Montréal, 25 sept. – 8 oct. 1999 |
Numéro
46
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Les débats creux du Bloc
Devant cette nouvelle impasse, les séparatistes s'en remettent donc comme il y a quinze ans à leur passe-temps favori, les débats théoriques creux et porteurs de divisions sur le sexe des anges. Le Bloc québécois a ainsi mis sur pied il y a quelques mois des On a aussi appris lors de ce congrès que le Bloc a décidé de changer ses statuts pour se transformer en parti En entrevue au Devoir, l'ancien journaliste et auteur a dit percevoir, comme tout le monde, Réalisme fiscal La situation du 2e mandat Bouchard ressemble à celle du 2e mandat Lévesque à d'autres égards. Dans les deux cas, le contexte socio-économique favorise en effet un certain réalisme fiscal qui s'accommode mal aux grands idéaux socio-démocrates. Au début des années 1980, Ronald Reagan et Margaret Thatcher appliquaient un frein aux politiques interventionnistes toujours plus ambitieuses qui avaient plongé l'Occident dans une période prolongée de ce qu'on a appelé la stagflation – c'est-à-dire la stagnation économique couplée avec un taux d'inflation élevé. Chez nous, confronté à une crise budgétaire et à des demandes irréalistes de la part des mafias syndicales du secteur public, le gouvernement péquiste imposait des coupures de salaires qui allaient lui assurer un ressentiment profond de la part de ses principaux supporters et une défaite aux élections suivantes. Pas besoin de réfléchir longtemps pour voir les parallèles. Partout en Amérique du Nord, les gouvernements ont éliminé leurs déficits et procèdent maintenant à des baisses d'impôt. Comme les soi-disant
Deux sondages récents dans le National Post nous apprennent par ailleurs des choses intéressantes sur l'état d'esprit des Québécois. Alors que la crise du système de santé public s'amplifie de mois en mois et qu'une contestation du monopole étatique se poursuit devant les tribunaux (voir l'article de Jean-Luc Migué, Pour ceux qui rêvent encore d'une alliance entre toutes les Il suffit de lire les lamentations de la passionaria nationalo-gauchiste par excellence, Josée Legault, pour se rendre compte à quel point ils broient du noir. Dans une chronique à The Gazette intitulée Malades imaginaires Les nationalo-gauchistes sont de grands malades imaginaires et on ne devrait pas trop s'en faire pour leur santé mentale chroniquement instable. Leur problème est qu'ils n'arrêtent pas d'ausculter notre corps collectif et d'y voir les pires symptômes. Par rapport à la santé parfaite que constituerait leur utopie, la nation est en effet toujours souffreteuse, handicapée, retardée dans sa croissance, gênée dans son épanouissement. Mais ce cul-de-sac, ce blocage collectif qu'ils diagnostiquent, n'existe que dans leur tête. La nation n'a pas d'état de santé, les caractéristiques qu'ils lui attribuent ne sont que des mythes collectivistes sans fondements. Il n'y a qu'une chose réelle: c'est la capacité des individus à s'épanouir, à atteindre leurs buts, à s'enrichir, à créer, à apprendre, à entreprendre. Pour faire tout cela, ils doivent être libres. La vraie maladie du Québec, c'est l'étatisme, ce sont toutes les entraves que l'État impose à l'épanouissement individuel. Il y a donc un remède bien simple pour remettre le Québec sur les rails: démanteler l'infrastructure bureaucratique de l'État et libérer l'esprit d'entreprise et la créativité des Québécois. Ce n'est pas ainsi que les nationalo-gauchistes voient les choses évidemment. Pour eux, seuls les luttes populaires, les buts collectifs, les bouleversements politiques, les grands symboles nationaux, les interventions étatiques et les lois uniformes qui s'imposent à tous, servent à avancer le bien-être d'un peuple. Pour eux, les efforts de chacun pour améliorer son sort et prendre sa destinée individuelle en main ne sont que des actions triviales, lorsqu'elles ne vont pas carrément à l'encontre de l'intérêt collectif. Qu'on ne se méprenne donc pas. Le blues de nos élites nationalo-gauchistes est un signe positif pour le Québec et il faut s'en réjouir, le temps qu'il durera. Il faut prendre avec un grain de sel tous ces discours grandiloquents sur notre impuissance nationale, qui ne sont que pure propagande collectiviste. Le spleen idéologique est une constante dans les débats au Québec(1) et cela n'est pas prêt de changer. Reste à voir maintenant si les remises en question actuelles permettront d'enclencher une nouvelle dynamique ou si nous ne suivront pas le même parcours politique débilitant que lors du dernier cycle. 1. Voir ma CHRONIQUE D'UNE MORT ANNONCÉE publiée il y a cinq ans dans Le Devoir. Articles précédents de Martin Masse |
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Le Québec libre des nationalo-étatistes |
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