Montréal,  23 oct. - 5 nov. 1999
Numéro 48
 
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NOUVELLES BRÈVES
 
 
OÙ S'EN VA NOTRE ARGENT?
  
          Vous vous demandez pourquoi le gouvernement provincial affirme toujours n'avoir jamais assez d'argent pour régler le problème des urgences, soigner des cancéreux, financer la formation de la main-d'oeuvre, entretenir les routes, compenser les accidentés du travail, et fournir tous les autres services à la population qu'il a monopolisés et nous empêche donc d'obtenir d'autres façons? Pourtant, ce gouvernement devrait crouler sous les montagnes de dollars, puisque nous sommes la population la plus taxée en Amérique du Nord et que nous avons des services souvent de piètre qualité et sous-financés. 
 
 
          La réponse, c'est bien sûr que cet argent est dépensé ailleurs. On apprenait par exemple ces derniers jours que la ministre de la Santé Pauline Marois allait dépenser 403 000 $ pour rénover son bureau de Québec  en y incluant une toute nouvelle chambre de bain avec toilette silencieuse et douche, deux salles de réunion (c'est que ça se réunit et ça papote ce monde-là!), une nouvelle aire de repos pour ses employés deux fois plus grande (c'est que ça se fatigue à force de se réunir et de papoter ce monde-là!), ainsi qu'un petit bureau pour le chauffeur de Madame. Mais ce n'est pas tout. Une station de radio de Québec révélait deux jours plus tard que la ministre avait aussi fait aménager une nouvelle suite ministérielle à Montréal aux coûts de 438 000 $, une suite qu'elle partage toutefois avec ses collègues Gilles Baril et Nicole Léger. Huit cent cinquante mille dollars, c'est ce que coûte quatre ou cinq belles maisons, les économies d'une vie et la sécurité de plusieurs familles. Pour l'aristosocialocrate Marois, c'est simplement un peu plus de confort aux frais de la reine.  
  
          Mais tout ceci n'est bien sûr que de la petite bière à côté des sommes faramineuses que le ministre du Gaspillage des fonds publics, Bernard Landry, saupoudre en b.s. pour les pauvres compagnies. Le ministre a offert 360 millions $ au constructeur automobile General Motors pour l'« aider » à rénover son usine de Boisbriand, qui n'en a plus que pour un an ou deux à produire des modèles Camaro et Firebird qui sont passés de mode.  
  
          Pour des raisons historiques et économiques, presque toute l'industrie automobile canadienne est concentrée dans le sud de l'Ontario. Les gouvernements du Québec successifs n'ont jamais accepté cette réalité et ont une fixation sur ce qu'ils considèrent une « injustice » du fédéralisme (étrangement, ça ne leur dérange pas que les industries de biotechnologie et d'aéronautique soient concentrées au Québec). Ils ont toujours été prêts à dépenser des fortunes pour créer et maintenir artificiellement une industrie automobile au Québec. Dans les années 1980, Québec et Ottawa avait déjà accordé un prêt sans intérêt pour 30 ans de 110 millions $ à GM, ce qui se traduit par un don estimé de 90 millions $ durant cette période. Les gouvernements ont aussi engouffré des millions dans l'usine de Hyundai de Bromont, qui a malgré tout fermé ses portes après quelques années. Même chose pour l'usine de camions Kenworth.  
  
          L'industrie automobile, comme n'importe quel autre secteur économique, est un système complexe fondé sur des investissements, mais aussi une culture entrepreneuriale, des réseaux d'échange d'information et de technologie, une proximité géographique avec des sous-traitants et des concurrents, etc. On ne crée tout simplement pas une industrie à partir de rien dans un champ à coups de subventions. Mais l'illettré économique qui dirige les finances du Québec croit toujours à la mythologie interventionniste qui veut que ce soit possible. Il est donc prêt à maintenir ces emplois à Boisbriand coûte que coûte, c'est-à-dire au coût de 300 000 $ par emploi « sauvegardé », du moins temporairement.  
  
          Heureusement, dans l'entente qu'elle a conclue la semaine dernière avec les Travailleurs canadiens de l'automobile, GM ne prévoit aucun investissement nouveau au Québec, et elle a jusqu'ici décliné l'offre du ministre du Gaspillage. Mais ce n'est que partie remise, des tas d'autres téteuses de subventions font la file devant le bureau du ministre... 
(Sources: The Gazette) 
 
 


 
 
COUP D'OEIL SUR L'ACTUALITÉ
  
  
          .....le parrain récemment élu de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Marc Laviolette, ne s'est pas distingué par ses qualités de tacticiens et par la subtilité de ses propos pendant le récent conflit des camionneurs (voir Béquille de bois, p. 11). Il a d'abord comparé l'injonction obtenue par le gouvernement ordonnant aux camionneurs de cesser de bloquer les routes à rien de moins que la loi des mesures de guerre. Avec un ton de bum de ruelle qui a l'habitude de menacer ses camarades avec des « ...ou ben j'te casse la yeule », il a aussi fait honneur à sa profession de mafioso avec cette menace à peine voilée de faire de la casse si les camionneurs n'avaient pas gain de cause: « La fournaise est très chaude. Il faut trouver une solution à cette problématique. Les gens sont désespérés et quand il y a des gens désespérés, il y a des gens qui proposent des solutions désespérées. Quand il n'y a pas d'issue... » Le mouvement de protestation n'a pas obtenu de résultats immédiats et s'est dégonflé, mais les syndicats discutent depuis avec le gouvernement du prix que celui-ci devra payer pour garder l'ordre public et les routes ouvertes...... 
(Source: La Presse) 
   
