Montréal, le 28 août 1999
Numéro 44
 
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NOUVELLES BRÈVES
 
 
LA MONTRE ASSIMILATRICE 
  
          Dans la série des folies linguistiques de la république de poutine québécoise, une femme anglophone des Cantons de l'Est a voulu acheter, dans un magasin Radio Shack, une montre qui dit l'heure pour sa mère de 90 ans qui ne voit pas très clair. La montre en question a toutefois le malheur d'être un diabolique instrument de la majorité dominante assimilatrice – elle ne parle en effet qu'une seule langue, l'anglais, et il n'existe aucune version française. 
 
 
          La montre serait peut-être conforme à la loi si elle parlait en anglais moitié moins fort qu'en français, mais ce n'est pas le cas. Et comme seuls les produits ayant une version française équivalente peuvent être distribués au Québec, le marchand Radio Shack n'en avait bien sûr pas en stock. La dame l'avait vu dans une circulaire, mais elle n'est distribuée que dans le reste du pays et le vendeur lui a suggéré d'en commander exceptionnellement un exemplaire de la compagnie en Ontario.  
  
          Mais voilà, après diverses péripéties, il s'est avéré que si le marchand peut en effet faire venir la montre d'Ontario, il commet un grave crime linguistique en la vendant ici! Ceux qui veulent l'acheter n'ont donc d'autre choix que d'aller magasiner dans une autre province ou de l'autre côté de la frontière américaine. Comme le disait à propos d'un autre sujet le député péquiste André Boulerice dans le Novlangue du dernier numéro, « Ça veut dire qu'ici, il y a des citoyens tous égaux en droit. C'est typiquement dans l'esprit des Québécois, vous ne trouvez pas? ».....  
(Source: CBC Radio) 
 
 
 


 
 
 
BUSINESS AS USUAL À WASHINGTON
 
          Cinq ans après la soi-disant « révolution conservatrice » qui a suivi l'élection d'une première majorité républicaine aux deux chambres du Congrès en 40 ans, tout est... business as usual au Capitole. Newt Gingrinch avait pourtant promis de « transformer radicalement la façon de fonctionner » du gouvernement américain, notamment en réduisant les dépenses et en éliminant des dizaines de programmes dans des domaines où le gouvernement fédéral n'avait pas d'affaires à intervenir. La rhétorique était bien belle, mais la réalité s'avère différente. « Pour ceux d'entre nous qui sont venus ici avec un fort désir de limiter la taille du gouvernement, les dernières quatre années et demi ont été très frustrantes », explique Mark Sanford, représentant de Caroline du Sud. « Nous perdons les batailles, l'une après l'autre. »  

          Les républicains ont bien éliminé plus de 300 programmes, mais pour faire seulement des économies de bouts de chandelle, puisque l'ensemble de leurs budgets dépassait à peine 3 milliards de dollars. Toutefois, selon une analyse de l'Institut Cato intitulée « Return of the Living Dead », les dépenses publiques ont en fait augmenté globalement pour les programmes qu'on avait proposé d'abolir dans le fameux Contract with America, passant de 75,3 milliards $ à 77 milliards $. Les trois ministères qui devaient disparaître sont toujours bien vivants. Le ministère de l'Éducation (une responsabilité que la constitution attribue pourtant aux États de la fédération, comme au Canada) a vu son budget passer de 31 à 34 milliards $. Washington continue de s'occuper de promouvoir les « moyens de transport intelligents », d'investir dans des emplois d'été pour étudiants et de financer l'éducation bilingue pour les hispanophones. C'est tout juste si les bureaucrates de la capitale ne coordonnent pas le remplissage des nids-de-poule à l'autre bout du continent dans les petites villes d'Alaska.  
  
