Montréal,  20 nov. - 3 déc. 1999
Numéro 50
 
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NOUVELLES BRÈVES
 
 
LES EFFETS SECONDAIRES
DE LA SOLIDARITÉ
 
 
          L'association des hôpitaux du Québec a lancé un cri d'alarme en annonçant que les déficits totaux des hôpitaux atteindraient 350 millions $ cette année, un chiffre qui s'ajoute aux 210 millions de coûts supplémentaires engendrés par le nouveau programme étatisé d'assurance-médicaments. Le vice-président de l'association, Daniel Adam, a semé l'émoi en laissant entendre que les restrictions budgétaires forceraient peut-être les hôpitaux à faire des choix difficiles, comme restreindre les soins aux personnes âgées. « Il y a des choix éthiques qui vont se soulever: est-ce qu'on accepte de poser un pacemaker ou une prothèse de hanche à un patient de 82 ans? Est-qu'on accepte de dialyser un patient de 90 ans? », a-t-il demandé lors de cette conférence de presse. 
 
 
          Laisser mourir les vieux parce que ça coûte trop cher: voilà quel type de « solidarité » finit par s'imposer dans un système bureaucratique, centralisé, inflexible, où les patients sont un fardeau coûteux au lieu d'être des clients à soigner. Dans un système privé compétitif, un dirigeant d'hôpital qui ferait ce genre de commentaire perdrait probablement tous ses clients âgés, et se retrouverait avec un sérieux problème de marketing. La compétition pousserait au contraire les hôpitaux à offrir le plus de soins possible aux meilleurs coûts. Dans notre système « solidaire » au contraire, c'est faire preuve de réalisme que de suggérer qu'on rationne les soins à une catégorie de la population pour les préserver à d'autres.  
  
Exporter les malades 
  
          Le « meilleur système de santé au monde » fonctionne tellement bien qu'on peut se payer les meilleurs et les plus rapides traitements contre le cancer – en envoyant les patients aux États-Unis. Après le Québec et l'Ontario, c'est au tour du Manitoba d'avoir recours aux services d'hôpitaux américains pour soigner ses cancéreux, parce que les listes d'attente en radiothérapie sont trop longues. Le délai d'attente est actuellement de 12 semaines pour des traitements aux rayons X.  
  
Financement à sec 
  
          La ministre aristosocialocrate de la Santé du Québec, Pauline Marois, a d'ailleurs admis qu'il sera impossible pour le gouvernement de consentir des ressources toujours plus importantes au poste budgétaire de la santé dans le contexte de vieillissement de la population. Elle reconnaît qu'il faudra trouver d'autres sources de financement, sans toutefois aller au-delà des clichés socialistes habituels: « Il n'est pas exclu qu'il faille aussi trouver de nouvelles sources de financement. Si cela doit être le cas, l'approche québécoise – généreuse et solidaire – devra nous guider dans la recherche de solutions. » 
 
          Chose certaine, aussi longtemps qu'on ne remettra pas aux individus la responsabilité de déterminer eux-mêmes leurs besoins et leurs priorités en santé, en permettant notamment l'achat d'assurances privées, le rationnement des soins restera la seule solution à ce problème de financement. La ministre ne dit pas qu'il faudrait laisser mourir les vieux, comme son bureaucrate de l'Association des hôpitaux, mais elle admet tout de même l'évidence: « Il faudra probablement reconsidérer ce que l'on accepte et ce que l'on refuse de financer et, en même temps, s'interroger sur la façon de le financer. »  
  
La santé par le lobbying 
  
          Dans un système de santé privé, un patient pourrait décider lui-même d'avoir des soins additionnels ou de meilleure qualité, de la même façon qu'il peut en ce moment avoir de la nourriture additionnelle et de meilleure qualité: en payant directement pour ces soins ou en souscrivant à des assurances qui les offrent. Le patient aurait alors, comme consommateur de soins, un certain contrôle sur ceux-ci, dans la mesure où il est prêt à y consacrer des ressources financières, comme c'est le cas pour tout autre produit et service limité et donc coûteux.  
  
          Dans notre système socialiste, ce sont les politiciens et les bureaucrates qui décident quels sont les soins auxquels nous avons droit. La seule façon de les influencer est de se lancer dans cette industrie caractéristique des sociétés où l'État contrôle et réglemente tout: le lobbying. Le ministre fédéral de la Santé, Allan Rock, l'a admis récemment en déclarant que la création d'un système parallèle privé, en permettant aux citoyens les plus riches et les plus influents de se retirer du système public et de payer eux-mêmes pour leurs soins, ferait en sorte de « réduire la pression politique sur les gouvernements pour qu'ils adoptent les mesures nécessaires pour régler les problèmes du système public » 
  
          Quel étrange raisonnement tout de même. Si c'est vraiment la « solidarité » qui constitue le fondement du contrôle étatique de la santé, pourquoi les politiciens seraient-ils alors moins motivés à y consacrer des ressources? En quoi le fait que les riches ne feraient plus de pression pour une amélioration du système devrait-il changer la situation?  
  