 
          .....après trente ans de gestion bureaucratique socialiste, le système de santé n'a plus grand-chose d'une industrie flexible, au service des usagers et réceptive à leurs besoins. Au contraire, le dernier cri dans les méthodes de gestion du réseau est le gigantisme stalinien. Les regroupements d'hôpitaux et la construction de méga-hôpitaux sont devenus la nouvelle mode ces dernières années, comme le montre la création de plusieurs « centres universitaires hospitaliers » dans les principales villes de la provinces. Le gouvernement provincial promet depuis quelques mois la construction d'un nouveau complexe pour remplacer les trois pavillons (Notre-Dame, Hôtel-Dieux et Saint-Luc, d'anciens hôpitaux fusionnés en 1996) du CHUM à Montréal. Les médecins sont en faveur du projet, mais lorsqu'on demande leur opinion aux usagers, le son de cloche est différent. Un sondage réalisé pour le compte du comité des usagers du CHUM montre que seulement 15% des répondants jugent que la construction de ce nouveau méga-hôpital est la solution la plus avantageuse pour les patients, 39% appuient la fusion déjà réalisée, et 31% souhaiteraient le maintien de trois entités autonomes. Mais le marché – c'est-à-dire, les désirs des consommateurs – ne compte pour rien dans le système de santé et ce sont en bout de ligne des pressions politico-bureaucratiques qui détermineront le sort de ces institutions...... 
(Source: La Presse 
  
  
          .....le comité des affaires sociales du Sénat canadien étudiera à partir du mois prochain la question de la légalisation possible de la marijuana et d'autres drogues. Les sénateurs libéraux et conservateurs ont accepté de tenir des audiences publiques sur ce sujet à la suite de pression du sénateur conservateur Pierre-Claude Nolin, qui présidera vraisemblablement les débats. Selon M. Nolin, les sanctions criminelles liées à la possession de drogue ont des conséquences très négatives sur des milliers d'utilisateurs occasionnels, alors que l'alcool et la cigarette ont pourtant des effets beaucoup plus nocifs sur la santé et provoquent plus de décès. « C'est notre moralité chrétienne qui embrouille tout, affirme-t-il. Il faut s'ouvrir les yeux et examiner les choses de façon scientifique »..... 
(Source: Southam News) 
  
  
          .....un nouveau parti qui prône la décentralisation des pouvoirs au Canada présentera un candidat pour la première fois lors d'une élection complémentaire le 15 novembre en Saskatchewan. Le chef et fondateur du « Rest of Canada Party » (ROC), le comptable agréé Ace Cetinski d'Edmonton, tentera de convaincre les électeurs qu'un système fédératif « à la suisse », où le gouvernement fédéral aurait compétence sur un petit nombre seulement de champs comme les affaires étrangères, la défense et la banque centrale, serait préférable pour le pays. M. Cetinski souhaiterait former une alliance avec le Bloc québécois puisque, dit-il, « ce sont eux qui se tiennent debout devant Ottawa ». Une centaine de personnes aurait déjà acheté leur carte de membre de ce parti.....  
(Source: Presse canadienne) 
  
  
          .....au Québec, c'est l'avocat fédéraliste Guy Bertrand qui songe à lancer un nouveau parti politique à partir de son mouvement Citoyens de la nation. M. Bertrand considère que le PQ et le PLQ sont « les deux faces de la même médaille nationaliste » même si les libéraux défendent théoriquement le maintien du Québec dans la fédération canadienne. Selon lui, le Parti libéral est un parti fourre-tout sans vision qui attend simplement que le pouvoir lui tombe dessus, et même sur le plan économique le « libéralisme social » qu'il défend n'est rien d'autre qu'une social-démocratie similaire à celle défendue par les péquistes. Les dirigeants et membres de CND doivent se pencher sur le projet dans les mois qui viennent.....  
(Source: La Presse) 
 
 
          .....quand il est question pour le gouvernement d'offrir aux Canadiens des histoires qui reflètent leur réalité de Canadiens, il semble que la dépense n'a pas d'importance. Ni la façon de s'y prendre. On apprenait cette semaine que Cinar, l'une des plus importantes maisons de production télévisuelle au Canada, aurait utilisé des prête-noms pour obtenir des fonds gouvernementaux – un de ces prête-noms étant le fils de Laurier Lapierre, le président de Téléfilm Canada, une agence fédérale qui participe au financement des productions au pays. Ainsi, l'entreprise montréalaise qui recevait seulement l'an dernier 21.5 millions $ en fonds publics aurait fait appel à des cadres et/ou des amis pour qu'ils signent des scénarios écrits par des auteurs américains afin de rencontrer quelque exigence de contenu canadien imposée par les organismes subventionnaires. On peut facilement imaginer qu'une multitude d'astuces similaires sont utilisées pour contourner les règles mises en place par les organismes chargés de redistribuer notre argent. Doit-on s'en étonner? Cette activité est-elle plus répandue qu'on le croit? Combien d'autres entreprises font la même chose?.....  
(Source: The Gazette)   
 
 
 
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