          Le dilemme habituel des politiciens qui souhaitent être réélus reste le même: il y a peu de votes à obtenir lorsqu'on réduit un budget ou élimine un programme, mais on se fait par ailleurs d'implacables ennemis chez les groupes d'intérêts affectés. Par contre, un vote pour des budgets en hausse n'affecte personne directement à court terme (le contribuable ne se rend pas compte qu'il vient de donner quelques sous de plus pour un projet bidon d'étude de l'effet des changements climatiques sur la population de coccinelles en Pennsylvanie) mais fait beaucoup d'heureux qui contribueront à votre caisse électorale. Une preuve de plus, s'il en fallait, que ce ne sont pas les politiciens des partis traditionnels qui vont changer les choses, aussi intéressant que soit leur discours lors des élections.  
(Source: Washington Post) 
 
 
 



 
 
 
LE POT REVIENT À LA MODE
  
          La tolérance accrue envers l'utilisation de la marijuana, notamment pour des fins thérapeutiques, ne se limite pas au Canada. Aux États-Unis aussi, le mouvement en faveur de la légalisation semble prendre de l'ampleur, après deux décennies pendant lesquelles une « Guerre à la drogue » irrationnelle a montré son inefficacité.  
  
          Au cours des années 1960 et 1970, le mouvement de tolérance envers les drogues était bien sûr associé au mouvement hippie et à la tendance générale à s'ouvrir aux « modes de vie alternatifs ». À l'époque, onze États avaient passé des lois réduisant les peines pour l'utilisation privée de l'herbe à de simples amendes. Puis, dans les années 1980, un climat politique dominé par le conservatisme social et une préoccupation plus vive envers la criminalité en hausse ont rendu la tâche plus facile aux politiciens démagogues partisans de la méthode dure. Le résultat: des milliards de dollars dépensés pour accroître la répression, des millions de personnes incarcérées (695 000 Américains ont été arrêtés en 1997 seulement pour des motifs liés à la marijuana, pour simple possession dans 83% des cas), des dizaines de milliers d'autres entraînées et tuées dans les guerres de gangs, mais aucune baisse de l'utilisation illicite des drogues.  
  
          Ces dernières années, l'utilisation de la marijuana pour des fins thérapeutiques est devenue de plus en plus acceptée, aussi bien par le public que dans le milieu médical et dans les hautes sphères de l'autorité (quelle expression idiote! pourquoi pas les basses sphères?). Le Marijuana Policy Project prédit que le nombre d'États où une telle pratique est permise va passer de quatre à huit au cours des prochains mois. Le Maine s'apprête à voter sur la question en novembre, et d'autres référendums ou projets de loi sont attendus pour l'an prochain. 
  
          Par ailleurs, dans ce qui s'avère la première campagne du genre depuis des décennies, la National Organization for the Reform of Marijuana Laws a carrément lancé un mouvement en faveur de la légalisation de la drogue pour des fins récréatives. Des panneaux publicitaires ont été érigés à San Francisco la semaine dernière avec le slogan: « Cessez d'arrêter les fumeurs de pot responsables ». La campagne s'étendra à Los Angeles et à d'autres villes d'ici peu. Pour le fondateur du groupe Keith Stroup, « il est temps d'essayer de faire avancer le débat sur la marijuana au-delà de la question thérapeutique » 
  
          Le gouverneur républicain du Nouveau Mexique, Gary Johnson, attire quant à lui de plus en plus l'attention des médias du pays avec sa proposition de debattre de l'échec de la Guerre à la drogue et de considérer les avantages d'une décriminalisation de la marijuana. Le gouverneur prévoit tenir une série de forums sur le sujet dans son État. Il considère que le 50 milliards $ dépensé chaque année sur la répression devrait plutôt servir à aider les consommateurs dépendants et à informer la population sur les dangers de l'utilisation.  
  
