs pour des Petits cadeaux bien modestes Bref, il faut prendre tout cela avec un grain de sel. D'autant plus que ces petits cadeaux seront non seulement modestes, mais probablement de courte durée. Ce n'est pas pour rien si la plupart des promesses faites par les gouvernements et les partis ci-haut mentionnés dans les provinces voisines stipulent que les baisses d'impôt prendront effet non pas immédiatement, ni même l'an prochain, mais dans la plupart des cas dans trois, quatre, cinq ans ou plus. Aux États-Unis, les républicains utilisent le même truc: leur proposition pour une soi-disant gigantesque baisse d'impôt de
Qui plus est, en période de récession et de hausse des taux d'intérêt, le poids de la dette accumulée reviendra à l'avant-scène des préoccupations. Il est facile de l'oublier en ce moment, alors que les taux d'intérêt sont bas et que la croissance fait en sorte de réduire graduellement son importance relative, mais nous restons malgré tout l'un des pays les plus endettés du monde industrialisé en proportion du PIB. Les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada sont loin de la situation de la Ville de Granby, où les taxes foncières baisseront de 40% l'an prochain maintenant que la dette municipale a été totalement éliminée (voir PRIX DU QUÉBÉCOIS LIBRE, Enfin, tant que les monopoles publics sur l'éducation et la santé seront maintenus, tant que des programmes de subventions, de transferts régionaux, de redistribution de la richesse et de pseudo-investissements dans tout ce qui bouge resteront en place, on peut prévoir que les dépenses de l'État n'iront pas vraiment en descendant. Il n'y a pas d'issu à la crise de la santé que nous vivons actuellement si on refuse de considérer la privatisation: ou bien le gouvernement laisse les soins se détériorer dramatiquement, ou bien il tente de limiter les dégâts en injectant des fonds supplémentaires. C'est très certainement la deuxième solution qui sera retenue. Le gouvernement fédéral a promis de Les vrais changements sont donc à venir. L'euphorie actuelle entourant les baisses d'impôt n'est que passagère et artificielle et une bonne partie du Articles précédents de Martin Masse |
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