Montréal, le 11 septembre 1999 |
Numéro
45
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Un autre racket
La loi provinciale oblige en effet tous les producteurs agricoles à faire partie du syndicat qu'est l'Union des producteurs agricoles du Québec (UPA) ou d'une de ses constituantes. Les pomiculteurs sont donc d'office membres de la Fédération des pomiculteurs, un organisme bureaucratique qui ne tire pas sa légitimité et son pouvoir de l'appui de ses membres mais plutôt de celui de l'État. En fait, il s'agit simplement d'un autre de ces petits rackets de protection qui pullulent de façon légale et officielle dans cette société, et qui visent essentiellement à mettre des bâtons dans les roues aux entreprises et individus qui font quelque chose de productif. Jean-Luc Legault, un pomiculteur de St-Joseph-du-Lac (voir Prix du Québécois Libre, p. 12), est l'un de ceux qui ont mis leurs pommes sur le marché avant la date imposée et qui refusent de faire partie de ce racket: On en revient encore et toujours au droit de s'associer et de ne pas s'associer avec qui l'on veut, un droit qui a perdu toute substance dans les secteurs économiques planifiés ou contrôlés par l'État. Dans certains cas, les gouvernements ont imposé des regroupements de producteurs pour mieux Éviter le bordel dans le marché Le président de la Fédération des pomiculteurs, Dean Thompson, a sa réponse toute faite de petit bureaucrate stalinien pour justifier l'existence de son organisme et ses pouvoirs coercitifs: Hein? A-t-on besoin d'un organisme de réglementation pour contrôler toutes les boulangeries du Québec, déterminer l'heure de la fabrication de la pâte, etc., parce que certains boulangers nous vendent des miches un peu dures? C'est le choix du consommateur dans un marché libre qui permet de remédier au problème de la mauvaise qualité de certains produits: on va acheter ailleurs si on se fait avoir une deuxième fois. Ou encore, les marchands qui reçoivent des plaintes et s'aperçoivent qu'un fournisseur leur refile du mauvais stock ont tout intérêt à s'approvisionner ailleurs. Nul besoin de contrôler bureaucratiquement tout un secteur (la Fédération fait bien plus que fixer des dates) pour maintenir cette discipline, un marché qui fonctionne sans entrave le fait très bien et permet des ajustements constants.
La Fédération aussi prétend s'ajuster aux conditions de production qui ont cours à chaque saison ainsi qu'à la demande et aux autres aspects du marché. Mais c'est justement le propre des organismes bureaucratiques d'être incapables de faire preuve d'assez de flexibilité pour s'adapter à chaque nouvelle situation. Les bureaucrates n'ont pas accès au centième de toute l'information qui circule dans tout un secteur économique et qui permet à chaque intervenant de s'adapter à une situation locale. Et lorsqu'ils ont des bouts d'information – dans le cas qui nous occupe, la Fédération prétend avoir analysé Une argumentation totalitaire Par définition, ce sont les illettrés économiques qui atteignent le sommet de la hiérarchie dans les organisations bureaucratiques comme la Fédération des pomiculteurs. Quelqu'un qui comprend le moindrement le fonctionnement d'une économie de marché ne pourrait occuper cette fonction sans s'arracher les cheveux devant l'absurdité de sa tâche. L'argumentation de Des pomiculteurs qui triment dur chaque jour pour gérer leur entreprise, faire fructifier des investissements à très long terme ainsi qu'assurer la récolte de la prochaine saison, doivent donc endurer les diktats d'un minable apparatchik qui peut, grâce au pouvoir que l'État lui a conféré, anéantir le fruit de leur travail. Il n'y a pas que des fruits qui sont pourris au royaume de la pomme. Articles précédents de Martin Masse |
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