La santé par le vote 
  
          Le contrôle le plus immédiat qu'on peut avoir sur sa santé, c'est de pouvoir décider qui nous soignera, où, quand, comment et à quel prix. Mais cette approche est trop égoïste pour l'élite aristosocialocrate qui nous gouverne. Au Québec, on préfère les solutions collectives, qui dénotent plus de « solidarité ». En plus de faire du lobbying auprès des politiciens, il y a une autre façon collective d'influencer la gestion des soins de santé au niveau local: se faire élire au conseil d'administration des hôpitaux et autres établissements du réseau de la santé et des services sociaux comme représentant du public.  
  
          Les troisièmes élections du genre depuis la réforme instituée par le ministre Marc-Yvan Côté en 1991 ont eu lieu la semaine dernière. Le résultat? 99,12% des citoyens de la province se sont abstenus de voter. Voter pour quoi de toute façon? Pour avoir quelques représentants minoritaires sur un conseil dominé par des bureaucrates et des représentants des mafias syndicales? Pour avoir une influence sur la façon dont il faudra rationner les soins aux vieux? Dans cette veine, pourquoi ne pas aussi nationaliser les supermarchés, créer des conseils d'administration et des régies régionales de l'alimentation, et élire des administrateurs qui décideront de la quantité de légumes et de biscuits qui seront « solidairement » distribués à la population? On pourrait ensuite se vanter d'avoir « le meilleur système de distribution alimentaire au monde »... 
(Sources: La Presse, The Gazette, Presse canadienne, CJAD) 
  
 


 
COUP D'OEIL SUR L'ACTUALITÉ  
  
 
          .....si presque tout le monde croit que le fardeau fiscal est trop lourd et se dit en faveur de baisses d'impôts, pourquoi ceux-ci restent-ils aussi élevés? L'une des réponses est que le système dit « démocratique » dans lequel nous vivons n'a plus rien d'une démocratie mais n'est qu'une oligarchie corporatiste au service d'une soupe alphabet des groupes d'intérêt les plus parasitiques. Mardi le 16 novembre dernier, quelques-uns de ces groupes, dont l'Union des municipalités du Québec (UMQ), le Mouvement des Femmes du Québec (MFQ), la Fédération de l'âge d'or (FADOQ) et l'Union des producteurs agricoles (UPA) sont de nouveau allés présenter leurs fines analyses au gouvernement provincial lors des audiences d'un comité parlementaire sur la politique fiscale. Comme le rapporte la Presse canadienne, « tous ces organismes sont venus présenter leur opinion sur le projet de réduction des impôts. Chacun d'entre eux croit sincèrement que les contribuables en ont assez de payer, mais qu'il ne faut pas pour autant réduire les interventions de l'État dans l'économie, la santé, l'éducation, l'aide sociale et la création d'emplois. » Peut-on croire que les impôts baisseront aussi longtemps que ces lobbys garderont leur monopole sur ce qu'est « l'opinion publique »?...... 
  
  
          .....La Presse nous apprend que la ministre des Affaires municipales au grand coeur, Louise Harel, demande aux villes de ne pas abuser des référendums pour stopper des projets de fusion ou de création de superstructure régionale. « Il ne faut pas faire de démagogie avec la démocratie » a-t-elle déclaré, alors que Mont-Tremblant tente de faire obstacle à la fusion forcée avec St-Jovite en invoquant un référendum où 96% des citoyens ont exprimé leur opposition à ce projet. Mais qui donc fait de la démagogie avec la démocratie en menaçant de tenir un 3e référendum sur le même sujet, alors que les deux premiers ont obtenu pas mal moins que 96% d'appui? Plus démagogue encore, la ministre au grand coeur a par ailleurs sermonné les villes, expliquant que « chaque municipalité n'est pas une république qui peut décider de son sort en ne tenant pas compte de ses voisines ». Et qui donc nous écoeure à tous les 15 ans en se prenant pour une république et en menaçant de déclarer l'indépendance unilatéralement sans tenir compte de ses voisins dans la fédération canadienne? Il y a parfois de ces incohérences en politique..... 
  
 
          .....le Québec et l'Ontario ont conclu une entente temporaire sur la mobilité de la main-d'oeuvre et le protectionnisme dans l'industrie de la construction, en particulier dans la zone frontalière outaouaise. L'entente prévoit notamment que les travailleurs ontariens, qui n'ont pas à obtenir de cartes de compétence pour travailler chez eux où cette industrie est moins réglementée, pourront dorénavant travailler au Québec sans cartes de la province. Ces cartes de compétence font partie du racket bureaucratico-syndical qui contrôle l'industrie de la construction québécoise. Tout travailleur doit passer des tests bidon coûteux et en obtenir une pour pouvoir ensuite être admis dans la mafia syndicale et enfin être engagé sur un chantier. Jocelyn Dumais de l'Association pour le droit au travail, qui fait campagne pour l'abolition de ces cartes (voir Prix du Québécois Libre, le QL, no 36), a dénoncé l'entente, expliquant que si les travailleurs ontariens pourront dorénavant travailler au Québec, 5000 travailleurs québécois de la construction resteront exclus parce qu'ils n'ont pas de cartes. Le débat reste le même: qui doit décider si un travailleur est compétent? Son employeur ou des bureaucrates étatiques et syndicaux?..... 
(Source: Globe & Mail 
 