          Les partisans de la Guerre à la drogue ne sont évidemment pas près de baisser les bras. Les sénateurs Dianne Feinstein (D) et Orrin Hatch (R) ont ainsi proposé ces derniers jours un projet de loi bizarrement nommé « Methamphetamine Anti-Proliferation Act of 1999 » qui, s'il était adopté, interdirait les livres, magazines ou sites web qui décrivent comment utiliser et produire des substances interdites ou qui vendent des accessoires servant à la consommation de drogue. Même la présence de liens vers un tel site serait alors proscrite. Ainsi, un simple lien comme celui-ci vers le magazine High Times ou vers des sites hollandais qui vendent des produits liés à la drogue pourrait mener un webmaster américain en prison.  
  
          La plupart des sondages montre un fort appui du public en faveur de l'utilisation pour des fins thérapeutiques, mais une majorité reste opposée à la légalisation pure et simple. Les libertariens sont et ont toujours été à l'avant-garde dans ce combat: non pas parce qu'ils favorisent l'utilisation de la drogue, mais plutôt parce qu'ils croient que chacun devrait pouvoir faire ce qu'il veut avec son propre corps et que la répression étatique n'est pas une solution.  
(Sources: Christian Science Monitor, Civil Liberty, Albuquerque Journal) 
 
 
 


  
  
  
LE MARCHÉ DES INFIRMIÈRES
 
          Lorsqu'un produit rare connaît une forte demande, les gens sont prêts à payer plus cher pour l'obtenir, son prix monte, et conséquemment l'offre tend à augmenter jusqu'à ce qu'un équilibre soit trouvé. La même chose est vraie pour le « produit » qu'est la main-d'oeuvre sur le marché du travail. Lorsque de nombreux employeurs sont à la recherche d'un certain type de travailleur ou d'une compétence particulière qui sont peu abondants, ils tentent normalement de les attirer en offrant des salaires plus élevés. C'est ainsi que le marché fonctionne.  
  
          Le marché a recouvré une partie de ses fonctions dans certains hôpitaux où règne une pénurie d'infirmières. Ainsi, au Centre hospitalier régional de Lanaudière (CHRDL) à Joliette, la direction a accepté au cours des trois dernières fins de semaine de rémunérer les heures supplémentaires des infirmières bachelières à taux et demi, alors que la convention collective prévoit une rémunération à taux simple. « La convention collective ne marche pas, alors il fallait faire quelque chose », a expliqué le directeur général Jean-Claude Berlinguet. Il estime que son établissement aurait besoin de 40 à 50 infirmières supplémentaires pour combler tous ses postes.  
  
          D'autres directeurs à l'esprit plus bureaucratique, comme Pierre-Yves Desjardins de l'Hôtel-Dieu de Sorel, ne sont pas contents de ce précédent: « On doit respecter les règles qui sont établies, ce n'est pas à nous de faire cette négociation-là ». Mais même dans cet établissement, la réalité doit parfois prendre le dessus sur la fiction planificatrice et on y contourne aussi les règles. L'hôpital a ainsi accepté de rémunérer à taux double les infirmières en vacances qui viennent prêter main-forte pour un quart de travail, s'inspirant de la règle pour les infirmières en congé férié.  
  
          Voilà ce qui se passerait si le système de santé était privatisé et décentralisé au lieu d'être géré bureaucratiquement: chaque hôpital offrirait des salaires appropriés pour attirer le nombre d'infirmières ou de médecins dont il a besoin, en tenant compte de l'offre et de la demande pour ce type d'emploi sur le marché. Ceux qui ne sont pas satisfaits des salaires ou conditions de travail à un endroit pourraient chercher ailleurs, ce qui amènerait une concurrence entre les établissements. Tout le monde y gagnerait – sauf les bureaucrates planificateurs bien sûr – et nous éviterions les grèves absurdes comme celle de cet été.  
(Source: La Presse) 
  
 
 


 
 
