Montréal,  6 nov. - 19 nov. 1999
Numéro 49
 
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NOUVELLES BRÈVES
 
 
OTTAWA SAIT QUOI FAIRE
AVEC NOTRE ARGENT
 
 
          Paul Martin se vante régulièrement d'avoir baissé le fardeau fiscal des Canadiens ces dernières années. Mais ce qu'il laisse aux contribuables, le ministre du Magot fédéral le reprend d'une autre main. Comme l'a indiqué la Canadian Taxpayers' Federation la semaine dernière, les 16,5 milliards $ en réduction d'impôts que nos maîtres à Ottawa nous ont généreusement consentis au cours des deux derniers budget ont été contrebalancés par une hausse de 18,5 milliards $ résultant des coûts plus élevés du régime de pension et de la non-indexation des échelles d'imposition. 
 
 
          Une nouvelle étude de la banque Toronto-Dominion indique par ailleurs que l'impôt sur le revenu et les autres taxes payées par les Canadiens (donc, excluant celles payées par les entreprises) ont atteint un sommet inégalé de 25% en 1999, contre 22% lorsque les libéraux de Jean Chrétien ont pris le pouvoir en 1993. L'étude montre que même si les porte-monnaie des contribuables sont un peu moins siphonnés par les gouvernements provinciaux, la force de succion fédérale a plus que compensé pour ce maigre répit.  
  
          Pendant ce temps, les surplus s'accumulent dans la cagnotte du ministre du Magot. Les surplus de la caisse d'assurance-chômage atteignent 21 milliards $ et on s'attend à ce que les excédents budgétaires pour l'année en cours soient de 6 milliards $. Dans la capitale impériale, l'heure n'est toutefois ni aux réductions d'impôt massive, ni à un remboursement accéléré de la dette nationale accumulée de 575 milliards $. La seule chose concrète que Paul Martin a annoncé est une réduction insignifiante des cotisations d'assurance-chômage. Le reste n'est encore que promesse en l'air. Et comme on a pu le constater dans le discours du Trône d'il y a quelques semaines, le gouvernement est fortement tenté de se lancer dans une orgie de nouveaux programmes nationaux.  
  
          Ceux qui s'attendaient à un répit avec le serrage de ceinture des deux dernières décennies devront donc se consoler autrement. Les bases seront jetées dans le prochain budget pour une nouvelle hausse globale des dépenses et, qui sait, pour de nouveaux déficits et de nouvelles hausses d'impôts dès que l'économie montrera des signes de ralentissements. Mais, comme l'a expliqué philosophiquement le premier ministre Chrétien, « il y a autre chose dans la vie que simplement faire de l'argent ». Le donner au tyran par exemple... qui, lui, ne se gêne pas pour glousser de plaisir à la vue de cette montagne de fric qu'il nous a soutiré. Le premier ministre a fait ces commentaires d'une indécence délirante alors qu'il était interrogé sur les surplus budgétaires à venir: « J'ai beaucoup de plaisir à ce moment-ci. C'est un gros problème que d'avoir des milliards à dépenser et ou à faire des réductions d'impôts. Mais c'est un problème que j'aime à avoir. C'est la première fois en 50 ans qu'un premier ministre est pris avec un problème terrible comme celui-là. Que faire avec le surplus? Franchement, laissez-moi en profiter un peu. Il y en a un peu pour tout le monde, mais pas assez pour tout le monde. » 
(Sources: National Post, Presse canadienne) 
  
  


 
 
LA BÉCOSSE DE L'ARISTOSOCIALOCRATE
  
          Le premier ministre Lucien Bouchard a excusé les dépenses folles de sa collègue de la Santé, Pauline Marois, qui fait rénover ses deux suites ministérielles à Québec et à Montréal, en déclarant qu'il fallait éviter de faire de la démagogie facile en parlant du travail des ministres. L'aristosocialocrate Marois a dépensé plus de 800 000 $ pour ces travaux (voir OÙ S'EN VA NOTRE ARGENT, le QL, no 48), qui incluent notamment une toilette silencieuse de luxe.  
  