 
          .....selon un sondage réalisé par le ministère québécois de l'Industrie et du Commerce, les sociétés d'initiative et de développement des artères commerciales, les fameuses SIDAC, sont ignorées et considérées comme inutiles par la majorité des commerçants qui en font partie. Les SIDAC sont une autre créature étatique qui  fonctionne sur le même principe que les mafias syndicales. Un vote majoritaire oblige tous les commerçants d'une même rue à y adhérer et à payer des cotisations, qui peuvent s'élever jusqu'à plusieurs milliers de dollars par année, en sus des taxes municipales. La petite clique bureaucratique qui contrôle la SIDAC a ensuite la mission de faire la promotion de l'artère commerciale en question pour concurrencer les centres d'achat de banlieue. On en compte huit à Montréal et une vingtaine ailleurs en province. Selon ce sondage, 64% des commerçants ne participent jamais ou rarement aux activités promotionnelles, et parmi ceux qui y participent, 55% estiment qu'elles contribuent peu ou pas du tout à l'augmentation de leur chiffre d'affaires. On doit en conclure que, comme dans le cas des mafias syndicales, les procédures de création doivent être beaucoup plus simples et faciles à adopter que les procédures de dissolution..... 
(Source: La Presse) 
 
 
          .....la Place des Arts de Montréal a finalement trouvé une façon de régler le conflit de travail avec ses techniciens qui durait depuis des mois: elle a mis tout le monde dehors. La direction de l'établissement affirme qu'elle peut légalement mettre fin au contrat de service qui la lie avec le syndicat parce que c'est celui-ci qui engage en réalité les techniciens, et pas elle. La règle dite de l'« atelier fermé » fait en sorte que personne ne peut travailler à la PDA sans faire partie du syndicat. C'est même lui qui nomme les chefs d'équipe, alors que les contremaîtres et autres responsables devraient normalement être nommés par la compagnie. La PDA affirme donc qu'elle ne renie pas une accréditation syndicale mais qu'elle met simplement fin à son contrat de sous-traitance avec le syndicat. Les parrains de la mafia syndicale ne sont pas d'accord et pas contents. Le président de la FTQ, Henri Massé, considère que l'embauche d'autres techniciens par la PDA équivaudrait à l'emploi de briseurs de grève, une pratique interdite au Québec depuis plusieurs années. Il évoque le retour de scènes de violence comme dans les années 1960: « Je suis convaincu que ce conflit-là va dégénérer. On ne le souhaite pas, mais il va dégénérer. » Les brutes à gros bras et petite cervelle vont reprendre du service..... 
(Source: La Presse) 
  
  
          .....notre vaillante police provinciale, la Sûreté du Québec, veille sur nous comme une bonne mère. Au cours des six derniers mois, sa priorité des priorités a été d'empêcher le plus de gens possible d'inhaler de la fumée qui provoque une certaine euphorie assoupissante. Confrontée à une croissance importante de la culture de cannabis québécois (le Quebec Gold) dans les champs de la province, la SQ a affecté une dizaine d'escouades, soit entre 150 et 200 policiers, à l'opération « Cisaille », dont le but est d'éradiquer les plants de pot. « C'est notre priorité. C'est le gros phénomène en ce moment, on a passé l'été à arracher des plants de pot », a expliqué le caporal Richard Bourdon, porte-parole de notre vaillante police provinciale. Débordée, la SQ songe même à former un agent de relations publiques affecté exclusivement au dossier. Il faut bien alimenter des médias crédules et entretenir le mythe que tout cela est essentiel à notre sécurité!.....  
(Source: La Presse) 
  
  
          .....même les petits pas peuvent prendre une dimension historique. Le gouvernement de Terre-Neuve a annoncé la semaine dernière la première réduction d'impôt de son histoire, qui permettra aux contribuables d'économiser 175 millions $ pour les trois prochaines années. La mesure est loin d'être radicale mais fera tout de même en sorte que Terre-Neuve aura le plus bas taux d'imposition des provinces Atlantique.....  
(Source: National Post) 
  
  


  
LE QL À RADIO-CANADA
    
          L'émission Le Point à la télévision de Radio-Canada présentait les 16, 17 et 18 novembre trois grands reportages sur la remise en question du modèle québécois d'interventionnisme étatique issu de la Révolution tranquille. Des artisans du QL, ainsi que Jean-Luc Migué de l'IEDM et le professeur Réjean Breton, étaient du nombre des personnes interviewées dans la troisième de ces émissions. Celle-ci est disponible en format RealPlayer sur le site de Radio-Canada, pour ceux qui l'auraient ratée ou pour nos lecteurs étrangers intéressés à la voir.  
 
 
 
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