 
COUP D'OEIL SUR L'ACTUALITÉ
  
  
          .....la logique des États est de contrôler des territoires et des populations et d'imposer leur propre version de l'« intérêt national ». Mais il faut encore définir ce qu'est au juste la « nation », ce concept nébuleux qui n'est rien d'autre qu'un mythe appuyé par la force et les dépenses publiques. Au Québec, nous avons la chance d'avoir deux États qui se prétendent « nationaux »: le provincial et le fédéral. Depuis des années, nos petits bureaucrates provinciaux se donnent ainsi des airs en s'imaginant que leur gros village est une « capitale nationale ». Mais voilà, la guéguerre est pognée. Pour encaisser une subvention de 400 000 $ en provenance de la capitale concurrente, Ottawa, le Groupe pour le rayonnement international (GRI) de la région de Québec a dû promettre de bannir le terme « capitale nationale » de tous ses documents de promotion et d'information. Cette condition du gouvernement fédéral a fait bondir des ministres du gouvernement provincial, qui menacent à leur tour de retirer leur propre contribution au GRI si celui-ci donne suite à l'entente. Pendant ce temps, les vaches continuent de regarder passer les trains et les camions à St-Meuhmeuh...... 
(Source: Le Soleil) 
   
 
          .....Selon une recherche faite par le site américain Capitol Hill Blue, les congressistes qui siègent à Washington ne sont pas des modèles de probité financière (ni sur d'autres plans, on s'en doute). Plusieurs d'entre eux sont endettés jusqu'au cou, évitent systématiquement de rembourser leurs créances et font régulièrement des chèques sans fonds. Soixante et onze ont des dossiers de crédit tellement mauvais qu'ils ne peuvent obtenir une carte American Express de la façon habituelle. Pas si grave que ça bien sûr, puisque la fonction a ses privilèges: en tant que membres du Congrès, ces escrocs reçoivent automatiquement une carte spéciale de la compagnie, sans avoir à subir de vérification de crédit..... 
  
  
          .....l'Institut économique de Montréal offre sur son site un long article sur la vie, les principales idées et l'influence de Friedrich Hayek, l'un des plus importants économistes libertariens du XXe siècle, dont on fêtait récemment le 100e anniversaire de naissance. Hayek a travaillé toute sa longue vie pour répandre les idées de libre marché et d'ordre spontané, dans la lignée de son maître Ludwig von Mises et d'autres économistes de ce qu'on a appelé l'École autrichienne. Cet excellent texte écrit par Brian Lee Crowley de l'Atlantic Institute for Market Studies (et jusqu'à récemment éditorialiste au Globe & Mail) et traduit en français par Martin Masse est une lecture obligée pour ceux qui veulent en savoir plus sur la philosophie qui inspire le Québécois Libre.....                       
 
 
          .....la saga des SS de la langue se poursuit dans le petite village de Shawville en Outaouais . Deux inspecteurs de la CommiSSion de protection de la langue française (sic) sont retournés visiter Lynn Wilson, quelques semaines après que celle-ci et d'autres commerçants du village aient fortement incité une inspectrice à quitter les lieux en la suivant en voiture (voir PRIX DU QUÉBÉCOIS LIBRE, le QL, no 41). Cette fois cependant, les inspecteurs sont revenus avec leur bras armé en renfort, deux policiers en uniforme de la Sûreté du Québec. La criminelle linguistique en puissance avait toutefois, entre-temps, remplacé le panneau contrevenant de son commerce H&R Block par un autre conforme à la loi (i.e., avec lettrage français prédominant). Mais la répression étatique trouve toujours un prétexte pour se manifester et les inspecteurs ont donné un avertissement pour une autre infraction à Mme Wilson: deux petits collants sur sa porte qui indiquent les heures d'ouverture en français et en anglais avec, OH HORREUR!!!, un lettrage de même grosseur! Les officiers de la SQ ont sûrement dû se retenir pour ne pas sortir leurs armes sur-le-champ devant ce menaçant affront à la sécurité publique..... 
(Source: National Post)
 
 
 
 
 
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