          M. Bouchard a affirmé au lendemain de cette controverse que Mme Marois travaillait très fort dans des dossiers très importants et qu'il ne s'agissait pas de luxe mais seulement d'avoir les outils nécessaires pour son travail (« they aren't luxury – just the tools she needs to do her job »). Le QL a pu corroborer les dires du premier ministre en obtenant une photo secrète de la bécosse high-tech en question qui explique tout. 
  
          Probablement parce que le pouvoir lui est trop monté à la tête ces dernières années, l'aristosocialocrate Marois – qui siégeait déjà au cabinet dans le gouvernement Lévesque – ne peut s'empêcher de « trôner » une bonne partie de la journée, et doit donc accomplir une partie importante de ses tâches ministérielle au petit coin. Sa toilette est non seulement silencieuse, mais équipée de tout l'appareillage nécessaire pour que la ministre puisse faire son travail.  
  
          Le bon peuple devrait donc se réjouir au lieu de maugréer: si Son Altesse n'avait pas les outils nécessaires à sa disposition pour planifier le système de santé québécois, les urgences risqueraient de devenir plus encombrées et les listes d'attente pour des chirurgies pourraient s'allonger encore plus... 
(Source: The Gazette) 
 
 

 
 
PSEUDO-CONSENSUS LINGUISTIQUE
 
 
          L’un des mythes les plus tenaces de l’idéologie officielle nationalo-gauchiste québécoise est le supposé « consensus » sur la nécessité d’imposer des restrictions légales pour protéger le français. Chaque fois que l’on demande leur avis aux Québécois, on se rend toutefois compte que les opinions sont partagées, pour ne pas dire carrément contradictoires.  
  
          Un sondage de la firme Sondagem effectué à la suite du jugement invalidant des aspects de la loi sur l’affichage indique que 74% des personnes interrogées considèrent que la règle de la prédominance du français, une mesure largement symbolique, est encore nécessaire pour préserver le visage français du Québec. Cinquante-cinq pour cent croient par ailleurs que le français est toujours menacé au Québec. Ce qui est plus surprenant, c’est que 71% des répondants souhaitent que l’école anglaise soit accessible à tous les enfants, quelle que soit la langue maternelle de leurs parents. 
  
          Depuis les années 1970, seuls les enfants dont les parents ont été instruits en anglais ont accès à l’école anglaise (ils peuvent tout de même aller à l’école française, ce que plusieurs font). Les enfants francophones et ceux de familles immigrantes, même anglophones, doivent obligatoirement fréquenter l’école française. Dans ce domaine, ce ne sont pas les anglophones qui ont moins de droits, mais plutôt les francophones, toujours évidemment dans le but de réduire graduellement la présence de l’anglais dans la province. 
  
          Cet arrangement linguistique dans le domaine de l’éducation est devenu un véritable dogme nationaliste, et personne n’ose le remettre en question chez les francophones de peur d’être accusé de vouloir favoriser les forces assimilatrices. La ministre de la Répression et du Nettoyage linguistiques, Louise Beaudoin, a d’ailleurs rapidement mis les choses au clair en prenant connaissance de ces données: il n’est « absolument pas question » d’ouvrir les écoles anglaises à tous. L’élite nationalo-gauchiste a décidé de ce qui faisait consensus et le peuple n’a qu’à se la fermer et à suivre. On viendra nous dire encore que les médias et partis politiques au Québec reflètent le pluralisme de la société... 
  
          Si tout le monde tient tellement à la survie du français, de quoi l’élite a-t-elle donc peur? Les parents ne sont-ils pas les mieux placés pour décider du genre d’éducation qu’ils veulent donner à leurs enfants? Qu’est-ce qui justifie qu’une petite élite fait ce choix pour tous? Avec des résultats de sondage si contradictoires, comment peut-on vraiment savoir ce que veulent les citoyens? Comment, sinon en les laissant justement libres de choisir? Le QL est la seule publication dans ce désert intellectuel qui défend systématiquement la liberté, y compris dans des dossiers tabous comme celui de la langue. 
(Source: Presse canadienne) 
  
  


 
 
COUP D'OEIL SUR L'ACTUALITÉ  
  
 
          .....à la suite d'un jugement de la Cour suprême du Canada il y a six mois qui déclarait discriminatoire la reconnaissance des seuls couples hétérosexuels dans les lois touchant la famille (voir DES PENSIONS POUR LES CONJOINTS GAIS?, le QL, no 38), le gouvernement ontarien a adopté une loi reconnaissant l'existence de « partenaires de même sexe » et leur accorde les mêmes droits qu'aux conjoints de fait. Le Québec a aussi adopté une loi similaire au cours de l'été, et la Colombie-Britannique l'avait fait auparavant. Le gouvernement conservateur de Mike Harris s'est dit obligé de l'adopter pour se conformer au jugement, même s'il n'en avait pas l'intention. La loi ontarienne crée une nouvelle catégorie de conjoints et préserve la définition traditionnelle de la famille comme une union entre un homme et une femme. Elle forcera notamment certains partenaires de même sexe à payer une pension alimentaire lors d'une brisure de relations, permettra à d'autres de recevoir des compensations si leur partenaire décède, et interdira la discrimination contre une personne sur la base d'une relation homosexuelle...... 
(Source: The Ottawa Citizen) 
  
  
          .....le même gouvernement conservateur de l’Ontario a déposé un projet de loi qui interdira les déficits et obligera tout futur gouvernement qui voudrait hausser les taxes à tenir un référendum. La loi fera en sorte de réduire le salaire des ministres de 25 à 50% dans le cas où un gouvernement serait incapable d’équilibrer ses revenus et dépenses. Le premier ministre Mike Harris a déclaré, lors du dépôt à l’assemblée législative ontarienne, que les gouvernements qui produisent des déficits et haussent les taxes ne sont pas loin d’être des « criminels ». Toutefois, comme l’a souligné le chef de l’opposition libérale Dalton McGuinty, M. Harris a attendu quatre ans, pendant lesquelles il a continué à accumuler pour 25 milliards $ de dettes, avant de faire adopter cette loi. Cette activité criminelle a toutefois été compensée par une baisse de 30% du niveau d’imposition dans la province voisine, une circonstance légèrement atténuante..... 
(Source: Southam News) 
  
 
          .....dans ce qui constitue l'une des plus importantes révoltes fiscales aux États-Unis ces dernières années, une loi similaire entrera en vigueur dans l'État de Washington à la suite d'un appui majoritaire donné en faveur de Initiative 695 la semaine dernière par les citoyens de cet État de la côte Ouest. Dorénavant, la population devra approuver toute hausse du fardeau fiscal au niveau de l'État ou des gouvernements locaux, de même que tout frais imposé par le gouvernement dans quelque domaine que ce soit. Les tenants de cette mesure ont dû affronter aussi bien la gauche démocrate que les républicains modérés, les syndicats et les grosses entreprises suceuses de fonds publics. La multinationale Boeing, installée à Seattle, a même financé la campagne d'opposition à Initiative 695, une campagne qui disposait d'un fonds sept fois plus important que celui des militants anti-taxes. Ce sont toutefois eux qui l'ont emporté à 57%. À quand des référendums sur les taxes plutôt que sur la séparation au Québec?..... 
(Source: Seattle Times 
 
 


 
 
BABILLARD
  
 
LE QL À RADIO-CANADA 
L'émission Le Point à la télévision de Radio-Canada diffusera les 16, 17 et 18 novembre trois grands reportages sur la remise en question du modèle québécois d'interventionnisme étatique issu de la Révolution tranquille. Des artisans du QL, ainsi que Jean-Luc Migué de l'IEDM et le professeur Réjean Breton (qui signe un article dans le présent numéro) ont été notamment interviewés pour cette série. Les reportages devraient être disponibles en format RealPlayer par la suite sur le site de Radio-Canada, pour ceux qui les auraient ratés ou pour nos lecteurs étrangers intéressés à les voir. Nous en indiquerons l'adresse internet dans le prochain numéro.
          La pensée libertarienne est étrangement très présente au Canada anglais dans des publications visant un public général comme le quotidien The National Post, mais les publications spécialisées sont très rares. La version web d'un nouveau magazine libertarien, Liberty Free Press, lancé par Scott Carpenter de Victoria en Colombie-Britannique, viendra combler une partie de ce vide. (M. Carpenter publie de nouveau un article dans le QL de cette semaine.) Une version papier devrait être distribuée en décembre sur les campus universitaires du pays. LFP publiera des articles en anglais et en français (et reproduit par ailleurs quelques articles écrits par des collaborateurs du QL).
 
 
 
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